lundi 5 décembre 2011

La comédie humaine...

Que de tragédies !

    Tout généalogiste haut-marnais qui se respecte cherche à connaître la vie de ses aïeux. Et ce n’est pas chose facile. C’est encore plus difficile de connaître les circonstances de leur mort. Or des sources d’archives auxquelles nous pensons peu peuvent apporter des réponses. Il s’agit du 71M1 qui enregistre les crimes et délits de la période 1854-1860. Certes tous nos aïeux n’ont pas été assassinés, et heureusement. Mais cette cote recense aussi les morts accidentelles et les suicides qui y sont assimilés. Ainsi pendant le deuxième semestre 1860 sont décédés de manière accidentelle :

Le 03/08 BARROIS Jacques 58 ans, de Charmes la Grande, par strangulation accidentelle (suicide)
Le 06/08 DUFRAISSE Léonard maçon à Poinson les Fayl meurt accidentellement dans des circonstances qui ne sont pas indiquées.
Le 18/08 URBAIN Charles Henry, 8 ans à Auberive. Il est tué par la chute d’une pierre de la caserne de gendarmerie d’Auberive. Comme quoi tous les bâtiments publics n’étaient pas toujours bien entretenus.
Le 06/09 LESPRIT Emile 16 ans, d’Arbot, meurt écrasé dans une carrière de sable. Un accident de travail malheureusement fréquent à toutes les époques.
Le 07/09 MIELLE, 43 ans, tailleur d’habits de Chalancey meurt accidentellement par suite de congestion. Un comble, si les cordonniers sont les plus mal chaussés, les tailleurs d’habits ne sont parfois pas assez vêtus !
Le 12/09 GILBERT Sylvain, 32 ans, de Villegusien meurt écrasé sous sa voiture. Si cela ressemble à un accident, c’est parfois aussi une forme de suicide que de se jeter sous les roues d’un chariot.
Le 14/09 ROBERT Claude, 50 ans, est tombé dans une mare de 2 mètres de profondeur à Droyes. Il s’y est noyé.
Le 27/09 REMY Jules 18 mois de Puellemontier s’est noyé en voulant ramasser une pomme qui était tombée sur le bord de la rivière de Voivres. Comme quoi il n’y  a pas qu’aujourd’hui que les parents laissent négligemment leurs enfants seuls….
Le 30/09 LEGRAND Amédée 9 ans de Nully, trouvé noyé dans une mare d’eau
Le 06/10 GAUDET Emile, 16 ans, d’Esnoms, est tué par un coup de fusil à la chasse.
Le 07/10 MORISOT Jules 15 ans, de Sexfontaines, est écrasé sous la voiture qu’il conduisait
Le 17/10 PAINTENDRE Marie, fille de 3 ans et demie d’Harréville les Chanteurs, a été broyée dans les engrenages d’un moulin.
29/10 MENAGE Henry, 2 ans, s’est noyé dans un lavoir à mine à Poissons, où il était tombé accidentellement.
01/11 PARISOT Pierre de Frampas meurt des suites d’une chute à 50 ans.
07/11 COUTAUT Jean Baptiste 60 ans se suicide par submersion à Rochefort sur la Côte.
02/12 GERARD François, 34 ans, meurt des suites d’une chute à Attancourt.
06/12 JOLIVET Marguerite, femme HAUTEPLAIN, se suicide par strangulation à Charmoy, à cause de « chagrins de famille ».
11/12 LEGOUX Louise, 39 ans, se suicide par empoisonnement à Chaumont. Elle était accusée de vol.

    Il reste toujours possible qu'un homicide ait été  maquillé en suicide ou en accident, mais c'est une autre histoire.

mardi 8 novembre 2011

Un haut-marnais empereur de Chine !

Nicolas Paris

Le 4 avril 1877 paraît dans le Shanghaï Courier un article libellé en langue anglaise et pour le moins mystérieux. On y apprend qu'un nommé Paris, envoyé du ciel, est arrivé pour instaurer la paix dans le monde. Paris s'annonce comme étant le futur Empereur de Chine.



 
N'ayant probablement pas été prix au sérieux, un nouvel article est publié dans le même journal. Il est en français cette fois, et est daté du 26 septembre 1877. Paris annonce la conquête de la Chine et le renversement de la dynastie régnante. Rien que ça! Et pour couronner le tout, il donne le détail de l'itinéraire qu'il va suivre à partir du lendemain 27 septembre.









