mardi 23 juin 2009

Pernot Jean Baptiste

LE CHEVALIER DE LA DESOEUVRANCE

En 1899, Alexandre Lecherbonnier, ancien maire d’Issoudun et conseiller général, publiait un petit livre de souvenirs intitulé « A vol d'oiseau, de 1825 à 1898 : les souvenirs du petit sans-culotte devenu le vieux dreyfusard » dans lequel il raconte ses mémoires ainsi que l’histoire d’un duel dont l’intrigue se serait nouée dans le commerce de son oncle et qui se termina par la mort de plusieurs duellistes. La scène se déroule dans le Berry, et plus particulièrement dans le quartier Saint Jean de la ville d’Issoudun , au « café militaire » en 1820. Le capitaine Fix, ancien lieutenant de la garde impériale, a eu une altercation avec trois officiers d’un bataillon de ligne de passage dans la ville et se rendant à Bourges. Ces officiers auraient déchiré le journal « Le Commerce » et craché dessus, ce qui entraîna le courroux de Fix qui les provoqua en duel sur la promenade du Tivoli. « Fix croise le fer avec le capitaine et l’embroche net. Le premier lieutenant prend la place du mort et reçoit une blessure. On le porte sur une civière à l’hôpital, où il meurt le lendemain. Le second lieutenant se retire avec une légère entaille… ». Vingt ans après, paraît La Rabouilleuse. C’est un roman écrit par Honoré de Balzac en 1842 qui a tout d’abord été publié dans la presse. Ce chef d’œuvre méconnu mérite une lecture approfondie parce que l’auteur est parvenu à dresser une de ses plus formidables galeries de portraits qui, comme bien souvent, s’inspirent de personnages ou de drames de la vie quotidienne. C’est encore le cas ici puisque Balzac y relate le duel de Frapesle survenu à Issoudun, en 1818 , ville dans laquelle il a séjourné plusieurs fois chez son amie Zulma Carraud qui possédait la propriété dite de Frapesle.

Rabouiller a expliqué Balzac dans le roman lui-même, « est un mot berrichon qui peint admirablement ce qu'il veut exprimer : l'action de troubler l'eau d'un ruisseau avec une branche pour prendre du poisson ». L’intrigue est cependant toute autre. D’un côté, l'auteur y peint l'abrutissement auquel est livré un malheureux garçon, très faible de caractère, Jean-Jacques Rouget, sous l'empire d'une jeune femme avide et intelligente, Flore Brazier, surnommée la Rabouilleuse. De l'autre, nous retrouvons le côté politique commun à la plupart des scènes de la vie de province. Maxence Gilet, ancien officier de l'Empire, qui, prisonnier des Espagnols, a vécu sept ans sur un ponton au milieu des galériens, s'est fixé à Issoudun où il n'a pas tardé à devenir l'amant de la Rabouilleuse. Rouget, Flore et Gilet forment une sorte de ménage à trois. L'ancien officier et sa maîtresse convoitent l'héritage du vieux garçon. Mais c’est sans compter sans les parents de Rouget. Philippe Bridau, neveu du bonhomme et frère du fameux peintre Joseph Bridau, est un ex-chef d'escadrons de la garde impériale. Après avoir mené une vie aventureuse et avoir conspiré contre les Bourbons dans le dernier des complots bonapartistes, sur sa demande, Philippe Bridau est envoyé à Issoudun par ses juges. Son but est d'entrer en lutte avec Maxence Gillet pour conquérir l'héritage de son oncle Rouget. La guerre que se livrent les deux hommes est terrible et pleine d'émouvantes péripéties. Philippe Bridau triomphe. Il tue en duel Maxence Gilet , et, après avoir soumis la Rabouilleuse à sa volonté, il l'épouse et l'emmène à Paris. Devenu riche à la mort de son oncle, il laisse dans le besoin son frère Joseph et sa pauvre mère, puis se débarrasse de sa femme qu’il a poussé dans l'alcoolisme. Celle ci meurt à l'hôpital. Philippe, après la mort de sa femme, reprend du service en Algérie où il a la gorge tranchée par les Arabes au combat de la Macta. Toute sa fortune revient alors à son frère, le peintre Joseph Bridau qui en fera un bien meilleur usage. Rien ne peut définir le génie de réalisme avec lequel Balzac a traité ce sujet magnifiquement horrible la misère! et nous ne pouvons que lui emprunter ce passage : « Il existe à Paris trois ordres de misère, dit-il. D'abord, la misère de l'homme, qui conserve les apparences et à qui l'avenir appartient : misère des jeunes gens, des artistes, des gens du monde momentanément atteints... Ces gens constituent l'ordre équestre de la misère, ils vont encore en cabriolet. Dans le second ordre se trouvent les vieillards à qui tout est indifférent, qui mettent au mois de juin la croix de la Légion d'honneur sur une redingote d'alpaga. C'est la misère des vieux rentiers, des vieux employés, …,et qui du vêtement extérieur ne se soucient guère. Enfin la misère en haillons, la misère du peuple, la plus poétique d'ailleurs, et que peignent Callot, Hoyarl, Murillo, Charlet, Raffet, Gavarni, Meissonnier…».


