A LA RECHERCHE D’UN PATRONYME
SOUDAINEMENT APPARU : GLOUTIER
Si il est aujourd’hui des généalogistes heureux ce sont bien ceux qui portent le patronyme Gloutier. En cherchant un peu, ils peuvent reconstituer toute une lignée agnatique descendante depuis le premier porteur du patronyme jusqu’à leur propre personne et ainsi se targuer, avec raison, de connaître toute leur famille !
En y regardant d’un peu plus près ce qui semble présomptueux, car il n’y a pas de génération spontanée, est tout à fait réalisable dans le cas d’un nom rare issu d’une déformation quelconque. Il n’est en effet plus à démontrer que des patronymes apparaissent et s’éteignent régulièrement, et que la répartition des naissances sur une période d’un siècle permet de mesurer la fréquence à laquelle un patronyme et porté mais aussi, pour les moins fréquents, d’en déterminer l’implantation originelle. Certains ouvrages ou sites Internet se sont spécialisés dans cette seule étude avec comme base de travail les recensements. Il a donc semblé intéressant de pousser les recherches plus en amont afin de voir quels étaient les différents rameaux existants à l’époque de la création des registres paroissiaux.
Implantation géographique des porteurs du patronyme
Aujourd’hui le nombre de Gloutier, abonnés au téléphone, se compte sur les doigts d’une seule main. Entre 1891 et 1990 il n’a été enregistré que 11 naissances pour ce patronyme avec comme lieu d’origine indiqué pour les plus anciennes la commune de Sarrey. Celles ci se répartissent comme suit :
-
- 4 naissances, toutes en Haute Marne
1916-1940 1 naissance en Haute Marne et 1 dans la Drôme
-
- 1 naissance dans la Drôme et 1 la Vienne
1966-1990 2 naissances dans l’Yonne et 1 en Haute Garonne
Pour l’ancien régime, les tables de mariages du Centre Généalogique de Haute Marne recensent 12 unions dans 5 communes ou Sarrey occupait déjà la place de tête, en nombre de mariages Gloutier et en antériorité. Cela semble donc être le berceau familial puisque la plus ancienne union retrouvée est celle de Marguerite Nicolle Gloutier qui épouse le 20 janvier 1698 Humbert Etienne. Elle a pour parents Claude Gloutier et sa femme Henriette Martin, marchands à Sarrey.
Les ancêtres de tous les Gloutier
Claude Gloutier meurt le 13 septembre 1720 à l’âge de 68 ans, et Henriette Martin est inhumée le 29 mars 1724 à 72 ans. Plusieurs enfants sont mentionnés au convoi du père : Jean, Nicolas et Jean Baptiste. Un des enfants s’est marié à Sarrey : Nicolas Gloutier qui épouse le 10 février 1722 Marie Madeleine Tresse.
L’examen des registres paroissiaux permet de reconstituer la famille comme suit :
Claude Gloutier, né vers 1652 et mort le 13/09/1720, épouse Henriette Martin, née vers 1652 et décédée le 29/03/1724. Dont
Jean qui semble être le plus jeune puisque né le 03/03/1699.
Nicolas né vers 1687, lieutenant de justice puis marchand, qui épouse le 10/02/1722 Marie Madeleine Tresse dont postérité.
Jean Baptiste, dont la vie est inconnue
Jeanne née le 07/09/1692
Marie née le 05/05/1690
Jeanne meurt le 27/02/1687 " âgée de 18 mois " d’après l’acte de décès
Colette née le 31/07/1687
Marguerite Nicolle qui épouse le 20 janvier 1698 Humbert Etienne
Des découvertes inattendues
Les registres paroissiaux étant lacunaires ou difficilement exploitables malgré la restauration effectuée sur le dépôt communal, qui contient beaucoup de fragments d’actes, la famille pourrait être considérée comme complète avec ses huit enfants. Seulement un examen approfondi de tous les actes de Sarrey révèle des découvertes inattendues. Ainsi le 05/03/1685 naît Jeanne fille de Claude Nicolle dit Gloutier et d’Henriette Martin ; puis le 07/07/1682 Jean de Claude Nicolle dit Gloutier et d’Henriette Martin. Au premier abord, on pourrait croire à deux couples distincts Claude Nicolle/Henriette Martin et Claude Gloutier/Henriette Martin. Cependant Il n’y a à Sarrey, ni en Haute Marne, aucun mariage d’enfants d’un couple Claude Nicolle/Henriette Martin. Nous sommes donc en présence d’un seul et unique couple dont le patronyme originel était NICOLLE et qui s’est progressivement transformé en GLOUTIER, tout d’abord par adjonction d’un surnom (Claude Nicolle dit Gloutier) , puis par substitution (Claude GLOUTIER) ; cette dernière s’est imposée vers 1685 allant jusqu’à remplacer définitivement le patronyme initial. Ainsi Marguerite Nicolle Gloutier qui épouse le 20 janvier 1698 Humbert Etienne a probablement été baptisée avec le seul prénom de Marguerite, Nicolle étant son patronyme. L’acte de naissance est malheureusement introuvable. On se rend toutefois compte de cette transformation patronymique avec le décès de Jeanne qui meurt le 27/02/1687 " âgée de 18 mois " fille " de Claude Gloutier " alors qu’elle a été baptisée le 05/02/1685 Jeanne fille " de Claude Nicolle dit Gloutier… ". D’autres découvertes sont possibles en dépouillant les notaires du secteur : Montigny le Roi, Dampierre, Neuilly l’Evêque….