Si nous devons considérer qu'il a scrupuleusement respecté celui ci, il se trouve à Pow-Ting le 7 novembre 1877. C'est la veille de son arrestation. Et il était temps puisque son entrée dans Pékin était annoncée pour le 12 du même mois. Nicolas Paris, puisque telle est son identité, était porteur d'une proclamation dans laquelle il venait renverser la dynastie régnante.
Nous pourrions dire dans le language actuel: "même pas peur!" Si c'est ce que pensent les chinois, cela ne semble pas être l'avis de tout le monde.

Qui l'arrêta le 8 novembre? Probablement les autorités du consulat français. Toujours est-il que les affaires ne traînent pas. En effet, le 9 novembre, Nicolas Paris est mis contre son gré à bord du navire l'Amasone qui appareille le même jour à destination de Marseille. Le consul de France jugeant qu'il pouvait attirer des ennuis à notre pays, mais estimant par ailleurs que Paris ne devrait encourir aucune poursuite étant manifestement dérangé.
Pendant ce temps les autorités administratives mènent leur enquête et découvrent que Nicolas Paris a sa mère qui habite à Chaumont, 8 rue de la loi (Comprendre rue Laloy), et qu'elle est veuve. Au premier abord Nicolas Paris a de l'argent sur lui. Une somme de 400 Francs pour être plus précis. Les services de l'Etat décident de la lui confisquer et de transmettre le reliquat de cette somme à sa mère, une fois payés les 276F de traversée en 4ème classe, l'hébergement, et le train pour le ramener à Chaumont.
Nicolas Paris débarque à Marseille, sous bonne escorte, le 17 décembre. Le 18, le préfet des Bouches du Rhône annonce à son collègue de Haute-Marne qu'il doit remettre la somme de 60.25F à madame veuve Paris et l'inciter à surveiller son fils. Le représentant de l'état dans le département en accuse la remise à madame Paris le 28 décembre. Nicolas Paris doit alors être de retour en Haute-Marne.

Reste une question en suspens à laquelle il n'y a pas de réponse: Comment un déséquilibré à t-il pu obtenir un passeport pour quitter la France et être en possession d'une somme d'au moins 400Francs ?
Nicolas Paris naît à Chaumont le 12 novembre1849 dans le foyer de Jean Louis Paris, 40 ans, chamoiseur, et de Madeleine Thévenin, 38 ans. En 1877, sa mère est veuve depuis peu. En effet, Jean Louis Paris est décédé à Chaumont le 17 juin 1876. Il était alors âgé de 67 ans, 4 mois et 23 jours. Il faut peut être y voir dans la liquidation de la succession de son père l'origine des 400 francs que possédait Nicolas Paris lors de son arrestation. Peut être même que le décès de son père a sérieusement perturbé l'esprit de ce jeune homme qui devait être bien portant, ou suffisamment pour donner le change, au moment de la délivrance de son passeport pour l'Empire Céleste.

Sources: Archives départementales de Haute-Marne 85M8

dimanche 9 octobre 2011

Un géographe méconnu

Pierre Gilles Chanlaire


Si les trois ingénieurs géographes haut marnais qui firent partie de l'expédition d'Egypte sont aujourd'hui connus des amateurs d'histoire locale, il n'en est pas de même de Pierre Gilles Chanlaire à tel point que même ses prénoms sont ignorés. Le seul qui lui ait consacré un article, c'est à dire Jolibois, se trompe dans ses prénoms. Il l'appelle Pierre Gabriel, d'autres Pierre Grégoire; mais c'est en réalité Pierre Gilles ainsi qu'il résulte de son acte de naissance enregistré à Wassy le 21 juin 1758. C'est le fils de Pierre Gilles Chanlaire (1728-1803), conseiller du roi, procureur des Eaux et Forêts et de Marie Thérèse Gantois (1737-1817).
On ne connaît pratiquement rien de la vie de Pierre Gilles Chanlaire. Tout juste sait-on qu'il était attaché au bureau topographique du cadastre. Mais il semblerait que ce soit une vocation tardive. Il est dit écuyer, puis avocat au Parlement de Paris en 1780. La Révolution l'aurait incité à changer d'orientation et à apprendre la géographie. Nommé dans un premier temps à l'administration centrale des Eaux et Forêts (au tout début du 19e siècle), il y est chargé du cadastre, puis il devient de 1803 à 1808 directeur du cours de géométrie et du bureau topographique du Cadastre. Pierre Gilles Chanlaire décède le 8 mars 1817  Paris, à l'âge de 58 ans. Marié le 26 avril 1787 avec Angélique-Emilie Vermeil (1769-1838), celle ci lui donna deux enfants:
Angélique-Claire Chanlaire (10 mai 1788 Paris - 9 septembre 1877) qui épouse Ferdinand Fossé (1780-1864) conseiller référendaire à la cour des comptes.
Pierre-Gilles Chanlaire (?- 23 décembre 1870 Cannes) officier des eaux et forêts