La lecture du roman ne laisse aucun doute sur l’identité réelle de Maxence Gillet, puisque c’est du capitaine Fix dont il s’agit. Frapesle est le nom de la promenade sur laquelle donnait une villa alors appelée le Tivoli et propriété de Lecherbonnier, mais aussi de la maison bourgeoise de l’amie de Balzac. Le journal « Le Commerce », qui parut uniquement de 1817 à 1820 permet de situer plus précisément l’action, mais ce sont les registres d’Etat Civil de la ville d’Issoudun qui vont livrer les noms des deux victimes du duel : Il s’agit de Louis Antoine Baron, militaire pensionné de l’Etat comme ex lieutenant décédé le 3 octobre 1818, et de Jean Baptiste Parnot (lire Pernot ), en son vivant capitaine au 44ème régiment de ligne en non activité mort le 28 septembre 1818. Or ce dernier était né à Longchamp les Millières, canton de Clefmont le 1er mars 1784 de feus Nicolas Pernot, manouvrier, et Marguerite Besançon. Fix, Pernot et Baron étaient tous d’anciens militaires en demi solde. Dans la Rabouilleuse, une partie du roman se passe dans la période postnapoléonienne. Balzac y raconte l’histoire de jeunes désœuvrés dont la déchéance est due aux effets négatifs produits par la Révolution puis par la défaite de Napoléon, et enfin par la Restauration. En 1816, quand la guerre eut cessé, et l’armée licenciée, parmi les jeunes gens plusieurs n’eurent aucune carrière à suivre. Une douzaine de jeunes bonapartistes, presque tous officiers auparavant, forment donc une bande. Ils se nomment les « Chevaliers de la Désoeuvrance ». Ceux ci ont réellement existé à Issoudun où ils faisaient des farces de plus ou moins bon goût. Leurs mauvais tours s’expliquent donc par le manque de perspectives et de valeurs, que Balzac appelle la « somnolence sociale ». Au début les farces étaient bon enfant, grossières, vulgaires, sans grande méchanceté. Puis, dit Balzac, à partir de janvier 1817, les Chevaliers ont un guide indiscutable Maxence Gilet (le capitaine Fix) qui avait autrefois commis un meurtre et n’échappa à la prison que grâce à son engagement dans l’armée. Une fois à la tête des « Chevaliers de la Désoeuvrance » il fait régner la terreur dans la ville d’Issoudun. Champion du Bonapartisme et de l’Opposition constitutionnelle, le libéral Gilet/Fix, a tué en duel un jeune royaliste membre de la même bande, Pernot, qui a osé déchirer le journal de cette opposition. Le décès du jeune haut-marnais laissa pour seule trace le rapport suivant, daté du 2 octobre 1818 : « Deux officiers en non activité, domiciliés à Issoudun, les sieurs Fix, lieutenant de l’ex-gendarmerie d’élite et Pernot, capitaine d’infanterie se sont battus en duel le 27 septembre. M Pernot a succombé 24 heures après un coup d’épée dont il a été traversé de part en part. ». Les duels entre militaires étant tolérés, aucune poursuite ne fut donc engagée. D’après Balzac, Pernot avait donc des opinions politiques différentes de Fix . Ceci semble corroboré par son dossier militaire. En janvier 1816, Jean Baptiste Pernot offrait ses services au Roi et demandait à être employé dans l’armée de terre et de mer. Le 16 août suivant il écrit à nouveau au ministre et évoque son existence à Issoudun où il vivait depuis le 26 août 1815 , époque de son licenciement : « cet an passé dans le plus insipide désœuvrement ». Il réclame toujours un poste. Légitimiste après avoir été bonapartiste sous l’Empire, tel était l’officier qualifié de royaliste par Balzac. Mais Pernot était mal noté par sa hiérarchie. En 1815, on dit de lui qu’il n’a « pas de moyens, nonchalant, connaissant à peine les détails d’un sergent major ». Le rapport de l’Inspecteur général, lors de la revue du 16 janvier 1816, le décrit comme médiocre à tous les points de vue : « Instruction : très peu. Moralité : ordinaire et de la plus basse classe. Principes : peu sûrs. Fortune : aucune. Situation de famille : pas marié, pas d’enfants. Physique : mal. Opinion de l’inspecteur général : ne peut être employé comme officier ».

