vendredi 18 décembre 2009

Tavel, un curé pas très catholique qui n'aimait pas que le vin de messe.

Quand la réalité dépasse la fiction.

    Auguste, Jean-Baptiste, Arthur Tavel naît à Bourbonne-lès-Bains le 11 octobre 1867 dans le foyer de Hippolyte Tavel 39 ans, agent de police, et de Eugénie Rosalie Chapelle 33 ans.  Tout d'abord élève au petit séminaire de Langres, il est placé comme apprenti bijoutier pour apprendre un métier respectable. Mais il ne l'entend pas vraiment ainsi, puisque quelque temps après il s’enfuit à Bruxelles avec la caisse de son patron et… la domestique. Il reviendra quelque temps plus tard en France pour effectuer son service national. Dépensier, criblé de dettes, il déserte et retourne à Bruxelles. Pris de remords, ou par intérêt personnel, il rentre en France, est arrêté, et emprisonné à la citadelle de Besançon. Une fois sa peine purgée il revient à Langres. Il semble se décider à rentrer dans le droit chemin et à oublier la gente féminine. Il entre alors chez les Dominicains, et part en Equateur où il est ordonné prêtre. En 1903, après de multiples aventures dans différents pays d’Amérique du Sud, il rentre à Tonnerre où résident désormais ses parents. En tant que prêtre il est bien accueilli par le clergé local, qui ne connaît pas son passé quelque peu sulfureux. Il se proclame alors vicaire apostolique. Mais sa manière fantaisiste de célébrer la messe et ses séjours prolongés dans les cabarets, où il laisse de nombreuses ardoises, ainsi que son comportement un peu trop familier avec les dames, contraignent l’archevêque de Sens à lui retirer tout pouvoir en mai 1904.

Dans l’obligation de quitter Tonnerre à cause de ses trop nombreuses dettes, sa vie aventureuse continue : Surveillant dans un collège de Nîmes puis représentant de commerce, on le retrouve en Suisse à Immenses, puis Fribourg d’où il est contraint de s’enfuir. Il n’ose rentrer chez ses parents qui, couverts de honte, ont quitté Tonnerre. Il décide de se réfugier chez un de ses cousins nommé Régnier, aubergiste à Amance (70), et y débarque le 15 mars 1907. Le dimanche 17 mars il va à la messe, et passe le restant de la journée … au cabaret. Beau parleur, partisan de l'Église gallicane, il affirme bientôt devoir partir pour Paris où Villatte, prêtre vieux-catholique originaire de Suisse, lui réserve une place de professeur dans son séminaire. Le maire de Contréglise, commune distante de quelques kilomètres, rencontre Tavel et lui propose de créer une association cultuelle ainsi que le permet la loi de 1905. L'article 19 de la loi du 9 décembre 1905 définit le principe applicable aux associations formées pour subvenir aux frais, à l'entretien et à l'exercice public d'un culte.  Le législateur n'ayant pas défini la notion de culte, des difficultés d'interprétation sont apparues. La circulaire du 31 août 1906  précise " L'objet des associations cultuelles comprend tout ce qui concerne l'achat, la location ou l'entretien des édifices du culte, le logement et la retraite des ministres du culte, le recrutement de ces derniers par l'entretien des séminaires, les frais des cérémonies liées au culte…". Il fallait alors trouver sept habitants de Contréglise pour pouvoir créer une telle association. Ils en trouvèrent une centaine en quelques jours. Le samedi 29 mars le préfet du département de la Haute-Saône officialise l’association et nomme Tavel curé de Contréglise. Le lendemain, jour de Pâques, forts de l’autorisation préfectorale et de l’appui de la gendarmerie de Faverney, les responsables de l'association cultuelle font expulser le curé venu célébrer l’office pascal. Tavel prend alors officiellement sa place le 31 mars 1907. Avec lui, a messe est souvent bâclée, l’hostie est remplacée par un croûton de pain. Au lieu du « Salve regina » on chante le « Domine salvas fac Republicam ». Il n'y a plus de vêpres et les leçons de catéchisme sont réduites à quelques minutes. Une seule messe est obligatoire : celle de Pâques. Le jeûne et l'abstinence sont supprimés. Comment pouvait-il en être autrement ?  Tavel est très occupé au bistrot. Il en est le meilleur client. Il lorgne aussi les filles, en attendant mieux ! Insulté par les uns restés fidèles à l’Église Romaine, salué par les autres qu’il bénit en se servant de sa bouffarde en guise de goupillon, il répond aux injures par un sourire. Au moment des communions,  il fait venir pour donner la confirmation, un autre prêtre nommé Villatte se disant évêque vieux-catholique. Se voyant trop peu soutenu par la population, et l’association cultuelle de Contréglise étant la seule institution de ce type officialisée dans le diocèse, il faut en créer d’autres. Tavel décide de prendre son bâton de pèlerin. Il faut aller au devant du peuple pour le convertir ? Qu'à cela ne tienne, Tavel prêche souvent dans les cabarets, à "La jolie blondinette" en particulier, là où le peuple se rend facilement! Notre curé républicain s’autoproclame alors archevêque du diocèse de Contréglise  et tente de rallier à son panache les maires "blocards"

du secteur. Il trouve écho auprès de celui de Polaincourt qui, suite a des problèmes avec son curé résidant a réussi à le faire muter. La place est donc libre. Polaincourt est provisoirement desservi par le curé de Senoncourt. Il va s’opposer, avec l’aide du curé de Buffignécourt, à la mainmise de Tavel. Le 18 mai ils lui interdisent l’entrée de l’église et enlèvent les vases sacrés. Le 26 mai Tavel et ses disciples reviennent dans l’église de Polaincourt; mais les catholiques expulsent manu militari les apostats. On sonne le tocsin. Tavel s’enfuit laissant sa soutane à la sacristie. La population accourt, voulant le lyncher. Les catholiques des villages environnant  arrivent en force. La soutane de Tavel est mise en pièces. Ses lambeaux sont accrochés au bout de bâtons que les catholiques rapportent en triomphe dans leur village. La gendarmerie est appelée, des contraventions sont dressées. Le préfet convoque alors le maire de Polaincourt et, bien qu'il soit favorable à la formation des  associations cultuelles, commence perdre patience avec ce semeur de troubles qu'est Tavel.
Finalement l’archevêque de Besançon excommunie ce curé apostat qui quitte la commune en septembre 1907. Vers le 15 septembre à Voray sur l’Ognon le maire fait appel à Tavel pour tenter de mettre en place dans son village une association cultuelle; mais ce sera sans grand succès !  
Tavel revient le 20 octobre, mais les notes de boucherie, de vin, et d’épicerie l’attendent à son domicile. il s’enfuit alors, les gendarmes le recherchant activement. Il revient toutefois dans le secteur le 19 décembre puisqu'il doit célébrer un mariage à Contréglise deux jours plus tard. Les habitants d'une commune voisine de Contréglise, décident de se rendre à la rencontre de leur curé munis de fourches, de gourdins  et de matraques, afin de le protéger des catholiques qui avaient décidé de lui interdire l'accès au village. A hauteur de la ferme de Trémoncourt, un groupe d’émeutiers réussit à encercler la voiture dans laquelle est Tavel. Un coup de feu éclate. Joseph Barberot, père de trois enfants et clerc chantre de Venisey s’écroule mortellement blessé. Que s'est-il exactement passé ? Selon les catholiques traditionnels, il s’agit d’un assassinat. Se voyant coincé Tavel aurait passé un revolver au voiturier, Pernet. Celui ci aurait tiré d’abord en l’air. La menace se faisant plus pressante il braque alors son revolver sur les assaillants et Tavel lui crie «Tirez, mais tirez donc». Le coup part. L’enquête de la gendarmerie conclura à un accident : « M. Maurice Pernet fut jeté à terre par M. Barberot. Les adversaires roulèrent sur le sol. Dans la rixe M. Barberot a été tué net par une balle tirée accidentellement ». Sans se soucier de ce  qui vient de se passer, Tavel et ses "fidèles" arrivent à Contréglise et commencent à faire ripaille afin de se préparer pour la noce. Le préfet arrive sur les lieux de l’accident le 20 au matin. Tavel lui pose décidément trop de problèmes. Pour en finir, il signe un arrêté interdisant à Tavel de célébrer des cérémonies dans l’église. Le mariage civil a lieu, mais alors que le cortège se dirige vers l'église, la gendarmerie apporte l'arrêté préfectoral au maire. Le mariage religieux ne sera pas prononcé. Au même moment, on apprend la mort de Barberot. Les obsèques de la victime seront célébrées par le vicaire général du diocèse le mardi 22 en présence d’une nombreuse assistance et d'une quinzaine de gendarmes. Tavel a déjà disparu. Il a pris le train le matin même pour une destination inconnue. Quant au voiturier, poursuivi pour homicide par imprudence et port d’arme prohibé, il s’en tirera avec 150 F d’amende avec sursis. Un nouveau curé, catholique, sera nommé à Contréglise le 2 juillet 1908, et tout rentrera dans l'ordre.
    Jamais plus personne ne reverra Tavel. Son acte de naissance ne comportant aucune mention marginale il est impossible de dire dans quelles conditions il a terminé sa vie d'errance.  
Didier Desnouvaux 
  