On doit au géographe Pierre Gilles de Chanlaire de nombreuses et importantes études géographiques et statistiques parfois rédigées avec d'autres spécialistes (liste non exhaustive):
- Carte géométrique des routes de postes de la république française et des pays qui l'avoisinent comprenant l'ancien et le nouveau territoire de la France divisé en départements d'après les derniers traités de paix . L. Capitaine et P. G. Chanlaire. A Paris, chez Goujon, rue du Bac . (entre 1793-1797)
- l'Atlas de la partie méridionale de l'Europe, en 1801,
- le Nouvel atlas de la France divisée par départements, arrondissements et cantons, en 1802,
- Tableau général de la nouvelle division de la France, Paris, 1802, in-4 ;
- Atlas de grandes cartes du théâtre de la guerre en Orient, de l'Égypte, du Rhin et de la Belgique,
- Carte itinéraire indiquant la marche des armées françaises en Allemagne et en Italie faisant suite à la carte en 8 feuilles de L. Capitaine... début XIXème
- Carte des neuf départements qui forment la nouvelle division de la Belgique comprenant la détermination de toutes les municipalités et communes de son territoire pour l'intelligence de la nouvelle carte en 65 feuilles d'après Ferraris. L. Capitaine et P.G. Chanlaire, an IV.
- Carte du théâtre de la guerre en orient . Mentelle. P.G. Chanlaire. . An VII (1798-1799).
- Carte d'Espagne et de Portugal en neuf feuilles par E. Mentelle, membre de l'institut national des sciences et P.G. chanlaire, l'un des auteurs de l'atlas national (début XIXème)
-Carte des treize départements réunis au territoire de la république française comprenant la ci-devant Belgique et les pays conquis jusqu'à la rive gauche du Rhin... . L. Capitaine et P.G. Chanlaire, an IX
- Carte de l'ancien royaume de Pologne, partagé entre la Russie, la Prusse et l'Autriche par les traités successifs de 1772, 1793 et 1795 contenant aussi le royaume de Prusse ». E. Mentelle et P. G. Chanlaire. (Fin XVIIIe s.)
- Département du Mont Tonnerre divisé en 4 arrondissemens et en 38 cantons . Extrait de l'Atlas national de la France. A Paris, chez P.G. Chanlaire et la Veuve Dumez, 1806.
- Département de Rhin et Moselle divisé en 3 arrondissemens et en 30 cantons . Extrait de l'Atlas national de la France. A Paris, chez P.G. Chanlaire et la Veuve Dumez, 1806
- Département de la Sarre divisé en 4 arrondissements et en 34 cantons . Extrait de l'Atlas national de la France. P.A.F. A Paris, chez P.G. Chanlaire et chez la Veuve Dumez, 1806
- Département de la Lys divisé en 4 arrondissements et en 36 cantons . Extrait de l'Atlas national de France. P. A. F A Paris, chez P.-G. Chanlaire et la veuve Dumez . 1806     
- Département de Marengo divisé en 3 arrondissements et 31 cantons. P.A.F. A Paris, chez P.G. Chanlaire, rue Geoffroy Langevin, et chez la veuve Dumez, rue de la Harpe (Après 1806).
- Département de la Sesia divisé en 3 arrondissemens et en 25 cantons ». P. A. F.. A Paris, chez P. G. Chanlaire, rue Geoffroy Langevin et chez la veuve Dumez, rue de la Harpe. Extrait de l'Atlas national de la France . (après 1806)
- En 1808 il commença à publier les premiers numéros de la Description topographique et statistique de la France qui paraîtra dans son intégralité en 2 vol.in-4 en 1810
