Le 4 septembre 1870 en pleine débâcle, un enfant du pays est nommé sous préfet à Langres. Charles Ernest Théodat Guignet, ancien élève de l’école Polytechnique[1], est né le 18 janvier 1829 à Giey sur Aujon. Fils de François Guignet[2] fondateur de la célèbre fabrique de porcelaines de Giey et de Marie Charlotte Faipoux[3] descendante d’une famille de colons de Saint Domingue, il obtient une bourse d’études pour les années 1849-50 et 1850-51 pendant lesquelles il fréquente l’X, d’où il sortira 62ème sur les 99 élèves de sa promotion[4]. Domicilié d’abord à Versailles, 26 rue Saint Antoine, il exercera en premier lieu la profession d’aide préparateur au laboratoire de Polytechnique puis de répétiteur adjoint, et ce jusqu’en 1854, puis simultanément les fonctions de directeur de la manufacture des Gobelins et de répétiteur de physique, toujours à l’X[5] tout en entreprenant des recherches sur les couleurs et ses applications dans la chimie industrielle. Ses travaux sur l’oxyde vert de chrome, dit vert Guignet[6], contribueront au développement de l’industrie des tissus imprimés et des papiers peints et lui vaudront le prix Monthyon, décerné par l’Académie des Sciences, d’une valeur de 2500 francs. Tenté par la culture en terrains d ficiles, il créera alors dans son village natal, un magnifique jardin potager et deux belles fermes, où il introduisit les méthodes les plus perfectionnées dans l’espoir d’améliorer l’agriculture en région montagneuse[7]. N’oubliant pas la devise de son école, « pour la patrie, la science et la gloire », et son statut militaire, Ernest Guignet se présente spontanément, pendant l’été 1870, à l’autorité militaire langroise pour prendre part aux travaux de restauration, de terrassement et de fort ication de la ville et de ses alentours[8]. Les portes des Moulins et de Saint Didier viennent d’être reconstruites et aménagées avec des ponts-levis, les forts reliés par des chemins stratégiques sont en construction et on rajoute des batteries dans les intervalles. Les recrues sont en cours d’instruction, parfois sans armes et avec peu d’habillement. Telle est la situation lors de la chute de l’Empire, le 4 septembre. C’est aussi la date à laquelle Ernest Guignet est nommé sous-préfet de Langres[9]. Tâche délicate, puisqu’il devait à la fois satisfaire l’autorité militaire, à laquelle il était soumis, et ne pas délaisser la population civile. On stocke des produits de première nécessité dans les églises, tout en transformant la sous préfecture en atelier d’armement. Pour palier aux manques, il autorise la création d’une monnaie obsidionale, tout d’abord sous forme de bons en papier allant de 10 à 50 francs puis de jetons en carton pour remplacer les pièces de plus faible valeur. Il organise également une grande souscription destinée à fournir des vêtements aux troupes qui n’avaient reçu qu’un bien maigre paquetage ne permettant pas de les garantir des froideurs de l’hiver. A partir du mois de décembre il fait fonction de préfet de Haute-Marne puisque le titulaire s’est réfugié à … Langres, et grâce à un arrêté judicieux fait cesser les désertions de militaires[10] qui rejoignirent leurs corps d’origine. Simultanément il organise un véritable réseau de volontaires qui parcourent les départements alentours pour aller chercher marchandises et renseignements qu’ils firent passer au nez et à la barbe des troupes ennemies. Puis arriva l’armistice avec la chasse aux sorcières qui s’en suivit et l’incurie dont furent accusés certains fonctionnaires peu scrupuleux[11]. Le gouvernement de Thiers lui proposa une nouvelle sous préfecture, mais fidèle à son engagement initial[12] il retourne à la vie civile, plébiscité par l’ensemble des professeurs de Polytechnique pour continuer ses travaux de découverte et de vulgarisation de la science par des cours publics. Il y sera encore répétiteur, mais de chimie cette fois, pendant trois années, puis partira à Rio de Janeiro de 1874 à 1878 pour enseigner la physique à l’X de cette ville. De retour en France, il prendra la direction de la station agronomique de la Somme et y restera jusqu’en 1880, puis se consacrera essentiellement à l’écriture dans des domaines très variés ainsi que le montre la liste de ses ouvrages et rapports d’expertises suivants[13] : * Composition chimique et formation des couches de la grande oolithe et du forest-marble en Haute Marne. 