 Sources
Archives de Haute-Saône: presse de 1907
Crdp de l'académie de Besançon

samedi 28 novembre 2009

Louis Catat: un explorateur haut-marnais inconnu

Louis Dominique Catat naît le 7 juillet 1859 à Cirfontaines en Ornois, rue des moulins, dans la maison de son grand père Dominique Grandsimon, 66 ans propriétaire. C'est le fils de Virginie Grandsimon 24 ans et de Alexandre Louis Dominique Catat, 63 ans propriétaire rentier demeurant 8 rue du Caire à Paris. Le couple s'était marié le 7/9/1858 à Cirfontaines en Ornois: Alexandre Louis Dominique Catat 62 ans, veuf de Françoise Joséphine Muaux morte le 8/7/1855 à Belleville, né le 22 fructidor an IV à Paris de feu Pierre Alexandre Catat employé du trésor décédé le 7/4/1832 à Paris 7ème et de feue Marie Françoise Laurent morte à Tours le 21/1/1841, épouse Marie Virginie Grandsimon, née le 25/10/1835 à Cirfontaines en Ornois (elle décèdera en 1914), fille de Dominique Grandsimon 64 ans, propriétaire (né le 10/9/1794 à Coussey - il mourra le 1/6/1870) et de Marie Muaux âgée de 53 ans (née vers 1807 morte le 19/7/1880).
Le père, Alexandre Louis Dominique Catat, meurt le 24/6/1864 au 20 rue du Caire à Paris 2ème. Marie Virginie Grandsimon se remarie alors le 29 juin 1865 à Cirfontaines en Ornois avec Arsène Benjamin Mortreux, 41 ans, adjudant, chevalier de la Légion d'Honneur. Elle est domiciliée à Paris 17ème arrondissement au 14 rue Bayon.
Louis Dominique Catat est-il élevé par sa mère et son beau père, ou reste-t-il à Cirfontaines en Ornois chez ses grands parents? Cette dernière hypothèse n'est pas impossible car l'instituteur du village était alors un cousin de l'adjudant Mortreux. Il était même témoin à son mariage. Louis Dominique Catat était entre de bonnes mains. Il entre dans la Marine en 1876 (port de Cherbourg), puis sera nommé aspirant le 5 octobre 1879. En 1881, il est à bord du cuirassé d'escadre "Friedland".
Il deviendra médecin et sera chargé d'une mission scientifique à Madagascar par le ministère de l'instruction publique. Il donne les détails de son expédition en détail dans un livre qui lui est consacré. Le Voyage à Madagascar de Louis Catat relate ainsi presque deux ans de pérégrinations à travers la Grande Ile. Chargé d'une mission scientifique, le Dr Louis Catat (1859-1933) débarque à Madagascar le 8 mars 1889. Il y restera jusqu'à la fin de l'année suivante pour: «élucider certains faits géographiques, augmenter dans la mesure du possible les données souvent incomplètes que nous possédions sur les différentes branches des sciences physiques et naturelles, étudier les peuplades malgaches, leurs coutumes, leurs usages, et, d'une manière générale, faire connaître cette grande île.». La mission Catat, composée du D"" Louis Catat, de M. Camille Maistre et de M. G. Foucart, et dont les travaux devaient compléter si utilement ceux de M. Grandidier, fut menée à bien dans un périple d'environ 8000 kilomètres en trois grands voyages. Le premier dans le centre du pays. Puis vers l'est par la « route de Radama », le nord et l'ouest en traversant l'île dans toute sa largeur jusqu'à Majunga dont il deviendra vice-président. Enfin, il se dirigera vers le sud et le sud-est de l'île. Fin août 1890, alors qu'on le croyait mort depuis longtemps, Louis Catat revient à Tananarive avec son équipe où il met en ordre les divers objets collectés ainsi que les photographies réalisées. Il ne rentrera en France à la fin de janvier 1891. Son récit est un des plus importants de tous les voyageurs européens du 19ème siècle. Il sera fait chevalier de la Légion d'Honneur à l'issue de son expédition, relatée dans les livraisons 1743 à 1746 du nouveau Journal des voyages.
Bien qu'il ait visité des contrées plus exotiques, l'explorateur restera toutefois très attaché à son village natal, où plus rien ni personne ne l'y retient. Ainsi le 14 août 1896, alors qu'il réside à Tunis, il obtient l'autorisation d'ouvrir "une sépulture de famille dans sa propriété" de Cirfontaines en Ornois. L'autorisation précise qu'à chaque décès d'un de ses proches il devra remplir une demande individuelle pour pouvoir inhumer sur son terrain. Le docteur Catat a obtenu cette autorisation grâce au soutien du député Albin Rozet, mais l'a-t-il utilisée?  Ses grands parents paternels étaient décédés bien avant sa naissance, son père quelques années après, quant à ses ancêtres maternels de Cirfontaines ils sont morts en 1870 et 1880. Or il ne peut y avoir exhumation si le terrain a été acquis après le décès de la personne. Pense-t-il alors à sa mère qui ne décèdera qu'en 1914, ou à lui même? Son beau père Arsène Benjamin Mortreux retiré à Cirfontaines, est mort depuis le 26/1/1886. Le mystère demeure.
L'année suivante, alors qu'il est établi en Tunisie, Louis Catat aura un fils, Pierre Louis,. Il aura en tout quatre enfants:
-Paul, docteur en droit, administrateur et liquidateur de sociétés dans ce qui était alors le département de la Seine.
-Michèle
-Monique 
-Pierre Louis qui naît le 26 juillet 1897 en Tunisie. Licencié en droit, diplômé de Sciences Politiques, il sera secrétaire d'Ambassade à Tunis de 1919 à 1929, chef du cabinet civil du résident de France au Maroc. Il décèdera à Casablanca le 24 octobre 1929 alors qu'il venait d'être fait chevalier de la Légion d'Honneur en juillet précédent, mais ne sera pas non plus inhumé à Cirfontaines puisque sa dernière demeure sera le caveau familial du nouveau cimetière de Suresnes.
Le docteur Louis Catat meurt en 1933. Qui pourra m'en dire plus sur ce personnage aujourd'hui bien oublié ?

Sources:
Annuaire de la Marine et des Colonies 1er janvier 1881
Louis Catat: Voyage à Madagascar. Paris Hachette 1895.
Archives départementales de la Haute-Marne: Etat Civil de Cirfontaines en Ornois; 100M4

Base Eléonore de la Légion d'Honneur (avis de décès de Pierre Louis Catat)
Journal des Voyages et des Aventures de Terre et de Mer N°736 à 738 de 1891.

vendredi 6 novembre 2009

Un record de prénoms dans un acte de naissance: 11 pour un seul enfant. Qui dit mieux?

Relevé à Langres le 1er mars 1844 
Naissance à l'Hôtel de l'Europe de Ferdinand Achille Pierre Guillaume Joseph Hubert Charles Louis Constantin Victor Marie, fils de son excellence le maréchal de camp comte Ferdinand Achille Pierre de la Roche Pouchin dit de Rochefort Saint Louis, des princes de la Roche, duc d'Athènes, marquis de Caintelou, vicomte de Saint Sauveur, sire et baron de Pouchin, de la Roche, de Saint Laurent des Monts, de la Pouchinière, de l'Epinay, d'Eschenbrender, de Breilbach et d'autres lieux, patricien de Saint Marin, etc, chancelier de l'ordre militaire de Saint Georges de Lucques et chevalier de 2ème classe du même ordre, grand croix de l'ordre royal et militaire de Saint Michel de Bavière, chevalier de l'ordre royal et militaire des Saints Maurice et Lazare de Sardaigne, commandeur de l'ordre royal de la Sainte Conception et de Charles III d'Espagne, chevalier de 3ème classe de l'ordre royal de l'Aigle rouge de Prusse, chevalier de l'ordre militaire hospitalier et souverain de Saint Jean de Jérusalem, chevalier de l'ordre royal du Mérite civil de Saxe, chevalier de l'ordre militaire et angélique de Saint Georges constantinien de Parmes et de plusieurs autres ordres distingués, aide de camp généraln chef d'Etat major et chambellan de SAR l'Infant d'Espagne don Charles Louis de Bourbon duc régnant de Lucques, âgé de 39 ans, né à Toulon, demeurant à Paris, place Vendôme, n°1, de passage à Langres, et de SA Marie Cécile Suzanne princesse de Czartoryska, duchesse de Klewan et de Zuckow, de la maison royale des Jagellons, âgée de 27 ans, née à Varsovie....


Dans l'Etat Civil on accepte en général un maximum de 4 prénoms, mais une fois de plus la règle est faite d'exceptions. 

Pour cet acte, la noblesse ne se cache pas derrière les apparences. En réalité, seule la mère de l'enfant peut se prétendre issue d'ancienne noblesse, alors que le père a fait usage de ce que certains auteurs ont appelé "la savonnette à vilain". En résumé, la mère Marie Czartoryska qui est née le 11/08/1817 à Varsovie (fille de Konstanty Adam Aleksander ks. Czartoryski na Klewaniu i Z.ukowie h. Pogon' Litewska 1773-1860 et de Maria Dzierz.anowska h. Gozdawa 1790-1842) est descendante d'anciennes familles d'Europe de l'Est alliées aux Poniatowsky et autres notoirement connues. Elle décède le 16/6/1847 à Paris (Inhumée au Père Lachaise). Elle avait épousé à Nice le 22/05/1839 Achille Ferdinand comte de la Roche Pouchin (le 7/12/1804 à Toulon, mort le 18/2/1883 à Florence, inhumé a Père Lachaise). Leur fils sera connu sous le prénom de Constantin (celui de son grand père maternel) et décèdera le 25/2/1870 à Florence. Il sera également inhumé au cimetière du Père Lachaise.

dimanche 11 octobre 2009

Petit Poisson deviendra grand

Ou l’histoire brièvement racontée
de la famille Poisson, de Provenchères sur Meuse, et de ses alliances.