- l'Atlas général de la France conformément au traité de Paris(en 86 cartes), publié un an après sa mort
- Atlas de la partie méridionale de l'Europe : dressé sur la méridienne de Paris et composé de 40 feuilles ...
-  Atlas National portatif et routier de la France, composé de cartes générales, et d'une carte particulière pour chaque département: nota. pour faciliter les recherches, tant dans le grand Atlas National (dont celui-ci offre la réduction au tiers), que dans la Carte de France publiée par Cassini, les lignes de cadre de chaque feuille de cette carte sont tracées sur chaque département    (1816)
- Atlas universel de géographie physique et politique, ancienne et moderne,...    Edme Mentelle et PG Chanlaire
- Carte chorographique de la Belgique en soixante neuf feuilles dressée d'après celle de Ferraris: augmentée et publiée par L. Capitaine 1er ingénieur et associé à la Carte générale de France en 180. feuilles: et P.G. Chanlaire aussi associé à l'entreprise de cette carte et l'un des auteurs de l'Atlas national (1792)
- Carte d'Espagne et de Portugal en neuf feuilles (1807)    
- Carte de la Hollande divisée en neuf départemens / par E. Mentelle et P. G. Chanlaire (1799)
- Carte des treize départements de la Belgique et de la rive gauche du Rhin comprenant la détermination de toutes les municipalités et Communes de ce territoire par Louis Capitaine du Chesnoy et Pierre Gilles Chanlaire 1807
- Carte des treize départements réunis à la partie septentrionale de l'empire français: comprenant la Belgique et les pays conquis à la rive gauche du Rhin: divisée en préfectures, arrondissements communaux, et justices de paix indiquant les villes, bourgs et villages de ces départements par Louis Capitaine du Chesnoy et Pierre Gilles Chanlaire 1807
- Carte du département de la Dyle. 1807    
- Carte du théâtre de la guerre en Orient / publièe par E. Mentelle et P. G. Chanlaire ; le fond de cette carte est de feu J. B. Laborde ; les citoyens Mentelle et Chanlaire y ont fait les corrections et augmentations dont elle a paru susceptible (1792-1797)    
- Carte générale de l'Italie et de la côte orientale de la mer Adriatique: par P.G. Chanlaire, l'un des auteurs de l'Atlas national    
- Carte générale et politique de l'Asie. 1807        
- Carte géométrique des routes de postes de la République française et des pays qui l'avoisinent : comprenant l'ancien et le nouveau territoire de la France, divisé en Départements, d'après les derniers traités de paix / par L. Capitaine ... et P. G. Chanlaire    
- Carte itinéraire de l'Empire français et du Royaume d'Italie / par P. G. Chanlaire, l'un des auteurs de l'Atlas national ; terminé par P. F. Tardieu    
- Carte physique et politique de l'Egypte / par E. Mentelle et P. G. Chanlaire    
- Département de la Dyle: divise en 3 arrondissemens et en 30 cantons Pierre G. Chanlaire, Edme Mentelle, 1798-1799
- Atlas universel de geographie physique et politique, ancienne et moderne. Par Chanlaire, mongez, Mentelle, André, Tardieu
- Planisphère en quatre feuilles; réunies de manière a ne point diviser le grand océan ou la mer du sud. Mentelle, Chanlaire. 1808    
-  Atlas universel de géographie physique et politique, ancienne et moderne.; Mentelle, Chanlaire, Tardieu. 1807    
    