Quelque neuf mois plus tard le haut-marnais Jean Baptiste Pernot décède lors du duel de Frapesle. C’était peut être un officier médiocre, mais était-il d’une moralité de la plus basse classe comme le décrit l’Inspecteur général, et dans ce cas pourquoi s'est-il battu en duel ? Poser la question, c’est en partie y répondre quand on sait que refuser de participer à un duel pouvait valoir de sévères sanctions au militaire qui avait injurié un adversaire. A moins qu’il ne faille chercher ailleurs la véritable raison. Il semblerait que Jean Baptiste Pernot ait été sur le point d’être réengagé par l’autorité militaire puisque le 1er juillet 1818 il signe une note déclarant « n’être ni amputé, ni hors d’état de reprendre du service ». Pouvait-il alors refuser de réparer par les armes l’offense qu’il avait faite ? La Rabouilleuse, nous rappelle qu’une société dépourvue de vrais repaires est une société malade qui a besoin d’autres valeurs que l’argent et la volonté de puissance. Balzac estime qu’il faudrait remplacer les ténèbres (les excès des Chevaliers de la Désoeuvrance) par la lumière, les idéaux matériels par des principes remplis de valeurs morales et sociales. C’est non seulement « le plus étonnamment balzacien des grands romans de Balzac », mais encore tellement d’actualité.

Didier DESNOUVAUX

Sources principales : Donato Sperduto : les farces nocturnes. Essai paru dans Lendemains en 2004
Divers numéros de L’année Balzacienne dont 1965.
Max Andréoli, Le Système balzacien. Essai de description synchronique, Aux Amateurs de livres, 1984.
Archives départementales de Haute-Marne : Registre paroissial de Longchamp les Millières.

Voirin Laurent: le père la raquette

TRANCHES DE VIE A ESSEY LES EAUX


Le 14 août 1912 Fernand Horiot, instituteur à Langres, remettait au maire d’Essey les Eaux un tapuscrit intitulé « Monographie d’Essey les Eaux ». Quelques années plus tard, certaines parties de son travail étaient publiées :
- Le folklore d’Essey les Eaux, pages 146 à 153 du tome IV des Mémoires de la Société d’Archéologie et des Beaux Arts de Chaumont (1911-1920)
- Un village sous la Révolution, Essey les Eaux, pages 2 à 10 du bulletin n°1 de la Société Haut Marnaise des Etudes Locales pour l’Enseignement Public (1er trimestre 1927).
Une partie inédite intitulée « biographies » - au cas présent la notion de "tranche de vie" serait plus appropriée - peut intéresser les généalogistes, parce qu’elle fait revivre quelques personnages du Bassigny :