L’assassinat d’Henri IV en 1610 crée une période d’incertitude pour le Bassigny. Les petites forteresses locales, véritables bandes guerrières pillent les campagnes et rançonnent les villageois. Les passages incessants des troupes suédoises et croates entraînent la désertification des villages. Le pays est réduit à la famine, « mangeant l’herbe des prés….on mangeait les chiens, voire les rats et enfin on en vint à la chair humaine (a) ». Les années 1634 à 1640 sont marquées par une épidémie de peste sans précédent parachevant l’œuvre de destruction. L’abbaye de Morimond est pillée, la grange d’Issonville brûle, et quarante maisons du village de Montigny flambent ainsi que le clocher de l’église où toutes le cloches sont fondues. Trente ans de troubles ont fini par faire descendre les pays haut marnais au plus bas niveau qu’ils aient connus, même au temps de la guerre de cent ans ; il faut peut être y chercher là l’explication de la disparition d’un certain nombre de patronymes dont les familles, dans le meilleur des cas sont parties reconstruire leur vie ailleurs. Les survivants n’ont même plus une tête de bétail s’attelant parfois eux mêmes à leur charrue….  Il faut attendre la réunion de la Franche Comté à la France et la conclusion de la paix avec la Lorraine, qui reculent ainsi les frontières de la France pour que finissent les invasions du Bassigny.  C’est après cette période tourmentée qu’au milieu du XVIIème siècle, la famille Poisson, ou plutôt son unique représentant, apparaît dans les registres paroissiaux de Provenchères sur Meuse qui, bien que remontant à 1598, ne permettent pas de savoir d’où venait cette personne avant qu’elle ne s’y installe. Il en existait une branche portant le même patronyme à Coiffy le Château et qui avait acquis une certaine aisance:
Jacques de Poisson (1635), dont les fils suivants:
-Jacques, maréchal des logis de la compagnie des gardes de M de Gramont (1650)
-Nicolas qui épousa vers 1615 Marguerite Le Gros.
Ce dernier en eut:
-Agnès  épouse de Nicolas Marion
-Jeanne épouse Guichard, de Colombey les choiseul
-Nicole mariée à Philibert Habigand
-Claude qui épousa vers 1650 Marie Le Goux (b).
En 1678 (c), ils n’y résident plus, parce que les Poisson de Coiffy ne figurent pas dans la liste des habitants mentionnés dans le terrier de Champagne ayant fait leur déclaration comme  propriétaire au domaine royal.  Certes, cela ne constitue aucune preuve de la parenté de cette famille avec celle de Provenchères, mais l’ascension sociale de cette dernière a été beaucoup trop rapide.
Notons aussi une confirmation de noblesse pour Antoine de Poisson, par Léopold duc de Lorraine en 1713  à Fresnes sur Apance (d), dont la branche semble être la même que celle de Coiffy. Ce dont nous pouvons être sur, c’est qu’il s’agit d’une famille installée dans le Bassigny depuis plusieurs décennies (cette généalogie,incomplète, s'est volontairement limité à quelques branches).

Claude POISSON est né vers 1631.  Il meurt le dimanche 21 février 1694 à Provenchères sur Meuse à l'âge de 63 ans et sera inhumé dans l'église du village.
Il sera tixier en toile au hameau de Monaco, écart de Provenchères sur Meuse.
Il épouse Marie MARANGE, vers 1658. Née vers 1638, celle ci décède le 16 décembre 1707 à Provenchères. De cette union naîtront 9 ou 10 enfants dont les actes de naissance ne figurent pas toujours dans des registres très lacunaires quelque soit la collection consultée. La seule manière de les recenser a été de relever les parrains et marraines de toutes les naissances enregistrées pour lesquelles ils étaient très souvent mentionnés «  X, fils ou fille de Claude Poisson tixier en toile »
- Claude (1)
- Claude (2)
- Jeanne (3)
- Marie (4)
- Catherine (5)
- Gabriel (6)
- Nicolas (7)
- Madeleine (8)
- Claude Claudine Claudette (9)
- François (10)
A partir de 1693 Claude Poisson est souvent qualifié d’amodiateur, signe que ses affaires ont prospéré et lui ont permis de s’élever dans l’échelle sociale de l’Ancien Régime ou bien souvent les mariages se faisaient dans le milieu d’origine des conjoints. Au bas de celle ci se trouvait le manouvrier qui à force de labeur pouvait devenir laboureur: le français moyen d’alors. Celui qui naissait dans une famille possédant déjà quelques biens et une petite aisance se faisait alors marchand ; c’était une marque de considération et de pouvoir économique qui permettrait de placer ses enfants chez un notaire ou chez un homme de loi, gage d’ascension sociale vers les professions de robe puis, qui sait, vers l’achat d’une charge héréditaire conférant la noblesse à leur titulaire.  C’est ce qui se passa, dès la seconde génération, chez les Poisson.

Branche de Claude Poisson (1 et 2)
Claude POISSON (1) épouse Sirette VAULOT, l'enfant légitime de Nicolas VAULOT et de Nicole FERRY, le samedi 28 février 1688 à Langres paroisse Saint Pierre Saint Paul. Il n'y a pas d'enfant connu pour ce couple.  
Il s’agit peut être du même Claude que le suivant.
Claude POISSON (2) Sa date de naissance n'est pas connue, et Il décède avant 1722.
Il était secrétaire de l'hôtel de ville de Langres en 1694, qualifié de major de la bourgeoisie de la même ville en 1704. Il épouse Jeanne TALBART (ou TALLEBARD), fille de Jean TALBART et de Marguerite POPULUS, le lundi 1 août 1689 à Langres paroisse Saint Pierre Saint Paul. Elle décèdera le 6/4/1702 à Langres paroisse Saint Pierre Saint Paul âgée de 37 ans.
Ce couple aura au moins deux enfants :
- Alexandre (2. 1)
- Claude (2. 2)
Le 15 avril 1693, Claude Poisson achète le 8ème de la seigneurie de Provenchères sur Meuse, à Nicolas Gousselin avocat, et les fours et dîmes du lieu, ainsi que le fief de Tourterelles près de Montigny (e) . Il se fait parfois appeler Claude de Poisson, et ses armoiries sont décrites comme suit : D’or à un loup de gueules.
2. 1  Alexandre POISSON est né vers 1689.  C'est le fils de Claude POISSON, secrétaire de l'hôtel de ville de Langres et de Jeanne TALBART.  Alexandre meurt le lundi 6 octobre 1704 à Provenchères sur Meuse à l'âge de 15 ans.
2. 2  La date de naissance de Claude POISSON de MALVOISIN n'est pas connue. Il meurt avant 1747. C’est l'enfant légitime de Claude POISSON, secrétaire de l'hôtel de ville de Langres et de Jeanne TALBART. Il sera receveur au grenier à sel de Saint Gengoux le National (71),  conseiller du roi en 1722, et il épouse Anne GRILLOT DE ROUJEMONT, fille de François GRILLOT DE ROUJEMONT, conseiller du roi et procureur des fermes à Clefmont et d'Edmée LANCLUSE, le lundi 29 juin 1722 à Clefmont.
Ce couple aura au moins six enfants :
- Nicolas (2.2. 1)
- Madeleine (2.2. 2)
- Claudette (2.2. 3)
- Catherine (2.2. 4)
- Claire (2.2. 5)
- Gabriel (2.2. 6)
La famille Grillot de Rougement semble avoir une certaine notoriété au niveau national puisque Barbe Aymée Grillot de Rougement, fille de François et sœur d’Anne représente Armande Duplessis de Richelieu au baptême d’Armande Suzanne Plongeon à Clefmont le 25 juin 1726. Armande est la sœur du maréchal Louis François Armand du Plessis, Duc de Richelieu (f)  Ce dernier se remariera le 12 février 1780 à Paris avec une haut marnaise Jeanne Catherine de Lavaulx, née le 8 mars 1741 à Sommerécourt (g) .
2.2. 1 La date de naissance de Nicolas POISSON n'est pas connue. C'est le premier fils de Claude POISSON de MALVOISIN, receveur au grenier à sel et d'Anne GRILLOT DE ROUJEMONT.
2.2. 2 Madeleine POISSON est la fille de Claude POISSON de MALVOISIN, receveur au grenier à sel de Saint Gengoux et d'Anne GRILLOT DE ROUJEMONT.
2.2. 3 La date de naissance de Claudette POISSON n'est pas connue. Elle est l'enfant légitime de Claude POISSON de MALVOISIN et d'Anne GRILLOT DE ROUJEMONT.
2.2. 4 Catherine POISSON  est l'enfant Claude POISSON de MALVOISIN, receveur au grenier à sel de Saint Gengoux et d'Anne GRILLOT DE ROUJEMONT.
2.2. 5  La vie de  Claire POISSON n'est pas connue, si ce n’est qu’elle est la fille de Claude POISSON de MALVOISIN, et d'Anne GRILLOT DE ROUJEMONT et qu’elle épouse Claude GODARD d'AUCOURT (h), fermier général, fils de Claude GODARD, marchand de drap maire de Langres, et de Marguerite PETITJEAN (i), le lundi 14 janvier 1747 à Langres paroisse Saint Pierre Saint Paul. Par contre son époux est connu pour ses talents d’écrivain sulfureux. il rêvait dans sa jeunesse de trouver quelque richesse dans la littérature, mais son père eut la précaution de prévenir son fils que « s’il ne préférait pas le parti de la finance au métier de mauvais poète, il le ferait enfermer  (j)». On le maria et on lui donna une place de fermier général. Ce bel esprit consacra néanmoins tous ses loisirs aux lettres et publia des ouvrages assez nombreux, et même s’il  n’a pas brillé au firmament des écrivains de son époque, plusieurs de ses romans méritent d’être connus : les « Mémoires Turcs », livre écrit dans un style vif élégant et facile, et « Thémidore » petit roman d’un libertinage raffiné qui a été condamné à être détruit pour outrage aux bonnes mœurs. On peut citer aussi « la Pariseïde. Pâris dans les Gaules  (k)», fable mythologique sur ce qu’il advint après la ruine de Troie et la mort de Pâris où l’auteur s’est « hasardé de faire passer Pâris dans les Gaules pour y être le fondateur d’un Empire et d’une ville qui porte son nom ». Y figure également l’origine de nos lois, coutumes, préjugés et usages ; sans compter que Godard d’Aucour y parle du pays qui l’a vu naître. Fermier général en 1754 (l), secrétaire du roi en 1756, marquis de Plancy en 1764, Claude Godard d’Aucour rompit à ce moment là tout lien avec sa ville natale. Suspecté et emprisonné quelque temps sous la Terreur, il décède à Paris le 1er juillet 1795.
Claude Godard d’Aucour portait :  De gueules, à cinq fusées d'argent, rangées en bande, accosté de deux bars d'or.
De cette union naquirent trois enfants :
Claude (2.2.5.1)
Charles François Jean Frédéric (2.2.5.2)
Une fille (2.2.5.3)