En dehors de ces documents bien connus, nous avons retrouvé une 
* Carte d'Europe, dressée sur la méridienne de Paris servant de tableau d'assemblage pour la réunion des feuilles publiées et à publier. Celle ci a été dessinée par Pierre Gilles de Chanlaire et elle doit servir pour l'assemblage des diverses feuilles de la Carte géométrique des Routes de Poste de la République française qui représentent les 6 grosses parties suivantes: Côtes de la Manche (France et Angleterre) - Nord de la France, Belgique, Pays-Bas - Sud-Ouest de la France - Sud-Est de la France - Nord de l'Italie - Saxe, Bavière, Bohême. Il est indiqué sur la carte que Chanlaire a dessiné les parties correspondant à l'Angleterre, l'Allemagne et l'Italie. 

De ces belles cartes aquarellées, on peut même en déduire que Pierre Gilles Chanlaire n'a pas regardé le tracé de ce qui était devenu son département natal puisque sa bonne ville de Wassy est indiquée Vasoy. 

Cette carte n'est pas datée, mais vouloir en préciser l'époque n'est pas chose aisée tellement les renseignements restent approximatifs. Ainsi Arc sur Aujon est le nom révolutionnaire d'Arc en Barrois devenu officiel en 1801. Mais à cette même époque révolutionnaire, Bourbonne les Bains s'appelait Buges les Eaux, or c'est sous le premier nom qu'est inscrite la ville thermale. Dans les Vosges Morvilliers est l'ancien nom de Liffol le Grand redevenu officiel dès la création des communes en 1790… Une seule chose est certaine, elle date d'après 1790 et d'avant 1811 période à partir de laquelle le département de la Haute Marne a porté le numéro 50. En regardant la carte de l'acttuelle Belgique on remarque que celle ci est découpée en départements eux mêmes numérotés. Cette carte date donc d'après 1795. A partir de la chute de l'Empereur la numérotation changea à nouveau. 
Une carte du département de la Haute-Marne dessinée par PG Chanlaire est visible en ligne sur le site des Archives Départementales de Haute-Marne.



vendredi 26 août 2011

Keskidees

Emigrés bassignots et comtois aux Etats Unis 1830-1870

  Patience! 
Encore quelques semaines et vous pourrez lire cet ouvrage dans lequel vous trouverez des tranches de vies méconnues et parfois extraordinaires. Ils sont plusieurs centaines de bassignots et de haut-saônois à avoir émigré aux Etats Unis dans l'espoir d'une vie meilleure, laissant en France famille et amis....
Un sujet totalement inédit en Haute-Marne. Une page de présentation a été créée pour vous donner un aperçu du livre: Les Keskidees

Vous trouverez le bon de souscription correspondant à cet ouvrage  en cliquant sur cette phrase.  Le tirage étant limité ne tardez pas avant de renvoyer votre bon de réservation..... 

lundi 13 juin 2011

Mais qui est le père?

L'impossible filiation

Les Archives départementales renferment des documents venant de dons privés. Ceux ci peuvent parfois être utiles pour prouver des filiations dans le cadre de recherches généalogiques. Quoi que, à la lecture de ceux ci on peut parfois en douter ?

Le 31 décembre 1786: déclaration de grossesse de Marie Guillaume, fille mineure de defunt François Guillaume, vivant laboureur à Semilly et de Marie Bertaux[1], d’environ cinq mois des oeuvres de Gattrez (Charles) fils de Charles Gattrez et de Marie Haimard, laboureur à Semilly.

L'affaire semble simple puisque la future mère donne le nom du père de l'enfant à naître. Une manière de l'inciter à l'épouser au plus vite.
Mais celui ci ne l'entend probablement pas ainsi puisque le 29 janvier 1787 il y a demande d'enquête par la même contre ledit Charles Gattrez. Elle "demande permission de faire informer contre lui".
L'affaire ne tarde pas à être instruite. Le 5 février 1787 il y a ouverture d'information à la requête de Marie Guillaume. Six témoins sont entendus. Peu de faits importants. On a souvent vu Charles Gattrez embrasser Marie Guillaume….
Celui ci refuse probablement toujours d'assumer ses actes en mariant la future mère puisque, le 1er mars 1787, Marie Guillaume  dépose plainte contre Charles Gattrez. Celui ci est condamné à lui payer 80 livres pour les aliments et frais de gésine.
Comme l'affaire ne semble pas encore entendue, le 7 mars 1787 il est procédé à l'interrogatoire de Charles Gattrez qui nie être l’auteur de la grossesse de Marie Guillaume.
C'est ainsi que l'accusé devient accusateur puisque le 5 avril 1787 Charles Gattrez demande à faire la preuve contraire des faits allégués par Marie Guillaume et demande audition de témoin qu’il indique. Cette demande lui est accordée.
Les témoins sont auditionnés le même jour. Ils sont treize en tout dont:
- Blaise Mougé domestique de Jean Graillot admodiateur de Prez... “Il rencontra (dans les bois de Saint-Blin) dans un petit chemin laditte Marie Guillaume couchée par terre dont il vit les genoils à nu et vu un garçon son parent couché sur elle face contre face....”.
- Catherine Thenon fille de 19 ans ... "Elle a vu ladite Marie Guillaume et un garçon de Charles Rollet qui étoient ensemble dans la plus grande privauté étant l’un sur l’autre.... Elle a aussy vu laditte Guillaume dans la même attitude avec un garçon de Semilly son parent autre que ledit Gattrey ... Elle l’a envore vu avec le même dernier dans le pré de Meuchecourt aussy couchée dessous le même garçon face contre face, mais qu’elle ne sait pas pour cette dernière fois si la copulation était effectuée entre eux n’en ayant aucun doutte pour les deux premières....”
- Marguerite d’Ecot fille de 22 ans, ... “A vu laditte Marie Guillaume et un garçon de Semilly son parent autre que ledit Gattrey couchés l’un sur l’autre auprès du Meuchecourt et l’autre fois auprès du petit bois. Ils étiaent couchés auprès l’un de l’autre entourés des habits de la fille se tenant fort etroittement en présence de la mère du frère et de la soeur[2] de laditte Guillaume....”
- Louis Pinchard domestique de Pierre Monsel laboureur à Semilly ... “Vit laditte Guillaume et son parent couchés l’un sur l’autre faisant les mouvements de la copulation...” dans les bois de Saint-Blin.

