mercredi 1 septembre 2010

Un grand résistant langrois

Marius Véchambre

Il y a  67 ans explosait la poudrière de Langres. Le sabotage eut lieu en septembre 1943 et fut saluée par Radio Londres comme étant l'un des plus grands exploits de la résistance française, aucune victime nationale n'étant à déplorer. Quelques jours après Marius Véchambre responsable de la résistance locale était arrêté par la Gestapo et déporté successivement à Buchenvald puis à Flossenburg. Il ne reverra jamais sa famille.  Il a laissé son nom à une promenade sur le chemin de ronde des remparts ainsi qu'à une rue
Dans la plupart des ouvrages traitant de cet évènement, on le fait naître à Langres en 1902. Or les registres d'état civil ne comportent pas sa naissance, pas plus que ceux du département d'ailleurs.

Marius Véchambre est le fils de Valentin Véchambre et de Marie Maupin. Son père fut maire de Langres de 1932 à 1935 et il réalisa, entre autres choses, l'électrification de la crémaillère à vapeur qui reliait la gare, en contrebas, aux remparts de la cité. Il décéda en 1939 et les habitants donnèrent alors à leur moyen de transport le surnom de Valentine, qui sera remplacé par celui de Zouille toujours présent dans la mémoire des habitants. Valentin Véchambre avait fait carrière dans les finances de la ville de Langres. Comme il était natif de Dampierre et qu'il a eu une fille née dans la cité épiscopale, le lieu de naissance de Marius Véchambre était évident. Seulement, Valentin Véchambre avait épousé le 25 juillet 1892 une fille de Prangey, Marie Marguerite Maupin. Dans cet acte de mariage, on y apprend que Valentin Véchambre était fondé de pouvoir à la recette des finances de Hazebrouck (59). Une première fille naîtra à Prangey en 1893. Puis Valentin Véchambre ira à Corbeil Essonnes en 1897 et c'est dans cette commune que naîtront deux garçons dont Marius MichelThéophile le 29 septembre 1902. Quelques mois plus tard, grâce à l'aide financière de sa famille, Valentin Véchambre reviendra dans sa région d'origine pour s'installer comme receveur municipal à Langres. Marius Véchambre est donc issu d'une famille radicale, petite bourgeoise mais fermement attachée aux principes laïques, quelque peu anticléricale à l'honneur sous la troisième république.
Marius Véchambre se lancera dans le journalisme et s'inscrira aux barreaux de langres et de Chaumont comme avocat. Rédacteur en chef du Spectateur de l'Est, puis du Petit Haut-Marnais, il s'intéresse tout naturellement à la politique locale quand la guerre éclate. Il est alors mobilisé comme intendant dans le secteur militaire d'Altkirch et combat en juin 1940 dans les montagnes vosgiennes, où il est fait prisonnier à Gérardmer avant d'être emprisonné Outre-Rhin. Il est finalement libéré pour raison médicale en août 1941 et revient à Langres, 6 rue château du Mont, où il commence à tisser un réseau de résistance dont l'action principale sera le sabotage de la poudrière de Langres le 13 septembre 1943 avec comme couverture sa profession d'avocat. Arrêté par la gestapo le  25 octobre (soit sur indiscrétion, soit parce que les allemands ont trouvé son nom à l'intérieur du paquet de cigarette d'un résistant) il est emprisonné à Chaumont puis incarcéré à Chalons sur Marne le 17 décembre, et transféré en camp à Compiègne le 17 janvier 1944. Dans le train qui l'emmenait à Buchenwald éclate une bagarre entre déportés. Il prend un mauvais coup et perdra la mémoire. Amnésique il se retrouve au block 59 à Buckenwald avec Fernand Wiszner et Léon Jeangirard. Marius Véchambre qui faisait partie du groupe des "transports" est ensuite transféré à Flossenbürg où il effectue des opérations de déminage après les bombardements. Il y est présumé décédé le 12 mars 1944.  (Journal Officiel N°157 du 08/07/2001). Il sera décoré à titre posthume de la Croix de Guerre et de la Légion d 'Honneur. Ces décorations seront remises à son épouse Léa Bertrand.
Il reste à lever un mystère: Marius Véchambre est-il réellement mort à Folssenbürg? En effet, son nom et son adresse langroise figurent sur la liste des prisonnier du stalag IID d'Arnswalde (Choszczno en Pologne), et il semble ne pas y être décédé. Y a-t-il été interné entre son incarcération de Buckenwald et celle de Flossenbürg ? Tout renseignement sera le bienvenu.



Sources:
Archives Départementales de Haute Marne: Etat Civil de Dampierre, Langres, Prangey
Guéniot: Le Haut du pavé. Langres à travers ses rues
Chirol: Des haut-marnais déportés et internés. Club Mémoires 52.

Site internet du Club Mémoires 52
Wiszner: De la Marne au Danube par Buchenwald la maudite.
Archives privées