"Jamais Essey n’a eu d’hommes marquants, mais néanmoins il en est qui sans être célèbres qui ont laissé par leurs contes, leurs farces ou leurs actes, un souvenir amusant et pour encore longtemps durable. Les vieux racontent à leurs enfants les bons tours que ces personnages jouèrent.
L’un de ces personnages se nommait La Raquette.
Le père La raquette comme on l’appelait communément était né à Is et se nommait de son vrai nom Voirin Laurent. Pendant la Révolution, il était marchand de chevaux. Sur ses vieux jours, il vint se fixer à Essey, chez son fils qui y était marié. Les bons mots, ses contes, ses farces égayaient les « écraignes ».
La Raquette qui venait d’avoir des jumeaux avait demandé pour être parrain de l’un de ses enfants un voisin, bon cultivateur pour l’époque. Ce dernier sachant que La Raquette n’était pas riche et le voyant tout contrarié de n’avoir pas suffisamment de grain pour « envoyer une cuite au moulin », d’autre part désirant s’acquitter du cadeau traditionnel que tout parrain devait aux parents de l’enfant, et qui consistait en une gerbe de blé, il envoya donc La Raquette moissonner cette gerbe dans un de ses champs où le blé commençait à mûrir. Le père La Raquette ne se fit pas prier ; dès le matin il partit avec sa faucille chercher le cadeau qui lui était offert. A son retour il va trouver le parrain généreux et lui dit : « Jé foteugne a fète, ton bié fé deux catieu lé jarbe ». Le parrain ne dut pas être convaincu ; il pensa plutôt en lui même que la gerbe prélevée avait des dimensions peu ordinaires.
Le père La Raquette fit surtout des farces aux curés.
Un jour, apercevant un lièvre dans le bois de Noyers, il l’apostropha en ces termes « Vé t’en don teu dre chés l’curé d’Noé, t’sré ben r’çu ». Le lendemain, par hasard il rencontra à Is le curé de Noyers ; il l’aborda et la conversation s’engagea :
« Bonjo M. le curé ».
« Bonjour père La Raquette »
« J’vos ai envoyé én béo lièvre ».
« Vraiment ! vous êtes bien obligeant ».
Et le curé de Noyers reconnaissant glisse une pièce de quarante sous dans la main de ce si brave homme. Arrivé chez lui, le curé de Noyers demande à sa bonne à voir le cadeau du père La Raquette, le beau lièvre qu’il lui a envoyé. Etonnement de la bonne qui jure n’avoir rien vu, et colère du curé, qui à la première rencontre du père La Raquette le traite de mauvais plaisant. Mais La Raquette proteste : « J’neseu paolé caose si é né pao élé ché vo, je li évo potan bén dit : vé t’en don teu dre chés l’curé Noé, t’sré ben r’çu ».
Un jour le père La Raquette fit cadeau d’un jeune chien au curé de Donnemarie. Il vante son caniche et pour montrer toute la confiance que le curé pouvait avoir en cet animal il lui dit : « M.l’curé, ça en chén d’éne bone rèce : Vo potieu étant tojo bén fromée, l’loup n’entreré jamé ché vos ».
Le père La Raquette allait mourir, et suivant l’usage M. le Curé étant venu lui rendre visite, lui parlait du bon Dieu et l’invitait à lui demander le pardon de ses péchés. Le père La Raquette aussitôt de répondre : « M.le Curé, j’nére qu’én graoce é d’mandé au bon Dieu, cé sro qué m’beille l’temps, évant d’meuri, d’prendredao puces piun én votiure é moichon ». La grâce sollicitée ne fut pas accordée, car peu de temps après La Raquette trépassait.
Toute la vie de cet homme était pleine de ces détails amusants ; aussi était il considéré comme un homme extraordinaire.

L’autre personnage qui lui aussi est resté dans la mémoire de beaucoup est Parisel, la forte tête d’Essey qui lors de la Révolution et de l’invasion de 1814 a beaucoup fait parler de lui.
L’histoire de la Révolution nous l’a un peu présenté, prenons le pendant l’invasion.
Il défendait son pays, se cachait et tirait sur les étrangers. Les cosaques étaient allés réquisitionner dans la ferme du Plesnoy où habitait Parisel, plus connu à Essey sous le nom de Conquie. Ce dernier embusqué dans le petit bois des Clercs Chênes ( Claies Chânes) tire sur le détachement des Cosaques qui ont bien vite cerné le bois et pris Conquie. Le prisonnier, malgré sa force peu commune est aussitôt ligoté et conduit à Essey alors occupé par les Cosaques. Sa pauvre femme suivait en pleurant ; les ennemis la « rechignaient » et s’adressant à Parisel lui disaient « Paour, paour ». Parisel arrivé avec les Cosaques à Nogent, fut lié par le cou au pied d’une table. A leur départ les ennemis l’emmenèrent , le faisant marcher pieds nus dans la neige et l’obligeant à traverser les rivières rencontrées au lieu de passer sur les ponts. Les Cosaques n’auraient sans doute pas tarder à lui faire un mauvais parti s’il n’était parvenu à s’échapper.
Il rentra chez lui, et alors ennemi à mort des Alliés, il recommença de détruire les envahisseurs, mais seulement lorsqu’ils étaient en petit nombre et qu’ainsi sa sécurité n’était pas menacée."