Plusieurs interrogations subsistent
La question qui restera véritablement sans réponse certaine concerne les raisons pour lesquelles il y a eu substitution de patronyme. Osons toutefois une hypothèse : Sarrey tout comme beaucoup d’autres villages du Bassigny était totalement dépeuplé, dans les années 1645, à cause des guerres qui ravageaient la région depuis des décennies. Avec le retour de la paix, quelques nouvelles familles s’implantèrent incités en cela par des prêtres qui eux aussi s’installèrent ou revinrent dans le secteur. Parmi eux Etienne Mammès, curé de Sarrey de 1645 à 1681, qui a probablement marié Claude Nicolle avec Henriette Martin puis baptisé leur premier enfant Marguerite. Il décède en 1681 et est remplacé ponctuellement par deux prêtres non résidents, puis par François Maladière de Montécot qui vient à Sarrey en 1682. Celui ci qui est originaire de la région de Mussy l’Evêque ne connaît pas les familles du village et baptise tout d’abord en usant du nom et du surnom, puis substitue le patronyme originel par le sobriquet vers 1687, alors qu’il n’y a pas de risque d’homonymie puisque la famille Nicolle était la seule de ce nom à Sarrey. Contrairement à ce que prétend l’abbé Roussel, François Maladière de Montécot meurt le 31/03/1693 à Sarrey. Son successeur, ne connaissant pas plus les familles du lieu utilise alors définitivement le patronyme Gloutier dans tous les actes.
L’autre question fondamentale est celle de l’origine de ce patronyme qui est inconnu de Dauzat et de tous les spécialistes en onomastique et en anthroponymie. Là encore il faut se hasarder à donner une explication à ce qui pourrait être un dérivé d’un ancien verbe français utilisé dès le XIIIème siècle : gloutir qui signifiait alors avaler, engloutir et qui aurait pu se transformer en Gloutier. Peut être Claude Nicolle était il un marchand qui aimait faire bonne chère ou dont l’avidité en affaires lui aurait collé ce sobriquet ?
Le patronyme Gloutier n’est certainement pas le seul à être apparu de manière inopinée dans les registres paroissiaux de Haute Marne. Si vous en avez rencontré d’autres au cours de vos recherches, merci de les communiquer au Centre Généalogique avec les sources d’archives correspondantes. Ils peuvent être utiles à ceux qui bloquent parfois sur leur ascendance ou qui veulent compléter leur quête en matière d’histoire familiale. A eux, après, de se faire une opinion sur les origines de leur patronyme.
Didier DESNOUVAUX
Créez votre adresse électronique prenom.nom@laposte.net
1 Go d'espace de stockage, anti-spam et anti-virus intégrés.
Alexis GLOUTIER
RépondreSupprimer(Ninville, 28 février 1758 – Gizeh, 6 floréal an VIII)
Il fut administrateur de la Palestine, emploi dont l’échec devant Saint Jean d’Acre fit une sinécure, puis devint administrateur des finances à la place de Poussielgue, et est nommé membre de l’Institut dans la section économie le 22 août 1798. Le lendemain, 6 fructidor an VI à six heures du matin, l’Institut tient sa première séance sous la présidence de Bonaparte, au cours de laquelle le bureau est formé et où des commissaires sont nommés pour procéder aux premières études. L’équipe composée de Berthollet, Costaz, Desgenettes, Malus et Gloutier, devra apporter une réponse à la question suivante émise par Napoléon: « Quelle est la production qui pourrait remplacer le houblon pour faire la bière ? ». Le 16 vendémiaire an VII (7 octobre 1798), Alexis Gloutier fait partie d’une nouvelle commission chargée d’étudier les améliorations à apporter concernant les divers genres de culture, puis est amené à réfléchir le 26 frimaire suivant sur les ousis. Chargé d'explorer le pays, sous le rapport scientifique, il recevait ses ordres directement du général Kleber. On en trouve quelques exemples dans l’ouvrage « Kléber et Menou en Egypte depuis le départ de Bonaparte (août 1799-septembre 1801) » documents publiés pour la Société d'histoire contemporaine par François Rousseau. Il fut particulière-ment distingué par le général Bonaparte, ainsi que le rappelle le Moniteur Universel qui annonce son décès dans ses numéros des 21 et 30 fructidor an VIII. « Le citoyen Gloutier, administrateur général des finances et membre de l’Institut d’Egypte est mort à Gizeh, le 6 floréal an VIII (26 avril 1800) regretté de tous ceux qui l’ont connu dans les différentes parties de l’économie politique ». « Ayant fait beaucoup de recherches sur les antiquités, l’histoire et l’état actuel de l’Egypte… », la famille de Gloutier remit à la com-mission chargée de publier les travaux de l'Institut de nombreux manuscrits rédigés par l’économiste.