1869[14] * Recherches sur la composition chimique du vert de Chine (Iokao) 1872 * Cour d'appel de Nancy. Affaire E. Boucher et Cie... contre Godin... Arrêt de la Cour de Nancy ordonnant l'expertise. Rapport des experts [Aimé Girard, Barbedienne et Guignet] 1874 * Émaillage de la fonte de fer par les procédés de M. Godin. Contrefaçon de brevet. 1874. * Épaillage chimique des laines et tissus. Affaire Veuve Joly contre les héritiers Frezon. 1876 * Département de la Somme. Station agronomique... Instructions sur la valeur des engrais. Analyses et essais effectués par la station agronomique 1880 * Mise en valeur des mauvais terrains de la Somme par les plantations d'arbres résineux 1881 * Les Couleurs 1889[15] * Rapport sur la viande sèche conservée à l'air libre, procédé Grognet. 1889 * Fabrication des verres rouges pour vitraux (XIIe et XIIIe siècles), 1889 * Rapport sur la soie art icielle découverte par M. le Comte de Chardonnet 1892 * Industries textiles. Blanchiment et apprêts, teinture et impression, matières colorantes 1895 * La céramique ancienne et moderne 1899 A partir de 1884, il sera également chargé de cours au Muséum d’Histoire Naturelle et assurera le cours de chimie de monsieur Chevreul, doyen des savants de France[16], jusqu’en 1889. Lauréat de diverses sociétés et titulaires de plusieurs prix[17],il fut considéré par certains comme le plus grand chimiste du XIXème siècle. S’il ne le fut pas, il marqua toutefois son époque avant d’être totalement oublié des dictionnaires, des biographies et de la population haut-marnaise. Notes: [1] Grâce à son dossier scolaire, on connaît sa description physique : Cheveux châtains - Front découvert - Nez long - Yeux roux - Bouche moyenne - Menton rond - Visage ovale - Taille 179 -
[2] François Guignet, né le 4 octobre 1771 à Flacey entre Vaux sous Aubigny et Dijon. Cet homme, chimiste de talent, est le condisciple de Napoléon Bonaparte à l'école de Brienne. Fournisseur en bois de la marine impériale, il achète des forêts dans la région et habite le château de Beauvoisin. C'est un entrepreneur important toujours à l'affût de capitaux et créateur, à l'aide d'associés, de plusieurs sociétés.
[3] Charlotte Faipoux, née à Philadelphie le 27 septembre 1794, est la fille du premier régisseur de la fabrique de porcelaine de Giey sur Aujon.
[4] Selon Abel Delanne (la porcelaine de Giey sur Aujon, in mémoires de la SHAL), il aurait démissionné de l’école Polytechnique « en 1851 pour se livrer à l’étude de la chimie » ; ce qui semble peu probable car il n’aurait pas été classé 20ème dans le génie militaire et 62ème en général ainsi que le fait ressortir son dossier scolaire.
[5] Comme il était licencié es sciences mathématiques et de physique, il fut nommé répétiteur de physique à partir de 1854 et ce jusqu’en 1874. Il était également professeur de physique chimie à l’institut Barbet ainsi qu’à Sainte Barbe, et examinateur à Stanislas.
[6] Invention qui est parfois attribuée à son père, également chimiste qui avait travaillé sur les couleurs ainsi que sur les dorures qu’il appliqua sur ses productions et qui passent pour être supérieures à celles de la porcelaine de Sèvres. C’est cependant Ernest Guignet qui grâce à sa découverte supprima l’emploi des verts d’arsenic et de cuivre dans un grand nombre d’industries.
