lundi 22 juin 2009

de Musset Alfred ancêtres haut-marnais

Au pays de ses ancêtres

En ce jour de juin 1814 une rumeur se propage, accompagnant sur son passage la chaise de poste à la portière de laquelle une tête blonde de quatre ans admire le paysage. Quelques lieues plus loin, il y eut « une émeute dans un village, où l’on s’arrêta pour changer de chevaux, et l’on eut quelque peine à se tirer des mains des champenois, persuadés qu’ils avaient sous les yeux le fils du grand exilé de l’Ile d’Elbe ». Quel pouvait donc bien être ce curieux équipage, et où allait il donc ? La fuite de Varennes était encore dans toutes les mémoires, et Napoléon était déjà venu par ici. Alors pourquoi l’histoire ne se répèterait elle pas ?
Les passagers déclinèrent bientôt leurs identités et répondirent qu’ils se rendaient à Joinville pour assister au mariage d’une de leurs cousines le 14 juillet prochain. L’enfant en profiterait pour voir ou revoir sa marraine et tante, Catherine Christine GUYOT épouse de Antoine Auguste LAURENT.
Ce voyage en Haute Marne a-t-il marqué Alfred de MUSSET car c’était lui le jeune enfant de quatre ans? Nul ne le sait. Seul son frère Paul auquel il a été emprunté la narration de cette émeute, alors qu’il n’était pas témoin puisque resté à Paris, mentionne ce séjour à Joinville. Mais probablement, parce que Joinville c’était aussi la ville natale de leur grand père.

Le 14 juillet 1814 eut donc lieu à Joinville le mariage de Adolphe Louis de MUSSET-SIGNAC, né le 29 septembre 1791 à Vendôme (41), inspecteur des Eaux et Forêts, avec Marie Ursule Caroline de SALLIGNY, née le 25 février 1797 à Joinville. Les deux conjoints étaient des cousins lointains du futur poète Alfred de MUSSET. Le marié lui était apparenté du côté de son père, et son épouse du côté de sa mère.
Parenté paternelle :
1 Charles Antoine de MUSSET, 1677 - 1732, lieutenant au régiment Royal Infanterie, capitaine au régiment de Lautrec dragons. Marié en 1707 avec Marguerite Angélique du BELLAY, née en 1680, décédée en 1753, dont :
Première branche :
11 Louis François de MUSSET, né le 16 janvier 1709 à La Bonaventure (Mazangé 41) décédé le 14 février 1771 à Cogners 72, capitaine au régiment de grenadiers de Chartres.
Marié le 7 février 1746 avec Claude Angélique de MENOU, née vers 1713, décédée le 27 février 1750 à Mazangé 41 dont
111 Charles Joseph Louis le chevalier de Musset, né le 25 novembre 1760 à Mazangé (41) tué le 20 février 1790, à Peillac (56), page de la Petite Écurie, major de l'armée royale de l'Ouest.
Marié le 3 juin 1788 à Vendôme (41), avec Marie Émilie COMPAIGNON de FLOSVILLE, née le 8 novembre 1768 à Vendôme, décédée le 28 juillet 1798 à Chartres (28) dont
1111 Adolphe Louis de MUSSET-SIGNAC, né le 29 septembre 1791 à Vendôme, décédé le 24 décembre 1866, à Manou (28), inspecteur des Eaux et Forêts.
Marié le 14 juillet 1814 à Joinville avec Marie Ursule Caroline de SALLIGNY, née le 25 février 1797 à Joinville, décédée le 20 mai 1872 à Manou (28).
Seconde branche
12 Joseph Alexandre de MUSSET, né le 4 avril 1719 à la Bonaventure (Mazangé 41), décédé le 20 octobre 1799 à Vendôme (41), major du régiment de Chartres.
Marié le 26 novembre 1754 à Lunay (41), avec Jeanne Catherine de BESNARD d'ARVILLE, née vers 1734, décédée le 25 février 1800 à Vendôme, dont
121 Victor Donatien de MUSSET, né le 5 juin 1768 à Lunay (41), décédé le 8 avril 1832 à Paris (10ème), littérateur, chef de cabinet du ministre de la guerre, décéda du choléra.
Marié le 10 juillet 1801 à Paris (12ème), avec Edmée Claudette GUYOT des HERBIERS, née le 14 avril 1780, Paris (paroisse St Benoît), décédée le 11 février 1864 à Angers (49), dont
1211 Paul Edme de MUSSET, né le 7 novembre 1804 à Paris (12ème), décédé le 17 mai 1880 à Paris (1er), écrivain.
Marié le 23 mai 1861 à Paris (8ème), avec Aimée Irène d'ALTON-SHÉE, née le 30 septembre 1811 à Hambourg (Allemagne), décédée le 30 novembre 1881 à Paris (9ème).
1212 Alfred de MUSSET, né le 11 décembre 1810 à Paris (12ème), décédé le 2 mai 1857 à Paris (1er), poète, membre de l'Académie française, sans descendance.
1213 Charlotte Hermine Amélie de MUSSET, née le 1er novembre 1819 à Paris (11ème), décédée le 1er janvier 1905 à Paris (8ème). Mariée le 13 avril 1846 à Paris (10ème) avec Thimoléon Désiré LARDIN, 1807–1855 conseiller à la cour d'Angers, préfet de Tours