La suite de cette affaire n'est pas connue, mais ces quelques témoignages montrent une fois encore qu'en généalogie l'addage "maman sure, papa peut-être" n'est en rien usurpé.

Sources: Archives départementales de Haute-Marne 1J318 extrait des archives de la justie de Lafauche. 

[1]  Les parents sont Guillaume François (°23/03/1719 Semilly +02/03/1780 Semilly) et Bertaux Marie (08/02/1723 Vesaignes sous Lafauche +26/05/1802 Semilly)
[2] Elle avait au moins deux frères et deux soeurs:
Guillaume Françoise (07/031747 Semilly +14/11/1811 Semilly x30/01/1776 Semilly Joseph Petit)
Guillaume Marguerite (21/02/1758 Semilly +? X25/11/1792 Semilly Barrois Etienne)
Guillaume Jean Baptiste (12/10/1763 Semilly x07 ventose II Barrois Anne)
Guillaume François Martin (x08/02/1779 Thenon Catherine)
08 floréal an III mariage de Charles Gatré cultivateur né le 20/09/1764 à Semilly avec Marie Virot née le 03/11/1769 à Semilly.



lundi 18 avril 2011

J'ai lu pour vous...

... le Journal de la Haute-Marne
politique, littéraire et d’annonces 

... dont les articles peuvent aider le généalogiste qui veut en savoir plus sur l'histoire de ses ancêtres parce que l'état civil ne dit pas tout.

Quand la faillite pouvait conduire en prison
« Par jugement du tribunal de commerce de Saint Dizier en date du dix huit octobre mil huit cent trente, enregistré, le sieur Jean François Godard-Perrot, entrepreneur de flottage demeurant à Hoericourt, a été déclaré en faillite ouverte, dont le tribunal s’est réservé de fixer l’époque de l’ouverture ; M. Pierre, juge dudit tribunal, a été nommé juge-commissaire de ladite faillite, et le sieur Jobart, commissionnaire à Saint-Dizier, agent. Il a été ordonné que les scellés seraient apposés partout ou besoin sera ; et que la personne dudit Godard-Perrot, serait déposée dans  la maison d’arrêt pour dettes de l’arrondissement. »
Journal de la Haute-Marne politique, littéraire et d’annonces n°508 du 22/10/1830

Qu'est ce qui est le plus dangereux, le vin ou l'eau ?
"Le 4 juillet, le nommé Adrien Roblot de Biesles, se rend à Nogent le Bas, avec l’intention d’attenter à ses jours. Il s’arrête chez un cabaretier de cette commune, boit quelques bouteilles de vin et se dirige ensuite vers la rivière où il est aperçu par un individu qui stationnait sur la rive opposée, à qui il fait part de son projet de se noyer. C’est en vain que son interlocuteur essaye de le dissuader de ce funeste dessein, Roblot ne tient aucune compte de ses observations, de ses prières même ; il descend, au contraire, dans l’eau avec la plus grande tranquillité et il disparaît immédiatement. Le témoin de ce déplorable événement ne sachant point nager crie au secours. M le curé de Mandres, qui habite Nogent le Bas, accoure, en toute hâte, suivi de quelques jeunes gens et de plusieurs femmes ; on s’empresse de retirer Roblot de l’eau, ou il avait à peine séjourné pendant dix minutes, et de lui prodiguer des secours. Soins inutiles, peines perdues : il était mort. On ignore les causes de ce singulier suicide. "
Journal de la Haute-Marne politique, littéraire et d’annonces n°526 du 11/07/1829