[7] Selon Delanne, op cité, il aurait « démissionné en 1864 afin de suivre des travaux de chimie agricole dans un laboratoire particulier » où il aurait formé plusieurs élèves.
[8] Cet engagement dans le génie militaire correspond à sa formation à l’X puisqu’il sortira de cette branche classé 20ème.
[9] Il prendra ses fonctions le 13 septembre 1870 pour les achever le 26 mars 1871, date de son remplacement. ADHM 4M1.
[10] Militaires qui avaient quitté leurs régiments à cause du froid et des maladies qui sévissaient.
[11] C’est probablement ce qu’on reprocha en vain à Guignet, puisque Cavaniol dit de lui qu’ « il a répondu aux attaques violentes dont il a été l’objet, de façon a mettre le bon droit et même les rieurs de son côté. » avec un « style serré et incis ».
[12] Il avait accepté le poste de sous préfet uniquement pour la période de la guerre.
[13] Liste non exhaustive
[14] ADHM bibliothèque Barotte 662
[15] Le Petit Champenois du 24 mai 1890 décrit l’utilité de ce livre dans la vie quotidienne et l’aisance de sa lecture grâce à la fluidité du style employé par son auteur.
[16] Eugène Cheuvreul (1786-1889). In le mot d’ordre du 5 mai 1884. ADHM 7J45.
[17] Delanne cite la Société d’encouragement de l’Industrie Nationale, la Société Industrielle de Mulhouse, et celle d’Amiens et surtout l’Institut avec le prix Monthyon.
Sources : Dossier Guignet à l’école Polytechnique. Site internet de la Bibliothèque Nationale de France. Cahiers Haut Marnais numéros 103-105-106 et 121. Mémoires de la Société Historique et Archéologique de Langres tome 4 : la porcelaine de Giey sur Aujon pages 259 et suivantes. Delanne 1929. L’invasion de 1870-1871 dans la Haute-Marne. H.Cavaniol Chaumont 1873. Histoire de Langres, la vie d’une cité. Flammarion, Guyard, Journaux, May, Viard. Guéniot 1986
Claude Edouard Dimey naît le 13 juin 1826 à Mennouveaux dans le foyer de Claude Dimey[1], sous lieutenant retraité, et d'Elisabeth Coutrey[2]. Son père est originaire de Lanques sur Rognon et sa mère d'Ageville où ils se sont mariés le 5 janvier 1818. Ils sont implantés dans le Bassigny depuis plusieurs générations et rien ne prédisposait le petit Edouard à quitter le diocèse dans lequel il se destinait à l'état ecclésiastique. Dans ce but il a fait ses études au petit puis au grand séminaire de Langres qu'il a quitté en 1847 dans des circonstances peu communes. C'était un excellent élève estimé et aimé de ses maîtres. Parmi ceux ci Paul Chantôme [3], un ancien professeur de philosophie du grand séminaire. Celui ci avait fondé une maison d’éducation pour les jeunes filles à Cuves [4], où il exerçait alors ses fonctions pastorales. En 1842 il avait obtenu l’autorisation de quitter le diocèse pour se rendre à Paris où il voulait fonder une congrégation missionnaire. A partir de cette date il séjourne soit rue du pressoir à Montmartre [5], soit à Cuves [6], soit à Langres. En 1846 Cuves a déjà vingt et une novices [7], Montmartre quelques religieuses, et à Chaumont sept religieuses et un noviciat pour les prêtres de la société dite du «Verbe Divin» avec trois postulants. C'est alors qu'à force de persuasion il réussit à convaincre Edouard Dimey de l'accompagner dans ses projets. Il voulait fonder à Paris un établissement d'enseignement primaire supérieur pour les garçons. En 1847, Edouard Dimey, alors âgé de 21 ans, quitte donc le grand séminaire pour suivre Chantôme à Paris, comme professeur dans son nouvel établissement. "Ses pères et mère, ainsi que les maîtres du jeune séminariste vivent ce départ avec beaucoup de peine mais leurs