Ainsi se termine le texte de Fernand Horiot. Il a semblé intéressant de voir si le père La Raquette avait véritablement existé, ou s’il s’agissait d’une simple légende.
L’examen des registres paroissiaux et d’Etat Civil d’Essey les Eaux devait rapidement nous apporter la preuve que, s’il y avait de nombreux Voirin ou Voirain au village, il n’y avait nulle trace d’un Laurent Voirin pendant la période révolutionnaire, alors qu’il était sensé y demeurer. Il n’y avait pas non plus de naissances de jumeaux dans les registres de la paroisse. Compte tenu de la fréquence de ce patronyme dans les communes environnantes, il a quand même été trouvé un Laurent Voirin à Odival. Ainsi le 16 novembre 1744, se marie à Odival, Laurent Voirin, 28 ans, fils de Nicolas Voirin, laboureur et de Catherine Lambert, avec Gabrielle Dimay, 21 ans, fille de Charles Dimay, manouvrier et de Françoise Chaudron. Et c’est à Is en Bassigny que l’on peut trouver la naissance de deux enfants jumeaux dans la période 1780 / 1800 :
Le 11 juillet 1792 naquit Catherine de Jean Baptiste Voirin, marchand, et de Anne Maigrot. Elle a pour parrain Claude Voillequé, garçon, et pour marraine Catherine Charnot. Cet enfant décèdera le 14 septembre 1793.
Le 11 juillet 1792 naîtra son jumeau : Pierre Voirin. Il a pour parrain Pierre Dimey, garçon, et pour marraine Catherine Regnier femme de Nicolas Guyot recteur d’école.
Et c’est toujours à Is en Bassigny qu’il faut chercher le mariage de Jean Baptiste Voirin, fils de Laurent Voirin marchand, et de Gabrielle Dimey, avec Anne Maigrot, fille de Mammès Maigrot et de Anne Bélouet. L’union a été célébrée le 24 novembre 1783.
Si l’histoire racontée lors des veillées à Essey est plausible elle n’en demeure pas moins transformée. C’est donc plus sûrement à Is en Bassigny que se seraient passés une partie des farces rapportées. Le "père La Raquette" (Laurent Voirin), et son fils "La Raquette" (Jean Baptiste Voirin) étant des marchands il est peu concevable qu’ils aient été « sans le sou » comme le laisse entendre le récit. Quid également du parrain "bon cultivateur" qui n’était que garçon et donc probablement pas aussi aisé qu’il ne l’est dit.
Concernant François Parisel, son identification précise s’avère quasiment impossible tant les homonymes sont nombreux dans le Bassigny. On peut toutefois compléter le récit de Fernand Horiot en reprenant le passage publié dans le bulletin n°1 de la Société Haut Marnaise des Etudes Locales pour l’Enseignement Public qui mentionne que, pendant la tourmente révolutionnaire, le décret de la Convention ordonnant le désarmement des personnes suspectes eut son application à Essey en la personne de Parisel : "« …Le dit Parisel déclarait en compagnie que si dans le cas ont le désarmerait de sont fusil qu’il aurait leur vie ou eux la siens avant minuit et qu’il se moquer des trois quart du village et des autorité ».
On voulut l’enfermer dans une maison à Essey, mais il se sauva et aucun des braves gardes nationaux ne voulut « laler chercher parce qu’il est de trop grande menace et est grandement dangereus ». C’est à peine si le maire réussit à faire monter la garde pendant la nuit « de peur de malheur et incendie de sa part » Les habitants craignaient tant ce Parisel que personne n’osait passer près de sa maison. Ses actes continuels, ses refus de verser quoi que ce soit aux réquisitions, ses vols,… etc. le firent appeler devant le tribunal révolutionnaire de Bourmont. Les garde nationaux cherchèrent en vain à s’en emparer ; ce furent les gendarmes de Bourmont qui durent venir le prendre. Mais au tribunal il se défendit si bien qu’il ne fut condamné qu’à une amende de cent quatre vingt dix livres. Aussi n’était il nullement corrigé, et à peine de retour à Essey, il recommençait ses exploits."