Parenté maternelle :
1) Raoul GUYOT, né en octobre 1485 à Tours (37), décédé le 22 décembre 1533 à Paris (à l'âge de 48 ans).
Marié avec Nyelle DE CHARMEAUX, née en 1485 à Paris, dont
2) Claude GUYOT DE CHARMEAUX, né le 31 mars 1507 à Paris,75000, décédé le 12 mars 1576 à Paris.
Marié avec ? dont
3) Anthoyne GUYOT, né le 25 août 1549 à Paris, décédé le 9 septembre 1602 à Paris. Marié avec Claude JOFFRAIN, née en 1553 à Paris, dont
4) Edmé.
Marié le 3 novembre 1615 à Joinville, avec Jeanne LE LARGE, née en 1592 à Joinville, dont
5) Louis GUYOT, né le 13 septembre 1634 à Joinville, décédé le 3 avril 1703 à Joinville. Marié le 22 avril 1671 à Joinville avec Christine BARON, née en 1642 à Joinville, dont
6) Nicolas GUYOT , président en l’élection, né le 26 janvier 1672 à Joinville, décédé le 24 octobre 1736 à Joinville. Marié le 19 février 1703 à Joinville avec Anne TARDIF, née en 1680 à Joinville. Dont :
7)Prudent Nicolas GUYOT, écuyer, conseiller du roi, procureur du roi et contrôleur ordinaire des guerres, né le 18 juin 1704 à Joinville, décédé le 11 décembre 1778 à Joinville, épouse le 5 février 1738 à Prez sur Marne Catherine GUERIN DESHERBIERS de la ROCHEPALIERE, née en 1708 à Châlons sur Marne, morte le 26 octobre 1752 à Joinville Elle lui donne 9 enfants parmi lesquels :
Première branche :
8-1 François Antoine GUYOT de MENISSON né à Joinville le 26 avril 1750 mort le 19 janvier 1832 à Mathons où il a épousé le 06 novembre 1775 Marie Ursule Catherine GENY dont :
9-1 Clémence Prudence GUYOT de MENISSON, née le 08 août 1776 épouse le 16 mars 1795 à Joinville Charles Augustin de SALLIGNY directeur de l’hôpital militaire de l’armée du Rhin, futur inspecteur des forêts du domaine privé du roi, d’où :
10-1 Marie Ursule Caroline GUYOT de MENISSON née le 25 février 1797 à Joinville, morte le 20 mai 1872 à Manou (28) qui épouse le 14 Juillet 1814 à Joinville Adolphe Louis de MUSSET-SIGNAC (1791-1866)
Deuxième Branche :
8-2 Claude Antoine GUYOT DESHERBIERS né le 20 mai 1745 à Joinville, épouse à Paris le 22 octobre 1777 Anne Marie dite Nanine DARET, dont
Edmée Charlotte GUYOT DESHERBIERS 1780-1864, épouse de Victor Donatien De MUSSET
D’où :
Alfred de MUSSET 1810-1857
Troisième branche :
8-3 Catherine Christine GUYOT née en 1743, épouse en 1785 à Joinville Antoine Auguste LAURENT. Marraine du poète Alfred de MUSSET.

Ce mariage avait été voulu et arrangé par les parents d’Alfred de MUSSET : « notre père cherchait une femme pour un de ses cousins, et notre mère avait une cousine charmante à marier ».