remontrances ne furent point écoutées". Chantôme qui prônait un catholicisme social se lance alors dans le grand mouvement social de la Révolution de 1848. Il fonde, en 1849, une maison d’édition, publie de nombreuses brochures, mais surtout un journal au titre significatif : «le Drapeau du Peuple» et la «revue des réformes et du progrès», deux publications quelque peu anarchistes, et pour le moins révolutionnaires, qui disparaîtront rapidement [8]. Edouard Dimey y a-t-il publié dans ces revues, nous l'ignorons. Pendant ce temps Chantôme "qui avait plus de bonne volonté que de discernement parla dans les clubs et sa conduite extravagante lui attira l'interdiction, tant de la part de Monseigneur l'archevêque de Paris que de la part de Monseigneur l'Eveque de Langres". Une pétition sur la réforme de l’église adressée au pape lui vaudra une condamnation de Pie IX ainsi qu'une pour délit d'obéissance qui sera publiée par l’officialité de Langres le 2/1/1850. Réconcilié avec l'Eglise par l’archevêque de Paris en 1852 Nicolas Chantôme ne reviendra plus dans le diocèse de Langres. Il est alors nommé curé de Bry sur Marne en 1855, puis aumônier de l’orphelinat St Charles à Ménilmontant en 1857 avant de rejoindre Choisy le Roy en 1869, où il restera jusqu’en 1874, date à laquelle il démissionne. Il terminera sa carrière comme Aumônier des Augustines de Meaux au 6 de la rue Oudinot, et y meurt le 7/10/1877. Les jeunes gens qu'il s'était associés, au nombre desquels se trouvait Edouard Dimey se dispersèrent. Edouard Dimey "n'osant rentrer dans sa famille chercha à se créer un moyen d'existence en écrivant dans des journaux à Paris", puis à Nîmes pendant les années 1852 et 1853 où, demeurant dans cette ville, il s'était associé, comme rédacteur en chef, à un pharmacien nommé Royer pharmacien qui exploitant le journal «L'opinion du midi». Il semblerait qu'Edouard Dimey ait été trompé par Royer. En 1849, à Paris, "il eut le malheur de s'attacher à une femme originaire de Rouen beaucoup plus âgée que lui et qu'il épousa, malgré ses parents qui gémissaient de le voir contracter une telle alliance. On croit, dans sa famille, qu'il s'est séparé volontairement de sa femme avec laquelle il n'aurait vécu que très peu de temps" mais dont il a eu deux enfants [9]. Edouard Dimey publie en 1855, un livre intitulé "Essai sur nos dynasties, leur avènement et leur chute, précédé d'une introduction sur le principe de la souveraineté et son mode de transmission, les conditions de la légitimité du pouvoir et la valeur des formes du gouvernement" En 1859, revenu à Paris, Edouard Dimey cessa d'écrire pour se lancer dans les affaires. C'est ainsi qu'il ouvrit un commerce de vin avec un nommé Léger dont il a encore été dupe. Edouard Dimey reparaîtra, à cette occasion, à Mennouveaux, et ce sera la dernière fois. Il avait besoin d'argent. Il alla trouver sa sœur Honorine, et sut inspirer à son beau frère, Isidore Michelin [10] fabricant de coutellerie, assez de confiance pour le décider à lui fournir dix mille francs. C'était, pour eux, un sacrifice considérable, et qui ont été perdus pour toujours, l'entreprise ayant on ne peut plus mal tourné. On ne sait ni ce qu'il fit, ni ce qu'il devint entre cette date et décembre 1863 ou il vit à Bruxelles. Il y est accompagné de sa femme, Joséphine Dufour, et de ses deux enfants. Il se dit homme de lettres, ayant son domicile à Mennouveaux ou résident ses parents. Il collabore alors "à un journal de bas étage" et ses relations semblent aussi peu fréquentables. C'est ce qui incite le bureau de la sureté