... ou, la vie chaumontaise de Nicolas Paris.
En novembre 2011 j'ai raconté comment Nicolas Paris qui se prenait pour le futur empereur de l'Empire Céleste fut arrêté dans sa conquête du pays et mis sur un navire en partance pour Chaumont (voir sur ce site). De retour dans la cité préfecture, sa notoriété dépassa alors largement celle de la rue Laloy. Toute la bonne société chaumontaise connaîtra celui qui se faisait appeler l'Empereur de Chine puisqu'il mourra dans sa ville natale en janvier 1916.
Suite à son retour il continua à vivre dans sa maison rue Laloy tout d'abord avec sa mère puis en indivision avec sa sœur. Il exerçait la modeste profession de chiffonnier. Mais l'Empereur ne daignait pas payer sa contribution foncière. Comment osait-on lui réclamer un quelconque impôt pour un modeste palais que la gendarmerie ne protégeait même pas puisqu'il se passait rarement un mois sans qu'il doive faire une déposition pour vol, étant sans cesse pillé! Citons pèle mêle: l'annuaire général de l'épicerie, un itinéraire du nord-est de la France, des cartes, des moulins à café, des chiffons, des boites en fer blanc… Arrêtons là cet inventaire à la Prévert fruit d'un esprit tourmenté. L'administration fiscale, voulant recouvrir l'impôt foncier, ne l'entendit pas ainsi puisqu'elle finit par saisir ses biens, et l'expulsa pour mettre en vente la maison. Que dis je? Le palais impérial. Et comme la vente rapporta plus que la dette, l'administration, dans sa haute bienveillance, voulu donner le reliquat à Nicolas Paris qui le refusa tout net. Comment, lui l'Empereur de Chine pouvait-il accepter l'argent de la spoliation et se laisser ainsi corrompre par des gens bien peu reconnaissants eu égard à sa haute fonction ! L'argent resta en dépôt à la Caisse des Consignations jusqu'à sa mort. Nicolas Paris chercha autour de Chaumont un territoire à sa mesure, vaste, et sur lequel il pourrait entreposer le fruit de ses fouilles.
Il le trouva bientôt au dessus de Brottes. Des caisses se transformèrent bientôt en trône, et le lieu en un fort de planches, de ferrailles de ronces et de détritus, d'un bon mètre de haut, destinés à protéger son royaume imaginaire. Si la cloche était son état, la mendicité l'aurait rabaissé. A tel point que lorsqu'il trouvait une piécette dans les rues chaumontaises il allait la rapporter au commissariat. Eh non, l'Empereur ne demande pas la charité ! Comme il n'acceptait pas ce qu'on lui offrait. Tout juste disait-il à son généreux donateur de mettre l'objet dans la poubelle, afin qu'il puisse juger au moment de sa tournée de ramassage s'il devait le prendre ou non.
Ainsi vécut et finit Nicolas Paris, dont le patronyme avait été oublié au profit de son "titre" d'Empereur de Chine. Les légendes coururent à son sujet: il aurait travaillé à la librairie Hachette avant de faire le voyage de sa vie. Il se serait engagé dans la Légion étrangère. Il aurait été emprisonné dans le pays de l'Empire Céleste…. Rien de tout cela comme nous l'avons vu.
"Un souverain instruit dans la voie du Tao renonce à conquérir le monde par la force. Car il sait qu'à l'attaque succède la riposte. Là où sont passées les armées ne restent que des ruines et ne poussent que des ronces. Les grandes guerres amènent des années de disette. C'est pourquoi l'homme éclairé se montre résolu sans tomber dans l'excès." Lao Tseu
Sources: Robert Colin. Garance et bleu horizon.
En novembre 2011 j'ai raconté comment Nicolas Paris qui se prenait pour le futur empereur de l'Empire Céleste fut arrêté dans sa conquête du pays et mis sur un navire en partance pour Chaumont (voir sur ce site). De retour dans la cité préfecture, sa notoriété dépassa alors largement celle de la rue Laloy. Toute la bonne société chaumontaise connaîtra celui qui se faisait appeler l'Empereur de Chine puisqu'il mourra dans sa ville natale en janvier 1916.
Suite à son retour il continua à vivre dans sa maison rue Laloy tout d'abord avec sa mère puis en indivision avec sa sœur. Il exerçait la modeste profession de chiffonnier. Mais l'Empereur ne daignait pas payer sa contribution foncière. Comment osait-on lui réclamer un quelconque impôt pour un modeste palais que la gendarmerie ne protégeait même pas puisqu'il se passait rarement un mois sans qu'il doive faire une déposition pour vol, étant sans cesse pillé! Citons pèle mêle: l'annuaire général de l'épicerie, un itinéraire du nord-est de la France, des cartes, des moulins à café, des chiffons, des boites en fer blanc… Arrêtons là cet inventaire à la Prévert fruit d'un esprit tourmenté. L'administration fiscale, voulant recouvrir l'impôt foncier, ne l'entendit pas ainsi puisqu'elle finit par saisir ses biens, et l'expulsa pour mettre en vente la maison. Que dis je? Le palais impérial. Et comme la vente rapporta plus que la dette, l'administration, dans sa haute bienveillance, voulu donner le reliquat à Nicolas Paris qui le refusa tout net. Comment, lui l'Empereur de Chine pouvait-il accepter l'argent de la spoliation et se laisser ainsi corrompre par des gens bien peu reconnaissants eu égard à sa haute fonction ! L'argent resta en dépôt à la Caisse des Consignations jusqu'à sa mort. Nicolas Paris chercha autour de Chaumont un territoire à sa mesure, vaste, et sur lequel il pourrait entreposer le fruit de ses fouilles.
Il le trouva bientôt au dessus de Brottes. Des caisses se transformèrent bientôt en trône, et le lieu en un fort de planches, de ferrailles de ronces et de détritus, d'un bon mètre de haut, destinés à protéger son royaume imaginaire. Si la cloche était son état, la mendicité l'aurait rabaissé. A tel point que lorsqu'il trouvait une piécette dans les rues chaumontaises il allait la rapporter au commissariat. Eh non, l'Empereur ne demande pas la charité ! Comme il n'acceptait pas ce qu'on lui offrait. Tout juste disait-il à son généreux donateur de mettre l'objet dans la poubelle, afin qu'il puisse juger au moment de sa tournée de ramassage s'il devait le prendre ou non.
Ainsi vécut et finit Nicolas Paris, dont le patronyme avait été oublié au profit de son "titre" d'Empereur de Chine. Les légendes coururent à son sujet: il aurait travaillé à la librairie Hachette avant de faire le voyage de sa vie. Il se serait engagé dans la Légion étrangère. Il aurait été emprisonné dans le pays de l'Empire Céleste…. Rien de tout cela comme nous l'avons vu.
"Un souverain instruit dans la voie du Tao renonce à conquérir le monde par la force. Car il sait qu'à l'attaque succède la riposte. Là où sont passées les armées ne restent que des ruines et ne poussent que des ronces. Les grandes guerres amènent des années de disette. C'est pourquoi l'homme éclairé se montre résolu sans tomber dans l'excès." Lao Tseu
Sources: Robert Colin. Garance et bleu horizon.