2.2. 5.1 Claude GODARD D’AUCOUR de SAINT JUST, né le 14 juin 1769 à Paris, y décède le 28 mars 1826. Il épouse Marie Elisabeth GROIGNARD. Dont postérité.
Agent des finances, et auteur de nombreux opéras comiques, de comédies et d’œuvres poétiques. « Le bien qu’il estimait le plus était son indépendance personnelle. Le désir de garder sa liberté, ses loisirs et son repos lui faisait  dédaigner la manie de briller par le luxe et même par le talent ». La moins oubliée de ses œuvres est probablement l’opéra comique « Gabrielle d'Estrées, ou les Amours d'Henri IV».
2.2. 5.2 Charles François Jean Frédéric GODARD D’AUCOUR receveur des finances à Argentan.
2.2. 5.3 X mariage d’ALENCY
2.2. 6 Gabriel POISSON de MALVOISIN est né le lundi 29 mars 1723 à Clefmont  et sera inhumé le 5 décembre 1789 à Autreville sur la Renne.  Il est l'enfant légitime de Claude POISSON de MALVOISIN, receveur au grenier à sel de Saint Gengoux et d'Anne GRILLOT DE ROUJEMONT.  Son baptême est enregistré en présence de Gabriel POISSON, huissier royal à Langres et procureur du roi à Provenchères, qui est son parrain.
Il sera commandant d’une brigade de carabiniers, puis colonel de cavalerie, et chevalier de Saint Louis avant de devenir maréchal des camps et armées le 3 janvier 1770. Gabriel Poisson de Malvoisin épousera  le 6 février 1758 à Autreville sur la Renne Marguerite Jeanne COURTET, fille du seigneur du lieu, qui lui donnera au moins deux enfants :
- Jeanne, baptisée le 26 novembre 1762 à Autreville sur la Renne, a pour parrain Charles de Rohan Chabot, pair de France, et pour marraine la marquise de Pompadour.
- Anne Claudette, née à Autreville.
Gabriel Poisson de Malvoisin avait pour armes :  De gueules à deux barbeaux adossés d’or.
A une date non connue, il épouse FERRAND. (très douteux)
Ce couple aura un enfant :
- Auguste (1. 1. 6. 1)

Branche de Jeanne Poisson (3)
Jeanne POISSON épouse Henri VARNEY, l'enfant légitime de Jean VARNEY et de Jeanne MION, le lundi 10 janvier 1695 à Langres.
Il n'y a pas d'enfant connu pour ce couple.

Branche de Marie Poisson (4)
Marie POISSON. A une date non connue, elle épouse Louis CHRISTY.
Ce couple aura au moins un enfant :
- Catherine (4. 1)
4. 1 Catherine CHRISTY est née le lundi 28 avril 1698 à Provenchères sur Meuse.
Elle est l'enfant légitime de Louis CHRISTY et de Marie POISSON.

Branche de Catherine Poisson (5)
Catherine POISSON naît le 16 août 1680 à Provenchères. Elle est l'enfant légitime de Claude POISSON, tixier en toile au hameau de Monaco à Provenchères sur Meuse et de Marie MARANGE. On la trouve comme marraine plusieurs fois à partir du 22/05/1694. Elle ne semble pas s’être mariée et décède en 1720 à l’âge de 39 ans.

Branche de Gabriel Poisson (6)
Gabriel POISSON est né vers 1659 à Provenchères sur Meuse. Il meurt le 17 mars 1749 à l'âge de 90 ans. Il sera greffier à Montigny en 1691, huissier à Langres en 1693-1695, maire syndic à Provenchères en 1703, syndic perpétuel en 1710 et enfin procureur du Roy en 1713-1723 à Provenchères.
Il épouse Claudine MAISTRE, fille de Claude MAISTRE et de Guyette DEMONGEOT, le mardi 1 mai 1691 à Langres paroisse Saint Pierre Saint Paul.
Il n'y a pas d'enfant connu pour ce couple.

Branche de Nicolas Poisson (7)
Nicolas POISSON est né le mardi 18 novembre 1670 à Provenchères sur Meuse.

Branche de Madeleine Poisson (8)
Madeleine POISSON est née le 22 juillet 1674 à Provenchères sur Meuse. Elle épouse Jean LAMBERT, manouvrier, fils de Michel LAMBERT et de Claudine VOILLEQUIN, le lundi 4 février 1704 à Provenchères sur Meuse. Elle décède en 1741.
Le couple aura au moins un enfant :
- Gabriel Nicolas (8. 1)
8. 1 Gabriel Nicolas LAMBERT est né le mardi 5 décembre 1713 à Provenchères sur Meuse.
Il est l'enfant  de Jean LAMBERT, manouvrier, âgé de 46 ans, et de Madeleine POISSON, âgée de 39 ans.

Branche de Claude Poisson (9)
Claude Claudine Claudette POISSON est née le 16 mai 1677 à Provenchères sur Meuse.
Elle épouse Claude BESANCON, tixier, l'enfant légitime de Nicolas BESANCON, marchand et de Didière GEOFFROY, le mardi 24 janvier 1702 à Provenchères sur Meuse.
Ce couple aura au moins deux enfants :
- Marie Claude (9. 1a)
- Claude Rémonde (9. 2a)
Elle épouse ensuite Etienne DARNEY, le lundi 25 mai 1716 à Provenchères sur Meuse.
Il n'y a pas d'enfant connu pour ce couple. Claude Poisson décède en 1738.
9. 1a Marie Claude BESANCON est née le jeudi 15 février 1703 à Provenchères sur Meuse. C’est la fille de Claude BESANCON, tixier en 1703, âgé de 28 ans, et de Claude Claudine Claudette POISSON, âgée de 25 ans.
9. 2a Claude Rémonde BESANCON est née le mercredi 2 novembre 1707 à Provenchères sur Meuse. Elle est l'enfant légitime de Claude BESANCON et de Claude Claudine Claudette POISSON
marraine Renée Rémonde de Gouville, de feu de Gouville lieutenant de la colonelle du régiment des cravatte

