ou quand l'injustice s'en mêle.
Dans l'article publié sur la saga de la famille Jobard, Alphonse Jobard avait apprit entre 1837 et 1840 qu’un « crime avait été commis dans son village depuis son absence, et que les accusés avaient été acquittés par le tribunal de Langres », qui avait alors à sa tête le juge Bardonnaut. Dans cette période, aucun crime ne semblait avoir été commis à Baissey. C'était restreindre un peu trop la recherche. En réalité Alphonse Jobard était absent de France depuis près de vingt ans, et c'est un journal australien "The Sydney Gazette and New South Wales Advertiser" qui dans son numéro du 25 avril 1827 donne probablement la solution en page 4 sous le titre "DREADFUL MURDER. Langres, Nov 13....A dreadful crime was committed on the 7th June last year in the commune of Baissey, in the Arondissement of Langres..." sur un nommé Jacob.
Les registres d'état civil des années 1827 et 1826 de Baissey ne comportent aucun décédé du nom de Jacob en juin. Par contre en 1825, le 7 juin, on trouve le décès de Jacob Jean Pierre. L'acte a été établi à sept heures du soir sur les déclarations de Jean Baptiste Jacob vigneron, père, et de Nicolas Gautherot, 54 ans cultivateur à Baissey, ainsi que de Pierre Cardinal, maçon 36 ans, qui ont dit que "Jean Pierre Jacob est mort au domicile de son père âgé de treize ans de la faute d'un assassinat commis sur sa personne aujourd'hui de quatre à six heures du soir" (Site des archives départementales de Haute-marne: image référencée AD52_1E0035_005_001_0017.jpg) [1]. Nous sommes donc bien en présence du même crime puisque le nom de famille et la date du décès correspondent. Voici ce qu'en dit le journal australien:
Les registres d'état civil des années 1827 et 1826 de Baissey ne comportent aucun décédé du nom de Jacob en juin. Par contre en 1825, le 7 juin, on trouve le décès de Jacob Jean Pierre. L'acte a été établi à sept heures du soir sur les déclarations de Jean Baptiste Jacob vigneron, père, et de Nicolas Gautherot, 54 ans cultivateur à Baissey, ainsi que de Pierre Cardinal, maçon 36 ans, qui ont dit que "Jean Pierre Jacob est mort au domicile de son père âgé de treize ans de la faute d'un assassinat commis sur sa personne aujourd'hui de quatre à six heures du soir" (Site des archives départementales de Haute-marne: image référencée AD52_1E0035_005_001_0017.jpg) [1]. Nous sommes donc bien en présence du même crime puisque le nom de famille et la date du décès correspondent. Voici ce qu'en dit le journal australien:
"Un crime affreux a été commis le 7 juin de l'année dernière dans la commune de Baissey, dans l'arrondissement de Langres. Ce qui suit correspond aux principaux faits exposés au cours de l'accusation : M. Jacob, un vigneron et sa femme, sont venus passer une partie de la journée avec leur fils aîné dans un champ de chanvre situé à proximité du village. Ils sont rentrés à leur domicile pour coucher leur plus jeune fils âgé de 13 ans, suite à une indisposition. A 1 heure (note: treize heures), le père est revenu pour voir comment il allait, et il est resté trois heures avec lui. Il est alors retourné à ses travaux, ayant fermé la porte derrière lui. Quand la famille est revenue à six heures du soir, ils ont trouvé la porte ouverte et la clé dans la serrure. Ils ont tout d'abord pensé que l'enfant était sorti, mais la mère, qui est entrée la première à la maison, observa que la commode avait été ouverte et son linge dispersé. Elle s'est précipitée à l'intérieur de la chambre, où la première chose qui a attiré son regard était son fils, étendu sur le plancher de l'étage, et qui baignait dans son sang. Le père est ensuite entré, attiré par ses cris : l'enfant respirait toujours ; mais une fois placé sur le lit, il a ouvert les yeux, bougé les lèvres et a ensuite expiré. Le sang qui a coulé de son corps et les fractures sur son crâne, n'ont laissé aucun doute sur la cause de sa mort. Il avait reçu six coups sur la tête avec un marteau qui avait écrasé l'os. L'instrument avec lequel il avait été assassiné a été retrouvé, près du feu dans la cuisine, couvert du sang et des cheveux. Le cou de l'enfant portait les traces d'ongles, montrant apparemment que le meurtrier avait tenu sa