nationale du ministère de la justice belge à demander des renseignements sur, "sa conduite privée et politique et sa réputation" et aimerait connaître les motifs de son expatriation. Edouard Dimey souhaite y enseigner. La réponse du juge de paix du canton de Clefmont, au préfet de la Haute-Marne, est claire sur ce point "On ne pense pas qu’à Paris et à Nimes il ait eu de mauvaises moeurs et l’on croit que, s’il a fait un sot mariage et peu honorable, c’est parce qu’il a été fasciné et comme toujours trompé. Quant à sa conduite politique, on est persuadé qu’il n’a jamais été hostile au gouvernement et qu’il s’est toujours allié aux amis de l’ordre. En un mot, on croit qu’Edouard Dimey, malgré le peu de discernement qu’il a apporté dans la direction de sa conduite et de ses affaires, mérite encore la confiance, et qu’il est très apte à enseigner les lettres". Il ajoute que "Tous les membres de sa famille et tous ses concitoyens désirent vivement que cette confiance dont il a besoin lui soit accordée, afin qu’il puisse se faire une position honorable et se suffire à lui-même; car les 10000F qu’il a fait perdre à son beau frère lui seraient de la plus grande utilité pour son industrie et cette perte a mis toute la famille dans la gêne".
Globalement exempt de reproches, Edouard Dimey était probablement simple, crédule, facile à tromper. A-t-il obtenu le poste convoité? L'histoire ne le dit pas, pas plus que son devenir ni celui de sa famille. Tous les renseignements sont donc les bienvenus.
Renvois [1] Claude Dimey est né le 27/4/1783 à Lanques sur Rognon de Jean Dimey, propriétaire, et de Marie Magdeleine Dubois. Il décèdera le 25/03/1868 à Mennouveaux.
[2] Elisabeth Coutrey est née le 31/1/1792 à Ageville de Jean Coutrey et de Jeanne Genevieve Renaudin. Son décès sera constaté le 01/03/1872 à Mennouveaux.
[3] Nicolas Chantôme (1810-1877) est né le 16/12/1810 dans une famille de laboureur de Savigny. Il a pris plus tard le prénom de Paul. Après des études au petit puis au grand séminaire, il est ordonné prêtre à Langres par Mgr Parisis le 01/12/1835. Il est tout d'abord nommé vicaire à Notre Dame de Gigny à St Dizier où il ne restera que quelques mois. Il est ensuite professeur au petit séminaire, puis au grand séminaire ou il enseigne la philosophie de 1837 à 1840 date à laquelle il est nommé curé de Cuves, à sa demande.
[4] il fonde l'école avec Adrienne Brocart, une femme aisée de la région de Langres qui lui fournira les fonds nécessaires et qui deviendra le première supérieure de la congrégation des sœurs du calvaire (elle décèdera le 26/6/1839 à Cuves). Ils achètent la propriété. L’ermitage se compose de trois petites pièces, une cuisine, une grande classe et un dortoir. Deux jeunes institutrices laïques, Barbe Marie Guyot de langres et Françoise Clotilde Plique, acceptent de vivre à l’ermitage et de commencer l’œuvre. Vers 1844, il y a 35 élèves qui fréquentent l’école, 20 sont pensionnaires. En juin 1845, trois des cinq jeunes femmes qui enseignent maintenant à l’école, commencent une année de noviciat dans le but de former une Congrégation missionnaire appelée « Sœurs du Calvaire ». Les trois jeunes femmes sont Barbe Marie Guyot – Sœur Marie du Calvaire ; Françoise Clotilde Plique – Sœur Elisabeth ; Anna Garnier – Sœur Louise. La règle qu’elles suivent est basée sur celle du Tiers Ordre des Servites. A la fin de l’année de noviciat, les trois «sœurs » ne se sentent pas prêtes à prendre un engagement avec des vœux. Elles sont reçues comme Servites du Tiers Ordre Séculier et acceptent de continuer l’œuvre.