Branche de François Poisson (10)
François POISSON est né le dimanche 16 janvier 1684 à Provenchères sur Meuse. Il  meurt en 1754 à l'âge de 69 ans.
Il sera Fourrier du duc d'Orléans, puis homme de confiance des frères Paris.
Il épouse Anne Gabrielle Geneviève LE CARLIER, en 1715 à Nogent l'Artaud. Il n'y a pas d'enfant connu pour ce couple.
Il épouse ensuite Louise-Madeleine de LA MOTHE, l'enfant légitime de Jean de LA MOTHE, en 1718.
Ce couple aura trois enfants :
- Jeanne Antoinette dite La Pompadour (10. 1b)
- Françoise-Louise (10. 2b)
- Abel François comte de Marigny (10. 3b)
Pendant la guerre de 1700 François Poisson fut attaché aux vivres de l’armée, d’abord en qualité de haut le pied puis remplit des fonctions plus élevées et se constitua un joli petit patrimoine. Il épousa alors la fille du boucher des Invalides, qui était d’une grande beauté et devint, dit-on, fort galante à tel point que Voltaire et d’autres biographes lui ont donné plusieurs liaisons dont une avec le fermier général Paris de Montmartel, qui passait pour être le père de sa fille aînée future marquise de Pompadour. En réalité Paris de Montmartel, comme ses frères Antoine Paris de Sampigny, Claude Paris de la Montagne et Paris du Verney étaient plus connus sous le nom des frères Paris, célèbres financiers avec lesquels travaillait Poisson. Ils étaient natifs du Dauphiné, région qu’ils avaient su préserver de la famine en y faisant venir des blés de Bourgogne, où il était en abondance. En fait de reconnaissance on les accusa de monopole. Ils montèrent  alors à Paris où ils trouvèrent un emploi dans les bureaux du munitionnaire de l’armée, puis en 1704 l’aîné ayant été chargé de la direction des vivres de l’armée de Flandres associa ses frères à son entreprise qui, malgré la pénurie de finances, parvint à assurer la subsistance des troupes. Nommé trésorier de celles ci, puis receveur général des finances, avant d’être chargé du bail des fermes, les frères Paris connurent la gloire avec leur système de remboursement des dettes de l’Etat, mais la chute du duc de Bourbon le 12 juin 1726 entraîna leur disgrâce et leur exil hors de la capitale. Saumur, Périgueux et le Dauphiné furent assignés à trois d’entre eux, mais le quatrième Paris du Verney ayant pu choisir sa destination partit alors pour Langres. Ce n’était pas forcément la ville idéale, « Le Système et l’Anti-système avaient, aussi bien l’un que l’autre fait des victimes dans la ville. Il y avait à Langres beaucoup d’appauvris et, par conséquent, beaucoup de mécontents».  Les perturbations monétaires, conséquences de la mise en place du système économique de Law,  et les dures mesures fiscales qui avaient suivi en avaient réduit beaucoup à un état voisin de la misère. Paris du Verney était en effet l’auteur de l’impôt du Cinquantième particulièrement mal admis à Langres ; comme partout ailleurs !  S’il y prit sa retraite forcée ce fut parce qu’il y avait un ami Claude Jean Baptiste de Bourbonne, époux d’Edmée le Gros, receveur du grenier à sel de la ville diocésaine. Ami qui devait probablement toute sa carrière au financier. Celui ci lui trouva tout d’abord une résidence dans la paroisse Saint Pierre Saint Paul, puis dans le village de Saint Michel avant d’être arrêté le 21 août 1726. « Sont arrivés dans cette ville, les grands prévôts de Paris et de Brie, munis des ordres du roi pour arrêter et emmener à la Bastille le sieur Paris du Verney  (m)». Il y resta deux ans (n) . Pendant ce temps François Poisson  avait été condamné à mort par contumace le 20 mai 1727, par le Conseil d’Etat pour malversation et dette envers le Trésor Public, à cause de son implication dans l’affaire des blés qui amena la cherté du pain à Paris. Ayant tout d’abord pensé à se réfugier en Angleterre, il était finalement parti en Allemagne d’où il ne rentra qu’en 1739 grâce à sa femme, qui par ses intrigues avait réussi à faire arrêter les poursuites engagées contre lui. Intéressé plus tard dans plusieurs entreprises des fermiers généraux, il y acquit une fortune assez considérable.  
10. 1b Jeanne Antoinette POISSON dite la Pompadour est née le lundi 29 décembre 1721 à Paris  (75) (o).
Elle est l'enfant légitime de François POISSON, homme de confiance des frères Paris, et de Louise-Madeleine de LA MOTHE.  La date n’est pas certifiée. Quelques historiens placent la naissance du 20 au 30 décembre. Elle eut pour parrain Paris de Montmartel, le financier employeur de son père. Lorsqu’il accepta d'être le parrain de la petite Jeanne-Antoinette, pouvait-il s'imaginer que sa filleule deviendrait la marquise de Pompadour, qu'il serait son banquier le plus fidèle et qu'il joindrait ses efforts à ceux de la favorite pour épargner à Louis XV de lourds soucis matériels?
En 1726 la future marquise de Pompadour entre au couvent des Ursulines pour y suivre ses études. Pendant plusieurs années elle va étudier le chant, la danse, le théâtre, le dessin, la gravure et la littérature. En 1730 madame Le Bon prédit qu’elle deviendra la “Maîtresse du Roi”.  En 1737, elle joue un rôle dans l’oeuvre de Voltaire “Zaire”, en présence de l’auteur, au théâtre du château d’Etiolles.
Elle épouse Charles Guillaume Le Normant d'Etiolles, le jeudi 9 mars 1741. Elle est alors âgée de 19 ans.
Ce mariage lui ouvre les portes des grands salons parisiens où elle est remarquée pour sa beauté, son esprit et ses dons artistiques. Dès cette époque, elle commence à recevoir des penseurs et écrivains, tels que Voltaire, Fontenelle, Crébillon ou l'abbé de Bernis, au château d'Etiolles situé en bordure de la forêt de Sénart, où Louis XV venait chasser.
Le couple aura deux enfants :
- un garçon (10. 1b. 1)
- Alexandrine (10. 1b. 2)
Remarquée par le roi à la forêt de Sénart, Pâris de Monmartel et le Normant de Tournehem (p) firent tout pour favoriser les amours de Louis XV avec Jeanne Antoinette. Elle obtient une résidence à la surintendance du château de Versailles, et devient sa maîtresse officielle en février 1745. Séparée de corps et de biens d'avec son époux, elle est peu après anoblie, et reçoit le titre de marquise de Pompadour, nom du manoir que le roi achète pour elle. Elle obtient ensuite une place de dame du palais de la reine par la princesse de Conty, proche parente de Choiseul  (q) dont celui ci dit d’elle « comme madame de Pompadour ne connaissait point la cour ni ses usages, n’avait d’idées que d’après le roi, il n’est pas extraordinaire qu’elle eut cru que c’était pour son idole, qui était le roi, qu’on rendait les respects et les hommages les plus vils… ». Pendant 4 ans Choiseul ne va plus a la cour jusqu’à ce qu’il lui révèle le complot visant à la remplacer comme favorite auprès du Roi. C’est ainsi qu’il trouvera grâce auprès de la marquise qui le fera nommer ambassadeur au Saint Siège avec pour mission d’obtenir un accommodement du pape à sa liaison avec Louis XV. Une fois celui ci obtenu il accède enfin au pouvoir et sera un des plus fidèle serviteur de la Pompadour.
L'idylle amoureuse aura duré cinq ans, puis se transformera en amitié sincère. Avec l’aide d’un petit cercle de conseillers personnels tels que les frères Pâris, Richelieu  (r), le cardinal de Tencin et sa sœur, elle exerce alors une grande influence sur le monarque, et gouverne véritablement jusqu'à sa disparition. Même si les frères Pâris n’avaient pas attendu cette liaison royale pour jouer un rôle de premier plan dans les finances du royaume, celui-ci fut renforcé par l’influence de Madame de Pompadour sur le roi comme le constata d’Argenson  :« Madame de Pompadour  et sa famille se rendent de plus en plus maître de toutes les affaires.  (s)». Effectivement ; elle avait fait renvoyer le contrôleur général Orry parce qu'il aurait refusé d'allouer un marché aux frères Pâris pour les fournitures des armées. Usée par la vie de cour et une santé fragile, elle doit s'effacer au profit d'autres favorites dès 1751 mais reçoit en compensation le titre de duchesse et reste la confidente du roi, voire la complice de ses plaisirs, aménageant l'hôtel du Parc-aux-Cerfs, à Versailles, pour les rencontres clandestines de Louis XV avec de très jeunes filles (t).
Elle bénéficie d'innombrables largesses comme le château de Pompadour, en Corrèze, et l'hôtel d'Évreux, à Paris, plus connu aujourd'hui sous le nom de palais de l'Élysée.
Même lorsque le roi, se détourne d'elle pour d'autres femmes, la marquise conserve ce rôle de conseillère très écoutée. Elle institue et destitue ainsi de nombreux ministres et autres personnalités politiques. Parallèlement, elle est l'objet d'importantes critiques. On lui reproche en particulier ses origines bourgeoises (u)  et sa vie dispendieuse. Son influence lui vaut beaucoup d'ennemis, dont le dauphin, et elle fait tomber les nombreuses personnes qui mettent en doute son droit sur les énormes sommes prélevées par le roi sur le Trésor. Servant ainsi d'intermédiaire entre les ministres et le roi, elle oriente de grandes décisions politiques, comme l'abolition de la Compagnie de Jésus et l'alliance entre la France et son ennemi héréditaire, l'Autriche, durant la guerre de Sept Ans.
Son rôle est également fondamental dans le domaine de la pensée, des arts et des lettres où elle s'illustre comme un véritable mécène, contribuant ainsi à l'éclat de cour de Louis XV. Elle réconcilie Voltaire (v) et le roi, et fait donner au philosophe la charge d'historiographe. Elle encourage la publication de l'Encyclopédie, menacée d'interdit. Elle organise des rencontres chez son médecin, le physiocrate Quesnay, entre des penseurs comme Diderot, Helvétius ou d'Alembert. Elle est également favorable au travail de Rousseau. Bonne musicienne avec du talent pour la gravure, elle commande des œuvres à des artistes tels que François Boucher, Georges de La Tour, l'ébéniste Jean-François Œben ou le graveur Charles louis Cochin. Elle fait nommer son frère, devenu marquis de Marigny, directeur des Bâtiments, et, par là même, permet à ce dernier de contribuer, avec Cochin et Soufflot, à la réaction néo-antique contre le rococo.
La marquise de Pompadour qui symbolise à jamais l'art de vivre généreux, raffiné et léger du Siècle des Lumières  meurt, à 42 ans, le dimanche 15 avril 1764 à Versailles d'une fluxion de poitrine (w). Lors de ses funérailles solennelles, le 17 avril, le roi, qui ne pouvait s'y joindre en raison du protocole, aurait murmuré de sa fenêtre : «La marquise aura mauvais temps pour son voyage !»...
10. 1b. 1 ? Le Normant D'Etiolles est né le mardi 26 décembre 1741, fils légitime de Charles Guillaume Le Normant d'Etiolles et de Jeanne Antoinette POISSON, il ne vécut que quelques mois.
10. 1b. 2 Alexandrine Le Normant d'Etiolles est née le lundi 10 août 1744.
Elle est l'enfant légitime de Charles Guillaume Le Normant D'Etiolles et de Jeanne Antoinette dite La Pompadour POISSON, âgée de 22 ans.
10. 2b Françoise-Louise POISSON est née en 1724.
Elle est l'enfant légitime de François POISSON, Fourrier du duc d'Orléans, puis homme de confiance des frères Paris, âgé de 39 ans, et de Louise-Madeleine de LA MOTHE. Françoise-Louise est leur second enfant.. Toutes les biographies disent qu’elle mourut très jeune mais on ne connaît pas la date exacte de sa mort.
10. 3b Abel François POISSON marquis de Marigny est né en 1725.
Il est l'enfant légitime de François POISSON, âgé de 40 ans, et de Louise-Madeleine de LA MOTHE. Abel est leur troisième enfant. Il sera directeur des bâtiments royaux et développera la manufacture des Gobelins.
Vers 1780, il épouse marie Françoise FILLEUL dont il aura un enfant qui décèdera en bas âge.  Abel François POISSON meurt à Paris le jeudi 10 mai 1781 à l'âge de 56 ans.
Frère cadet de la marquise de Pompadour Abel François Poisson est admis à la Cour à l’âge de vingt ans où « il apportait une jolie figure, de la facilité et du goût ». Il se faisait alors appeler  marquis de Vandières et avait été désigné pour remplacer Lenormand de Tournehem  à la direction générale des bâtiments. En attendant il séjourna une dizaine d’années en Italie avec Soufflot pour se perfectionner dans les arts liés à l’architecture.  A la mort de son père il hérita de la terre de Marigny qui avait été érigée, par Louis XV, en marquisat en 1754 pour Poisson et ses successeurs.  Prenant alors le nom de marquis de Marigny, il eut ce mot célèbre : « on m’a appelé marquis d’Avant hier, on m’appellera encore marquis des Mariniers, sachant que je suis né Poisson ». En 1751, notre marquis succède donc à de Tournehem, fait appeler Soufflot pour construire l’église Sainte Geneviève, fait aménager la place Louis XV (la Concorde) en style néo-antique, développe la manufacture des Gobelins… Il reçoit le cordon de l’ordre du Saint Esprit en 1755 et deviendra conseiller d’Etat d’épée en 1772. En 1780, il vend sa propriété de Marigny et change encore de titre pour se faire appeler marquis de Ménars, du nom de cette terre du Blésois dont il avait hérité de la marquise de Pompadour.  Amis des artistes, Abel François Poisson n’en vendra pas moins l’exceptionnelle collection de livres, de tableaux et de raretés, de sa sœur. Cette vente qui ne dura pas moins d’un an attirait tous les jours une foule nombreuse.