Un crime parmi tant d'autres
« La ville de Langres vient d’être le théâtre d’un nouvel assassinat. Lundi dernier, entre dix et onze heures du soir, le sieur Couturier, cultivateur et père d’une nombreuse famille, a eu le crâne brisé par plusieurs coups de bâton noueux, non loin du faubourg Brévoine à Langres, sur le chemin qui conduit de cette ville à Pérancey, lieu de sa résidence. Le nommé Hyacinthe Mamès,  forçat libéré, maréchal ferrant à Langres, prévenu de ce crime atroce, a été arrêté le lendemain à Chaumont au moment où il venait de descendre de la diligence. On assure que la contre partie du bâton, dont la victime a été frappée, a tété trouvée près de la demeure de ce forçat, et que lors de son arrestation il était nanti du mouchoir de l’infortuné Couturier. On donne en outre comme certain, que ce forçat est aussi l’auteur de l’assassinat commis sur une femme de 32 ans, à l’occasion duquel M. le Procureur du Roi a publié un avis dans le dernier numéro du Journal de la Haute-Marne. »
Journal de la Haute-Marne politique, littéraire et d’annonces n°363 du 27/05/1826

Des actes que l'on ne trouve pas toujours dans les registres de la commune.


mardi 1 mars 2011

Anne Charlotte Berget

Un testament égalitaire

    La famille Berget de Chaumont la Ville (52) fait partie de cette petite noblesse provinciale qui occupa les fonctions administratives et judiciaire du bailliage de Lamarche (88).
Anne Charlotte est la fille de Pierre Berget, écuyer, seigneur de Tollaincourt (88) et de Chaumont la Ville (52), et de Anne de Thabouret. Ce couple semble avoir eu trois enfants: Claude François Berget, écuyer, Nicole Berget épouse de Louis de Thumery seigneur de Chaumont la Ville, et Anne Charlotte Berget restée célibataire.
    Un dossier conservé aux archives de Meurthe et Moselle renferme le testament d'Anne Charlotte. Celui ci est daté du 1er août 1707. Dans ses dernières volontés, elle demande à être inhumée dans l'église de Chaumont la Ville dans le tombeau de ses ancêtres, à côté de son frère. A côté des quelques dons qu'elle fait à la chapelle de Rozières (88), aux récollets de Damblain (88), aux capucins de Neufchâteau (88), et au curé de Champigneule (52) ainsi qu'aux "pauvres prêtres voisins" elle donne à son neveu et filleul Charles de Thumery tous les droits seigneuriaux qui lui appartiennent tant à Tollaincourt qu'à Chaumont la Ville. A l'exception de ses habits qui iront à ses nièces, sa maison et ses biens immobiliers de Chaumont la Ville vont aux 4 garçons de sa sœur Charles, Louis, Nicolas et Alexis de Thumery. Elle en précise la raison le 15 février 1709 quand elle complète son testament. Ses nièces n'obtiennent quasiment rien de ses avoirs parce qu'elles étaient les héritières de son frère décédé quelques années auparavant. Elle a ainsi voulu rétablir une certaine égalité entre neveux et nièces.

Sources: Revue Lorraine Populaire Août 1999

mardi 1 février 2011

le comte de Biesles

Les descendants autrichiens de la famille de Messey

    Cette famille originaire de Bourgogne s'est tout d'abord établie en Champagne avant de passer au service du duc de Lorraine et de le suivre en Autriche.
Gabriel de Messey, comte de Biesles, chambellan et écuyer du roi de Pologne épousa Louise de Ligniville. Il en eut plusieurs enfants, dont un qui a été totalement oublié par le baron de l'Horme. Il s'agit d'Alexandre, né vers 1740  et mort en 1820. Celui ci servit dans l'armée autrichienne et termina colonel d'infanterie. Son fils Louis (1781-1857) fut capitaine de cavalerie et mourut en Hongrie. Il eut au moins deux enfants de deux lits différents. Le premier Gustave (1813-1884) fut aide de camp de l'archiduc Rainier et termina feld-maréchal lieutenant en 1877. Grand maître de la Cour et conseiller privé, il obtint le titre de comte en Autriche le 27 janvier 1868 qui venait s'ajouter à ses prestigieuses décorations: La croix de chevalier du Christ, de Saint Georges de Sicile, et de commandeur de l'ordre bavarois de Saint Michel. Il eut deux enfants qui embrassèrent également la carrière militaire mais qui n'eurent pas de postérité. Alfred de Messey est le frère de Gustave. Il naît en 1854 en Hongrie et dirigea le musée de Budapest.