[5] Le 10/06/1845 a lieu à Cuves la vêture des trois premières sœurs du Calvaire dont la fondation est approuvée par Mgr Parisis, l'évêque de Langres. Le père Claude Brullon (1818 Dinteville - 1850), désormais curé de Cuves et futur compagnon de Chantôme est directeur de l’établissement. La maison de Montmartre avec quelques religieuses est considérée comme étant une succursale de Cuves.
[6] Une autre congrégation est née de la première communauté de Cuves : l’institut des Filles de Notre Dame des missions, fondée par Euphrasie Barbier, une ancienne de Cuves. Cette importante congrégation a actuellement des maisons dans de nombreux pays (Nouvelle Zélande, Canada, Roumanie, Indes, Amérique Latine, Lyon…). Aujourd'hui la maison mère est sur la colline de Fourvière à Lyon
[7] Le 26 juin 1849, Sœur Marie Guyot meurt, à l’âge de 28 ans. A cette date, elles sont environ 40 «sœurs» qui se préparent. Soeur Elisabeth Garnier quitte Cuves, et avec la nomination d’une nouvelle supérieure, une crise éclate dans la communauté et à l’école. Lorsque Nicolas Chantôme est excommunié pour ses activités révolutionnaires soutenant la Révolution française de 1848, deux sœurs sont envoyées à Londres pour apprendre l’anglais afin d’y entreprendre une œuvre missionnaire. Plus tard, quatre autres sœurs se joignent à elles. Elles restent toutes, dans des pièces louées aux Pères Oratoriens, dans un quartier défavorisé de Londres: St Giles. En septembre 1852, toutes les sœurs qui sont encore à Cuves, quittent pour venir s’installer à Londres et apprendre l’anglais. Elle y sont accueillies par Félix Philpin de Rivières (1814 Langres - 1908 Londres) ancien curé de Vitry les Nogent (1841) puis de Cuves de 1847 à 1852 devenu oratorien. Il était notamment "célèbre" pour avoir sauvé la chapelle de ND des Ermites de Cuves en 1849 alors qu'elle était victime d'un incendie. Philpin de Rivières monta sur une échelle et fit un signe de croix avec son crucifix sur le clocher entouré de flammes. Au même moment les flammes se retournèrent. Les quatre années suivantes, ces sœurs se mirent à enseigner dans une école de défavorisés ouverte par les Pères Oratoriens. Elles dirigent également un orphelinat ainsi qu'une école technique pour jeunes filles. En 1857, plusieurs d'entre elles sont reçues « Sœurs de la Compassion ». Elles s’agrègeront en 1864 à l’Ordre des Servites de Marie nom pour celui de « Mantellées du Tiers Ordre des Servites de Marie ». En 1875, les sœurs de Londres, décident de racheter le premier couvent de l’Ermitage à Cuves, en France. Dix ans plus tard, en 1885, la Maison Ste Marie, pensionnat construit à Cuves, est achetée afin d’ouvrir de nouveau. Les lois anticléricales votées en France, amènent à la fermeture en 1905. En 1910, la Maison Ste Marie, à Cuves est vendue. [8] L’abbé Chantôme, fouriériste, directeur de la Revue des réformes et du progrès, accueille, à partir de juin 1849, les catholiques qui quittent L’Ère nouvelle et où le célèbre député socialiste Arnaud publie « L’École de l’Avenir ou de la Démocratie catholique », charte de la démocratie chrétienne. [9] Ni le mariage, ni les naissances n'ont eu lieu à Mennouveaux.
[10] Le 18/4/1843 eut lieu, à Mennouveaux, le mariage de Geneviève Honorine Dimey et d'Isidore Claude Michelin
Sources
ADHM 99M1; Etat Civil de Mennouveaux, Ageville et Lanques sur Rognon
La Croix de la Haute-Marne de 1995.
Le Journal de la Haute-Marne de 1989.
Site internet des Servites de Marie et de la BNF.