C’est ainsi que pris fin la descendance du modeste marchand bassignot.
«Après nous le déluge !» avait dit la marquise de Pompadour. Ce n’est pas forcément ce que pensèrent les habitants de Provenchères sur Meuse qui ont essayé d’en percevoir quelque avantage, puisqu’à la Révolution ceux ci ont prétendu en avoir obtenu l’affranchissement de toute redevance. L’affaire a été instruite par la direction départementale des biens nationaux, mais elle n’en a pas tiré de conclusion certaine (x). Il faut bien dire qu’à cette époque de nombreuses familles descendaient des grand parents de la Pompadour, et arriver à dissocier l’intérêt personnel de celui de la collectivité ressemblait à une gageure.

Didier Desnouvaux



Notes et sources:
(a)ADHM 260REV2 Racines Haut-Marnaises n°2. Sur la situation de la région  au XVIIème siècle, la lecture de l’histoire de l’abbaye de Morimond par l’abbé Dubois, ou celle de Jonvelle par Girardot de Nozeroy, ainsi que le journal de Clément Macheret  et l’histoire du bassigny champenois de l’abbé Grassot apportent de nombreux témoignages sur les atrocités commises dans cette partie de la Haute Marne.
(b) In Edouard de Barthélémy : Notice historique sur Coiffy le Château. Paris 1866.
(c) In Edouard de Barthélémy. Op cité.
(d) ADHM 1Q1023. mentionné dans un dossier qui intéresse Fresnes sur Apance en 1791-1793
(e) Archives Nationales P221² n°103 mentionné dans la notice Gousselin rédigée par le baron de l’Horme. D’après Jolibois, la ferme de Tourterelles, de construction récente, était sur le territoire de Provenchères sur Meuse. Elle avait été construite fin XVIIème et aurait donc été érigée en fief avant 1693.

(f) Louis François Armand de Vignerot du Plessis, Duc de Richelieu  (1696-1788) et Armande Duplessis de Richelieu sont les enfants d’ Armand Jean 2ème duc de Richelieu et d’Anne Marguerite d’Acigné. Elu à l’unanimité, en 1720, à l’académie française, en sa qualité d’arrière neveu du cardinal fondateur alors qu’il ignorait totalement l’orthographe et était incapable d’écrire un discours. 
(g) Fille de Gabriel François de LAVAULX & de Catherine Françoise de LAVAULX-POMPIERRE. Elle décèdera le 7 décembre 1815 à Fromonville
(h) Né le 26 décembre 1716 à Langres.  Il est peut être parent de l’académicien Jean Barbier d’Aucour (1635-1694), mais ne peut en aucun cas être son neveu comme indiqué dans toutes les biographies parce que 80 ans séparent les naissances des deux personnages ; ce qui semble à priori incompatible.
(i) "Sa famille bien qu'elle possédât en Champagne d'importantes seigneuries, n'était vraisemblablement pas d'origine champenoise mais plutôt normande. Une dame Godard, en exécution d'un arrêt de 1601 signé de Henri IV, avait pu prouver sa noblesse en justifiant sa filiation jusqu'à un certain Laurent Godard, escuyer vivant en 1430. Godard d'Aucour était donc un noble de vieille souche; il possédait un vaste domaine, situé sur l'actuelle limite des départements de l'Aube et de la Marne; il était seigneur marquis des baronnies de Plancy et de Saint-Just et propriétaires des terres et des seigneuries de Longeville, d'Estrelles, de la vicomté de Semoine, de Charny-le-Bachot et d'autres fiefs encore." in Godard d'Aucour ou la vie d'un homme d'esprit.  Une fois de plus, on peut douter de cette ascendance dite de normandie car son père qui s’est marié à Langres SP SP le 24 septembre 1715 était originaire de Chauffourt (52).
(j) Raconté par Voisenon. Anecdotes littéraires. Cité dans 52 écrivains haut marnais.
(k) Ouvrage assez rare jamais réédité. Pissot 1773.
(l) Charge qu’il devait à sa cousine par alliance la marquise de Pompadour

(m) Gousselin. Mémoires
(n) Exilés à la chute du duc de Bourbon, Pâris-Duverney et Jean de Montmartel reviennent sur le devant de la scène après la chute de Fleury.
(o) 30 Décembre: date présumée du baptême de Jeanne-Antoinette à l’église Saint-Eustache (paroisse de St-Roch). L’acte de baptême original a été détruit par un incendie. Le document avait été recopié avant l’incendie : parrain Jean Paris de Montmartel, écuyer, secrétaire du Roy, maison couronne de France et de ses finances. Maraine Antoniette Justine Paris fille d’Antoine Paris, écuyer, trésorier, receveur général de la province de Dauphiné.
(p) Le Normant de Tournehem était l’oncle du mari de la Pompadour, et probablement l’amant de sa mère. Il a en tout cas élevé la petite Jeanne Antoinette pendant que son père était à l’étranger.
(q) Etienne-Francois Choiseul (de), né le 27 juin 1719, Nancy 54, décédé le 8 mai 1785, Paris 75 (à l'âge de 65 ans).Marié le 22 décembre 1750 avec  Crozat du Châtel, née le 28 mars 1737.

(r) Louis François Armand de Vignerot du Plessis, Duc de Richelieu  (1696-1788) dont il a été parlé ci dessus.
(s) In Durand Y., Les fermiers généraux au XVIIIe siècle, Paris, Maisonneuve et Larose, 1996
(t) le marquis de Langeac, neveu de la Pompadour, pourvoyait avec Lebel, valet de chambre, de jolies petites filles de 9 à 12 ans. Certains historiens comme Labarre de Raillicourt ont dit que Lebel était apparenté aux Poisson et que c’est lui qui a introduit madame d’Etiolles au Palais. Cette parenté n’a pas pu être prouvée , même si les Lebel étaient au service de la cour depuis plusieurs générations: Michel I Le Bel le devint de Versailles vers 1661 alors qu’il ne s’agissait encore que d’une simple résidence royale parmi d’autres. Le château prenant de l’ampleur, le rôle du concierge en prit tout autant. Il était l’auxiliaire de l’Intendant. Les Lebel se succédèrent à Versailles de père en fils. À la mort de Dominique guillaume (le célèbre Premier valet de chambre de Louis XV) en 1768, la charge passa à son neveu, Louis-Marie de Boucheman, lui-même valet de chambre du Roi. La parenté de la Pompadour avec Langeac n’est pas plus évidente, et même si étant né La Rochefoucauld et allié à toutes les grandes familles de l’époque, elle ne semble pas aussi proche que celle de neveu/tante.
(u) C’est l’époque des poissonnades, libelles injurieux, satires et chansons répandus dans toute la France, à la Cour et à la ville.ex:    

                            Fille de sangsue et sangsue elle même
                             Poisson d'une arrogance extrême
                            Etale en ce château sans crainte et sans effroi
                            La substance du peuple et la honte du Roi
(v) Voltaire qui lui doit, ainsi qu’à Richelieu, son fauteuil d'académicien et écrira à son propos : «Dans le fond de son coeur, elle était des nôtres ; elle protégeait les lettres autant qu'elle pouvait».
(w) Certains historiens prétendent que c’était d'un cancer du poumon
(x) ADHM 1Q869
généalogie établie à partir des registres paroissiaux des communes concernées ainsi que des ouvrages écrits sur la marquise de Pompadour et des travaux du baron de l'horme.


dimanche 4 octobre 2009

Le piston ne date pas d'aujourd'hui ...

... et cela ne marche pas à chaque fois, même quand on est recommandé par un député !