Sources: Revue Lorraine Populaire d'avril 1997

samedi 1 janvier 2011

Nénette de Pigalle et son Papillon

La  nogentaise Georgette Jeanne Fourel

    Nous sommes le 22 décembre 1931 à Paris, plus précisément dans le 1er arrondissement. Ce jour là, il fait 7°, ce qui est relativement doux pour une fin d'année, mais un épais brouillard recouvre la capitale. "Jolie comme un cœur: elle porte une robe bleu-nuit - la couleur qu'il aime - une crêpe Georgette. Un manteau vert à col d'opossum. Une capeline. Elle s'est parfumée à l'Origan de Coty." Lui, a mis son plus beau costume. Devant le premier magistrat, les deux amants échangent leur consentement.  A 10H30, tout est fini, le mariage est officiellement enregistré. Henri Charrière [1] reprend le chemin de sa cellule à Fresnes. Le tristement célèbre Papillon vient de prendre pour épouse une jeune et belle haut-marnaise nommée Georgette Jeanne Fourel. 

    Georgette n'est alors qu'une jeune fille d'à peine vingt ans. Pour se marier, elle a du obtenir le consentement de ses parents. Georgette avait alors quitté le quartier de Pigalle pour revenir dans sa Haute-Marne natale, et plus précisément à Nogent en Bassigny ainsi que le mentionne le rapport des inspecteurs Grimaldi et Nauzelles du 28 mars 1930: "Fourel Georgette Jeanne dite Nénette, née le 25 mai 1911 à Nogent en Bassigny (Haute-Marne), couturière…."  En octobre 1931, alors qu'il est condamné au bagne à vie, Papillon demande à Georgette de l'épouser.  A Nogent, que sait-on de sa vie parisienne? Rien, ou presque. Elle y est couturière…. C'est quasiment tout. Elle s'est quand même déjà affichée avec Charrière dans les rues de son village natal. Mais on ne peut pas dire qu'il y ait fait très bonne impression,  un "petit monsieur à la mine criarde , aux cheveux trop gominés, aux activités mal définies" . Même sa mère avait eu des doutes, quand Georgette avait reçu un télégramme ainsi libellé: "Machine en détresse - envoyer charbon - Papillon".  Elle a bien compris que Charrière était à court d'argent et que c'est  Georgette qui l'entretenait.  Dans les quartiers chauds de Paris elle est inscrite sous le nom de Georgette Soila, mais les habitués la connaissent sous celui de Nénette. Et depuis les journaux ont donné les détails de la condamnation de Charrière…. Qu'importe, en novembre 1931, Georgette obtint quand même l'accord de ses parents. 

    Le 3 juillet 1932 Georgette Fourel est condamnée, par la 10ème Chambre de la Cour d'Assises, à deux mois de prison avec sursis pour port d'armes, mais acquittée de l'accusation de coups et blessures portée contre elle à l'encontre de … Henri Charrière, son mari. Le 2 avril, sur la demande de Papillon, elle s'était présentée au parloir de la prison de Fresnes avec un pistolet chargé. Une fois face à son mari, Georgette tira plusieurs fois sans jamais l'atteindre.  Cette manœuvre, préméditée par Charrière, ainsi que les aveux de Georgette dans une affaire de meurtre,  était destinée à faire diversion et à innocenter ledit Charrière/Papillon [2]. Malgré son amour pour lui, aussi ardent soit-il au point de lui être totalement soumise, Georgette a préféré libérer sa conscience plutôt que son mari, en avouant tout aux juges.  Quelque temps après, Papillon partira pour Cayenne dont il réussira à s'échapper.  Il reviendra en France et racontera sa vie dans un ouvrage en partie autobiographique qui lui vaudra une certaine célébrité et le soutien d'intellectuels ou d'artistes, tels François Mauriac et Simone de Beauvoir.

    Quarante ans après, alors qu'elle était en maison de retraite, Georgette Fourel qui n'a jamais cessé d'être la femme de Papillon obtient le divorce de celui qui était son grand amour et sa grande soumission essayant de tirer un trait définitif sur des souvenirs que nous essayons tous de nous remémorer.

Notes
[1] Henri Charrière naît le 16 novembre 1906 à Saint-Étienne-de-Lugdarès, France, meurt d'un cancer à la gorge, le 29 juillet 1973 à Madrid, Espagne, et est dans le cimetiére de Lanas, en Ardèche.
[2] Henri Charrière fut condamné aux travaux forcés à perpétuité au bagne de Guyane après avoir été jugé pour le meurtre de Roland Legrand, le 28 octobre 1931, meurtre qu'il a d'ailleurs toujours nié.

Sources
Jean Lefèvre. Le bagne à la casse. Editions France Empire 1981
Georges Ménager. Les quatre vérités de Papillon. Editions La Table Ronde 1970
Henri Charrière. Papillon. Editions Robert Laffont 1969.