victime d'une main à la gorge, tandis qu'il la frappait avec l'autre. Vue l'état des meubles, il était évident que le vol avait été le motif de ce crime affreux. La justice s'était fourvoyée quelque temps dans sa recherche des criminels. Enfin, suite à certains découvertes faites sur une famille nommée Vallot, deux habitants de la commune ont été arrêtés, qui se sont ensuite trouvé être innocents. Entre-temps, la conduite singulière de la femme Vallot, de sa fille et de sa belle-fille, ont attiré l'attention des autorités. Il avait été remarqué que, dans la soirée du 7 juin, elle ne portait pas les mêmes vêtements qu'elle avait sur elle pendant le reste de la journée. Il a été remarqué, que les tresses qu'elle avait d'habitude sur ses chaussures, avait été enlevées. Il a été vu des gouttes de sang sur ses chaussures, et on a remarqué trois gouttes de sang sur son tablier, qu'elle a dit être des gouttes de vin. La belle fille du côté du conjoint a, un jour, été entendue disant, à sa belle-soeur [2], "En quoi sa mère est-elle concernée par cette affaire ?" "De quoi vous occupez vous," a répondu l'autre, "Ce qui est fait, est fait." Plusieurs autres remarques qui ont été entendues par des diverses personnes semblaient indiquer sa culpabilité. Dès que ces faits ont été connus de la Justice, la femme Vallot a été arrêtée. Pendant l'interrogatoire elle a adopté un unique système de défense. A toutes les questions qui lui étaient posées, sa réponse était invariablement, "je ne suis pas coupable. Messieurs; vous pouvez faire ce qu'il vous plaira avec moi." L'accusation a été conduite par M. Royer, l'avocat du Roi. L'avocat de la défense a employé tous ses efforts à instiller des doutes dans l'esprit du Jury, insistant principalement sur le fait que personne n'avait vu la prisonnière entrer ou sortir de la maison de Jacob. Le Président, après avoir fait un résumé lucide et impartial, a soumis les questions suivantes au Jury: 1) "est-ce que la femme Vallot est coupable du meurtre prémédité du jeune Jacob ?" 2) "Est ce que le meurtre a été commis avec
l'intention de voler ?". La réponse a été affirmative pour la première question et négative pour la deuxième. La prisonnière a été par conséquent condamnée aux travaux forcés à perpétuité."
l'intention de voler ?". La réponse a été affirmative pour la première question et négative pour la deuxième. La prisonnière a été par conséquent condamnée aux travaux forcés à perpétuité."
Contrairement à ce qui a été dit par Jobard, il n'y a pas eu d'acquittement dans cette affaire. A moins qu'il n'y ait eu un appel qui rendit un tel verdict. Alphonse Jobard se serait mit en œuvre de trouver de nouvelles preuves de la culpabilité des deux meurtriers, et aurait fait réouvrir le procès qui aboutira à la condamnation à mort des accusés. Avons nous retrouvé le bon crime car Jobard prétend que le juge Bardonnaut était le coupable de cette erreur judiciaire, tandis que la presse australienne avance le nom de Royer. Ceci pourrait étayer la théorie de l'appel qui aurait alors acquitté la prévenue. A la limite peu importe. Jobard s'est probablement inspiré de ce crime commis dans son village pour "chansonner la justice de Langres". Cela a failli lui coûter la prison. Il ne dut son salut qu'à la fuite à l'étranger. Il faudrait retrouver sa satyre ou d'autres pièces du procès pour espérer en avoir la certitude. Une fois de plus la preuve est faite de l'intérêt de consulter la presse pour les recherches généalogiques. Certains évènements sont parfois connus à l'autre bout du monde. Mais de là à aller chercher systématiquement en Australie ….
Didier Desnouvaux
Renvois:[1] Il n'y a pas le nom de la mère dans l'acte de décès. Mais le seul couple qui puisse correspondre est le suivant: Jean Baptiste Jacob et Marie Depetasse qui se sont mariés le 20/01/1807 à Baissey.
[2] Les Vallot inquiétés dans cette affaire étaient aussi implantés à Baissey depuis les années 1650. Ils étaient peut être apparentés avec les Jacob du côté des Depetasse. Le manque d'indication du nom des parents dans les actes ne permet pas d'en avoir la certitude.
Sources:
Archives départementales de Haute-marne: Etat civil de Baissey
http://newspapers.nla.gov.au/