Transcription d'une lettre autographe de Pierre Mougeotte de Vignes à Duportail , ministre de la guerre datée de Paris le 26 septembre 1791 dans laquelle il demande un poste de capitaine d'infanterie ou de cavalerie pour son frère. Lettre qui a été contresignée par Pierre Antoine Laloy futur conventionnel, Claude Joseph Drevon élu à la Convention, Martin Gombert, Louis Guyardin conventionnel, Jean Antoine Huot de Goncourt et Jean Baptiste Thévenot, tous des haut-marnais notoirement connus:

"15 septembre 1791 Mougeotte des Essarts A Monsieur Duportail ministre de la guerre
Le sieur Claude Hiacinthe Mougeotte des Essarts commandant de la garde nationale d'Humberville, district de Bourmont, département de la Haute Marne, à l'honneur de vous représenter qu'en l'année 1774 il a été reçu dans les gardes du corps de sa majesté où il a servi jusqu'au moment de sa réforme opérée par Monsieur de Saint Germain.
Cette réduction inopinée dans un corps ou il avait déjà servi depuis deux ans en qualité de surnuméraire devant éloigner le moment de son activité, le Sieur Mougeotte des Essarts demanda son congé absolu dans la vue de se prouver plus promptement un état qui mit un terme aux sacrifices que sa famille avait faite et il entra dans la compagnie des gendarmes écossais ou il était déterminé à rester jusqu'à ce qu'il ait obtenu son avancement d'ans l'armée, lorsque sur la fin de l'année 1780, deux de ses proches parents, MM de Curel capitaine au corps du génie et de Rouyer capitaine d'artillerie a régiment d'Auxonne ses oncles et beau frère, lui firent envisager la perspective très prochaine d'un sort plus avantageux d'après les promesses qui venaient de leur être faites par Monsieur le maréchal de Broglie.
Séduit par ces espérances, le sieur Mougeotte des Essarts donna sa démission qui fut acceptée et l'année suivante s'écoula sans qu'on lui ait obtenu son remplacement dans les troupes de ligne.
Depuis ce temps le sieur Mougeotte des Essarts n'a cessé de solliciter, mais obligé d'employer des agents intermédiaires, il a été continuellement oublié parce qu'il a été servi avec insouciance par ceux qui avaient du crédit, et toujours infructueusement par ceux qui n'avaient pas un avis direct.
Ces obstacles n'existent plus; tous les citoyens peuvent faire entendre leur réclamation, ils sont appelés individuellement à servir l'Etat selon leur valeur et leur capacité, lorsqu'il y ont consacré leur vie entière et qu'ils y ont été préparés par une heureuse éducation et le ministre citoyen qui prépare la régénération de l'armée a montré son attachement à ces principes et le déni d'affaires ? jusqu'au souvenir des anciennes injustices.
Plein de confiance dans son équité et son intégrité, le sieur Mougeotte des Essarts s'empresse de lui faire parvenir sa réclamation et il demande  d'être compris dans le nombre des capitaines d'infanterie ou de cavalerie dont la liste sera incessamment mise sous les yeux de sa majesté.
Né pour le service, accoutumé au service, le sieur Mougeotte des Essarts qui n'as âgé que de 34 ans, sait plus que jamais la nécessité impérieuse d'y consacrer sa vie depuis que la révolution lui a fait essuyer et à sa famille des pertes considérables; sa conduite son honnêteté et son patriotisme sont suffisamment attestées par les marques de confiance dont il a été honoré par ses concitoyens électeurs de 1789, il a été appelé aux mêmes fonctions lors de la formation faite au mois de juin 1790 des corps administratifs; nommé dès le mois d'août 1789 commandant de la garde nationale du lieu de son domicile, il a été député pour son district à la fédération nationale, il en a commandé le détachement; voilà ses titres et son espoir est dans vote justice et votre intégrité.
Signé Mougeotte de Vignes, député à l'assemblée Nationale, pour le sieur Mougeotte des Essarts son frère.

Les soussignés députés du département de la Haute-Marne à l'assemblée nationale certifient qu'il est à leur connaissance que le sieur Claude Hiacinthe Mougeotte des Essarts a constamment fait le service de la garde nationale en qualité de commandant de celle d'Humberville; district de Bourmont, département de la Haute Marne depuis sa formation, qu'ils l'ont vu en cette qualité député de son district à la fédération générale du 14 juillet 1790. Les soussignés prennent le plus vif intérêt à la demande du sieur Mougeotte des Essarts dont ils connaissent le zèle et les talents. A Paris le 26 septembre 1791
Signé Laloy. Drevon. Huot Goncourt. Gombert. Guyardin . Thévenot."


Cette requête restera lettre morte car Mougeotte des Essarts n'obtiendra jamais le poste convoité. Mais voyons voir qui étaient tous ces députés signataires ?


Claude Hyacinthe Mougeotte des Essarts (29 mars 1757 - ) épouse une Mollerat mais le couple n'aura pas d'enfant. Il est avant 1789 garde du corps pendant 5 ans, gendarme 6 ans, puis conservateur des bois, chasses et pêches et adjoint au procureur fiscal de la baronnie de Lafauche. La révolution le fait commandant de la garde nationale d'Humberville et assesseur au juge de paix, puis il préside l'administration municipale du canton de Saint-Blin et devient maire d'Humberville.


Pierre Mougeotte de Vignes
Procureur du roi au bailliage et siège présidial de Chaumont depuis 1779, Pierre Mougeotte de Vignes fut élu député du Tiers Etat pour ce bailliage, le 27 mars 1789 avec 930 voix sur 942. Il était né à Vignes, le 7 janvier 1755, de Jean-Maximilien-Pierre Mougeotte, écuyer, lieutenant de la connétablie et maréchaussée de France, seigneur de Vignes, et de Pétronille de Curel. Il avait un frère, qui se fit nommer Mougeotte des Essarts, et une soeur, Marthe-Emilie, née le 24 février 1759, qui épousa, le 15 décembre 1777, le chevalier Claude-Hubert de Rouyer. Le 3 juin 1783, il se maria avec Alexandrine-Anne Boullenger, fille de Claude-Louis, lieutenant criminel au bailliage et siège présidial de Chaumont, et de Marie-Jeanne Maquet. Ils eurent deux garçons morts en bas âge en 1784 et en 1789, et une fille : Alexandrine-Emilie-Pétronille (née le 26 avril 1792) qui mourra le 18 mars 1818, un an après son mariage avec Claude-Joseph Cherrier, sous-préfet de Neufchâteau. A l'Assemblée, il vota avec la majorité. Revenu en Haute-Marne, il poursuivit une carrière judiciaire et politique locale qui fut brisée par son élection, lors des Cent-Jours, à la Chambre des Représentants, où il aurait déclaré : « Jamais Louis XVIII ne périra que de ma main. » Il se retira alors auprès de son frère, à Humberville, où il mourut le 22 novembre 1816.



Pierre-Antoine Laloy (16 janvier 1749 - Chaumont 5 mars 1846) qui sera membre de l'Assemblée législative, de la Convention, du Conseil des Cinq-Cents et du Conseil des Anciens.


Joseph-Claude Drevon
Avocat exerçant à Langres, Joseph-Claude Drevon fut élu député du Tiers état pour le bailliage de Langres au premier tour de scrutin par l'assemblée du 3 novembre 1789, siégeant sans distinction d'ordres, en remplacement de François-Charles Henryot, démissionnaire. Il fut admis à siéger le 13 novembre. Quoique né à Lyon, le 29 septembre 1747, d'André, qui y avait épousé une cousine, Marguerite Drevon, Joseph-Claude était issu d'une ancienne famille langroise : son grand-père paternel, Jean-Baptiste, était libraire à Langres, où il mourra en 1755 et où il avait épousé Anne Diderot (1689-1756), lointaine cousine du philosophe (l'ancêtre commun était Antoine Diderot qui vécut de 1596 à 1664). Le 4 août 1772, Joseph-Claude Drevon épousa à Langres Marguerite Sanrey, fille de Philibert, commerçant en huiles à Voisines, et d'Anne Viney ; elle mourra à Langres le 22 octobre 1811, âgée de 58 ans. Ils eurent 4 enfants : Nicolas-Philibert (1773-1859) qui sera inspecteur de l'Enregistrement et des Domaines à Langres ; Pierre-Louis (1775-1848), conseiller général en 1808 ; Philibert-Joseph, décédé à l'âge de un mois en 1779 ; Marie-Anne-Marguerite-Joséphine (1785-1866). Franc-maçon depuis 1781, il approuva en 1789 les idées nouvelles ; le 9 août 1790, il prit la parole au sein de la Constituante pour défendre les attributions du ministère public dans l'organisation judiciaire. Elu maire de Langres le 15 novembre 1791, il refusa le poste de député à la Convention en 1792, mais siégea en 1799 au Conseil des Cinq-Cents où il appuya le coup d'État de Brumaire. Il fut ensuite président du tribunal civil de Langres du 5 juin 1800 à son décès, le 14 novembre 1823.


Martin Gombert
Notaire de 1772 à 1786, Martin Gombert exploitait des terres qu'il possédait à Mareilles lorsqu'il remplaça, le 23 décembre 1789, Jean-Baptiste Morel, démissionnaire de son mandat de député du Tiers état du bailliage de Chaumont. Il avait été élu suppléant le 28 mars, en raison de l'absence de Jean-Baptiste Morel, par 850 voix sur 889. Il était né à Chaumont, le 29 mars 1749, de Jean-Baptiste, marchand de bois, et de Marguerite Légevin, issue d'une famille d'épiciers ; ses parents s'étaient mariés à Chaumont, le 10 juin 1748 ; sa mère mourut à 28 ans, le 30 mai 1754 après avoir donné le jour à un autre fils, Jean-Baptiste, le 15 avril 1751. Les registres paroissiaux indiquent le décès, le 6 février 1754, d'une fille de ce couple prénommée Jeanne et «âgée de 2 ans ». Je n'ai pas trouvé d'acte de naissance, à Chaumont, de cette fillette : peut-être s'agit-il d'une erreur pour Jean-Baptiste (dans l'acte, « Jeanne » est écrit avec une encre plus pâle et, si « âgée » est au féminin, « décédé » est au masculin !). Quoi qu'il en soit, Jean-Baptiste Gombert, le père, se remarie dès le 10 décembre 1754 avec Marie Brotte. Martin aura deux demi-soeurs : Barbe, née le 2 octobre 1755 et Marie, née le 23 avril 1757, qui épousera en 1785 François Godinet, juré-priseur, vendeur de biens meubles, et qui, grâce à de nombreux trafics lors des ventes des biens nationaux, acquerra l'une des plus grosses fortunes du département. Les affaires de Martin Gombert marchaient moins bien que celles de son beau-frère : obligé de revendre sa charge de notaire en 1786, sans aucun bénéfice, il se retire à Mareilles pour cultiver les biens de son beau-père, Pierre Gattrez, marchand de bois et de clous, époux de Marie Delyon, et dont il avait épousé la fille, Marie, le 20 juillet 1773 à Mareilles. De ce mariage sont nés à Chaumont : Marguerite (née le 30 mai 1774), Philippe (né le 22 septembre 1776) et Philippe-Martin (né le 14 décembre 1780). Jouant en général un rôle effacé à l'Assemblée, il fut cependant remarqué car il prit position contre les émigrés dès le 11 juin 1791. Revenu en Haute-Marne, il occupera plusieurs fonctions d'administrateur, dont celle de président du district de Chaumont, jusqu'à la réaction thermidorienne qui le poussera à retourner cultiver ses terres avec son gendre, Pierre-Nicolas Godet. Il mourra à Chaumont, le 9 avril 1808.