Un grand père haut marnais
Parlant de sa propre famille, Paul de Musset affirmait que « Les détails qui précèdent s’adressent aux personnes curieuses de généalogie et de blasons ; en voici d’autres pour les gens qui s’intéressent aux lois mystérieuses de la transmission héréditaire. La nature ne réussit à produire un homme de génie que par un concours extraordinaire de circonstances. Les savants ont constaté qu’une seule personne intelligente suffisait pour retarder de trois générations la marche de l’idiotisme dans une famille d’imbéciles ; selon toute apparence il ne faut non plus que l’introduction d’une femme bornée, dans une famille de gens d’esprit, pour y abaisser les facultés intellectuelles de trois générations. Ce sont des observations dont on ne tient pas assez compte en se mariant. Le grand père maternel d’Alfred de Musset racontait qu’il s’était dit, à la troisième rencontre avec la personne qu’il a épousée : «voici la femme qu’il me faut, » et qu’un mois avant son mariage, il ne savait encore ni quelle dot elle recevrait ni quelle fortune avait ses parents ; mais ce grand père était un original, un caractère d’une simplicité antique, un esprit charmant, et, de plus, un poète ».
Claude Antoine GUYOT DESHERBIERS naît le 20 mai 1745 à Joinville. Il épouse à Paris le 22 octobre 1777 Anne Marie dite Nanine DARET. « Claude Antoine Guyot-Desherbiers, d’une ancienne famille de Champagne, vint à Paris étudier le droit sous le règne de Louis XV. Il se fit recevoir avocat, et entra ensuite dans la magistrature. Pendant le mouvement précurseur de la Révolution, il devint l’ami de l’abbé Morellet, de M.Suard, du savant Cabanis, de l’astronome Lalande, de Merlin de Douai, de Barras et de quelques autres personnages aux mains desquels le pouvoir devait bientôt tomber. La journée du 10 août ayant renversé le siège de juge qu’il occupait, M.Guyot-Desherbiers demeura dans la retraite jusqu’à la chute de Robespierre. Après le 9 thermidor, il fut nommé directeur du Comité de législation civile. Dans cette position il usa de son crédit pour dérober quelques têtes à l’échafaud….. ». Il était « doué d’une mémoire prodigieuse ; dans un âge fort avancé, il s’amusait à réciter des comédies entières, jouant tous les rôles avec une verve et un talent qui faisaient le bonheur de son entourage, et surtout de ses petits enfants.… » « le sens poétique de notre grand père ne s’est manifesté que par caprice ; mais ce qui distinguait surtout monsieur Desherbiers, c’était une gaieté gauloise, une manière pittoresque de dire toutes choses qui donnait un grand charme à sa conversation. Ce tour d’esprit original se retrouve dans les comédies de son petit fils, notamment dans les rôles de Fantasio, de Valentin et de l’Octave des Caprices de Marianne ».

Pas plus les mémoires de Paul de Musset que les écrits d’Alfred ne parlent d’autre voyage en Haute Marne. Leur cousin ayant quitté le département quelques années après son mariage pour des raisons professionnelles; leur grand père étant mort alors qu’Alfred avait tout juste dix huit ans et commençait à publier ses premiers écrits, il est fort probable que leurs racines provinciales n’étaient qu’un souvenir parmi tant d’autres, d’autant plus qu’Alfred aurait pu faire un détour lors de son séjour dans les Vosges, en 1845, où ses pérégrinations à Mirecourt, Epinal, Remiremont et Plombières lui ont inspiré le poème intitulé « Ballade à la lune ». Il ne parlera pas plus de son grand père, si ce n’est dans son discours de réception à l’académie française où il évoque son « aïeul maternel, M. Guyot-Desherbiers » qui était l’ami « du président Dupaty » à la place duquel il siégeait désormais parmi les immortels.

Didier DESNOUVAUX


Sources :
Paul de Musset : Biographie d'Alfred de Musset. Paris, Alphonse Lemerre, s.d
Cahiers Haut Marnais numéro 34-35 de 1953
Le Correspondant, journal daté du 10 mars 1910 qui rapporte deux lettres d’Alfred de Musset, à son ami Alfred Tattet, relatant son séjour vosgien.
Réception de M. Alfred de Musset: discours prononcé dans la séance publique le jeudi 27 mai 1852.
Viard : Grands notables du premier empire. Tome 7. 1981.



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