Louis Guyardin
Lieutenant particulier au bailliage de Langres, depuis le 12 février 1783, après avoir été avocat en Parlement, Louis Guyardin fut élu député suppléant de ce bailliage, après deux tours de scrutin, par l'assemblée convoquée sans distinction d'ordres, le 3 novembre 1789. Il remplaça le cardinal de La Luzerne, démissionnaire. Il était né à Dommarien, le 21 janvier 1758, de maître Jean-Baptiste Guiardain, chirurgien juré et de demoiselle Barbe Gallois, qui s'étaient mariés à Dommarien le 24 février 1756. Leur acte de mariage nous apprend que l'époux était fils de feu Denis Guiardin, chirurgien à Langres, et de Jeanne Aubry, neveu de Simon Guiardin, notaire au comté de Montsaulgeon, et frère de Simon Guiardin, capitaine résidant à Langres; l'épouse, âgée de 29 ans, était fille de Louis Gallois, procureur fiscal en la justice de Dommarien et de feue Anne Perriquet, nièce de François Perriquet, curé de Percey-le-Petit et de Pierre-Bénigne Perriquet, procureur fiscal en la justice de Montigny-sur-Vingeanne, soeur de Claude Gallois, conseiller du Roy élu en l'élection de la ville de Langres et de Pierre-Bénigne Gallois, notaire royal à Montigny-sur-Vingeanne. Louis eut deux frères : un anonyme, né et mort le 17 décembre 1756 et Simon-Nicolas, né le 3 avril 1760, et une soeur, Barbe-Nicole (2 février 1759-4 février 1759). Louis Guyardin épousa le 6 octobre 1783 Marie-Henriette Le Clerc de Vodonne, fille d'Etienne-Pierre, chevalier d'honneur aux bureau des finances et chambre des domaines de Paris, et de Marie Françoise Pulchérie Andrieu de Tornay. Jolibois note qu'il « vota toujours avec le parti le plus avancé de l'Assemblée ». Député à la Convention en 1792, il y vota la mort du Roi en affirmant : «Il répugne à ma raison de pardonner au chef, lorsque j'ai condamné les complices.» Après avoir été député de l'Ardèche au Conseil des Cinq-Cents, il devint président du tribunal criminel de la Haute-Marne, puis conseiller à la Cour de Dijon ; mais, frappé par la loi du 12 janvier 1816 contre les régicides, il se retira en Suisse. Baptenstein, dans sa Petite biographie conventionnelle publiée à Paris en 1816 écrit : « On assure qu'il vient de mourir en Allemagne, où il allait chercher un asile ». En fait, il était mort à Fribourg, en Suisse, le 14 avril 1816.


Jean-Antoine Huot de Goncourt
Avocat à Bourmont, Jean-Antoine Huot, seigneur du fief de Goncourt, réussit, le 24 août 1789, à se faire admettre comme membre de l'Assemblée nationale, à titre supplémentaire, en tant que représentant du Bassigny Barrois pour le Tiers état. Il était né à Bourmont, le 16 avril 1753, d'Antoine Huot, qui fut avocat, notaire, procureur, et de Marie-Catherine Huvet qui était née vers 1733 de Nicolas et d'Elisabeth Diez. Antoine Huot mourra le 20 décembre 1809 ; de son mariage avec Marie-Catherine Huvet, célébré le 11 avril 1752, il eut, outre Jean-Antoine : Nicolas (né le 24 mai 1755, mort à 5 ans) ; Marie-Anne-Claire (née le 23 mars 1757), mariée le 5 août 1776 à l'avocat Melchior Febvrel ; Jacques-Antoine (né le 30 avril 1759), avocat, qui épousera à Maisoncelles, le 7 février 1785 Françoise-Ursule de Wichanges ; Jean-Baptiste (né le 20 janvier 1762) ; Thérèse-Sébastienne (née le 23 janvier 1765) qui se mariera le 23 septembre 1793 avec Antoine François Baudel de Létang ; Marie-Catherine (née le 4 octobre 1767). Jean-Antoine Huot épousa vers 1780 Marguerite-Rosé Diez, née le 18 novembre 1758 à Breuvannes, de François Diez, avocat, et de Marguerite-Rosé Aubert. Elle était soeur de Jean-Baptiste, avocat à Bourmont, et d'Elisabeth-Bathilde, épouse d'un sous-inspecteur des Eaux-et-Forêts, François-Joseph Henrys des Noizet. Ils eurent trois enfants: Marguerite-Rosé (née le 28 juin 1781) ; Pierre-Antoine-Victor (29 juin 1783 - 12 juillet 1857) qui épousera Virginie Henrys et sera député des Vosges ; Marc-Pierre (né le 28 juin 1787), marié à Annette Cécile Guérin dont il aura deux fils qui deviendront célèbres : Edmond et Jules. A l'Assemblée, il parviendra à obtenir la création du district de Bourmont, élément constitutif du département de la Haute-Marne. Il sera élu le 23 mai 1791 secrétaire de l'Assemblée nationale sous le nom de « Huot-Goncourt », la particule, récente dans le nom de sa famille, n'étant plus très à la mode. Son mandat terminé, Jean-Antoine Huot (de) Goncourt redevint avocat à Bourmont et fut conseiller général de la Haute-Marne avant d'être magistrat de la Sûreté impériale à Neufchâteau, où il mourut le 18 septembre 1832.


Jean-Baptiste Thévenot de Maroise
Avocat au Parlement de Paris de 1760 à 1774, puis lieutenant général civil, criminel et de police au bailliage de la duché-pairie de Langres, Jean-Baptiste Thévenot de Maroise fut élu député du Tiers état de ce bailliage le 29 mars 1789 au premier tour de scrutin. Il était né à Coiffy-la-Ville (actuellement Coiffy-le-Bas) le 27 décembre 1737, de Jean-Baptiste Thévenot, seigneur de Maroise, avocat en Parlement, procureur en la prévôté royale de Coiffy, et d'Elisabeth Atthalin, fille de Claude, procureur fiscal et notaire, et de Marguerite Parisot. Ses parents moururent à Langres, respectivement le 19 mars 1769 et le 25 juillet 1775 ; il était petit-fils d'Etienne Thévenot, seigneur de Maroise, maître chirurgien, et d'Agnès Barthélémy, fille de Pierre, avocat. Les frères et soeurs de Jean-Baptiste étaient nés et souvent morts à Coiffy-la-Ville : Jeanne-Marie (née le 26 novembre 1721) ; Claude-François (13 novembre 1722 - Vesoul 23 juillet 1797) qui deviendra, sous le nom de Thévenot de Saulles, avocat général du conseil supérieur à Orléans ; Marguerite-Pierrette (24 juillet 1724 - 14 août 1724) ; Jean-François (9 janvier 1726 - Langres 10 septembre 1783), futur avocat sous le nom de Thévenot de La Pommeraye ; Anne (11 avril 1727 - Langres 28 octobre 1795) ; Jeanne-Marguerite (20 août 1728 - 18 janvier 1730) ; Cécile (née le 25 avril 1730) ; Jeanne-Françoise (9 octobre 1731 - 8 janvier 1755) ; Marie-Agnès (3 février 1733 - Langres 31 mai 1800) ; Jeanne-Gabrielle (5 novembre 1736 - 7 mars 1737) ; Marie-Gabrielle (23 mars 1740 - 1er décembre 1761). Jean-Baptiste Thévenot de Maroise épousa à Langres, le 27 avril 1773, Charlotte Rivot de Bazeuil, née à Langres, le 5 février 1754, de Marie-Antoine-Bernard-Claude Rivot de Bazeuil, qui sera maire de Langres en 1779, et de Madeleine Delecey de Récourt. Ils divorcèrent le 15 avril 1798, après avoir donné naissance, à Langres, à César-Guillaume- Antoine (26 septembre 1774 - Coiffy-le-Bas 17 janvier 1866), futur docteur en médecine, Jean-Baptiste-François (né le 19 mai 1775), officier tué au combat en 1807, Antoine (9 avril 1778 - 5 novembre 1785), Pauline-Geneviève-Marie (15 mai 1780 - Coiffy-le-Bas 6 septembre 1854), Madeleine-Elisabeth-Marie (13 février 1783 - 2 avril 1784), Frédéric-Auguste-Louis (né le 19 janvier 1785), Elisabeth-Marie-Constance (6 août 1788 - 21 août 1788) et Louis-Charles-Philippe (28 juillet 1789-29 mai 1811). Il accomplira un nouveau mandat politique en devenant conseiller général sous l'Empire, et mourra à Coiffy-le-Bas le 17 septembre 1811.

Didier Desnouvaux