Laissons à chaque lecteur le soin de répondre à l’ultime question : Quelle est la part de légende dans tous ces récits ?

Didier DESNOUVAUX

Le prince de Joinville

UN DEPUTE HAUT MARNAIS DE SANG ROYAL

Joinville, nom d’une petite commune de Haute-Marne, mais avant tout nom d’une principauté apanage de la famille d’Orléans. Nom également choisi, selon une ancienne tradition, pour qualifier François Ferdinand Philippe d'Orléans, né à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) le 14 août 1818, troisième fils du roi Louis-Philippe (1773-1850) et de la reine Marie-Amélie, princesse de Bourbon de Naples et de Sicile (1782–1866) , Prince de Joinville, futur amiral, qui décédera à Paris le 16 juin 1900 et sera inhumé à la chapelle royale de Dreux.

Une jeunesse prometteuse
Comme tous les enfants de sang royal, il sera rapidement confié à un précepteur. Ce dernier, Auguste Trognon normalien distingué, avait été professeur de rhétorique au lycée de Langres avant d’aller à Paris comme suppléant de Guizot. C’est ainsi qu’il sera choisi pour enseigner et accompagner dans ses études le jeune prince. Après un passage au collège Henri IV, dont Trognon pressentait avec raison qu’il ne lui serait pas profitable mais qui éveilla sa vocation, François d’Orléans se destina à la marine . C’est ainsi qu’au printemps 1831 il embarqua, comme élève, avec son précepteur son valet de chambre et ses trois domestiques à bord de l’Arthémise. Après avoir navigué comme aspirant sur les côtes de l'Italie et de l'Algérie, il fut reçu à l'École navale de Brest en 1834 mais en suivra les cours, dispensés par Trognon et deux autres spécialistes, à Paris ! Lieutenant de frégate en 1835, lieutenant de vaisseau en 1836, il fit campagne au Levant, sur les côtes d'Afrique, aux Antilles et aux Etats-Unis (1836-1837). Capitaine de corvette en mai 1838, il eut son premier commandement sur la Créole dans l'escadre de l'amiral Baudin envoyée au Mexique après les violences exercées contre nos commerçants. Il participa au bombardement de la forteresse de S.-Jean d'Ulloa (27 nov.) et se distingua à l'attaque de Vera Cruz où, à la tête d'un détachement de marins, il força une des portes de la place et fit prisonnier le général Arista. Promu capitaine de vaisseau et chevalier de la Légion d’Honneur à la suite de cette expédition, le 10 févr. 1839, Joinville embarqua sur la Belle-Poule et fut chef d'état-major de l'escadre du Levant. Commandant de ce bâtiment en 1840, il reçut la mission de ramener de Sainte-Hélène à Paris les restes de Napoléon. Arrivé le 30 nov. à Cherbourg, il commanda la flottille qui remonta la Seine jusqu'à Paris . Après plusieurs croisières effectuées en 1841 et 1842 sur les côtes de Hollande, aux Etats-Unis et en Méditerranée, François d’Orléans partit pour le Brésil et s'y maria au palais royal de Sao Cristovao de Rio de Janeiro le 1er mai 1843, avec la princesse Francisca de Bragance, fille de l'empereur don Pedro 1er et de l’archiduchesse Marie Léopoldine d’Autriche .
Vice-amiral à l’âge de 27 ans
Contre-amiral en juillet 1843, il fut créé pair de France et devint membre du Conseil de l'amirauté et de la sous-commission spéciale de la marine à vapeur. Sous son impulsion, grâce à l'enthousiasme des jeunes ingénieurs pour les techniques nouvelles et particulièrement grâce à Dupuy de Lôme, des études et la construction de prototypes furent entreprises qui, plus tard, devaient aboutir à la disparition de la marine en bois et à voile, et à la mise au point des navires à vapeur à hélice et à coque de fer . Il commanda, en 1844, une escadre avec laquelle, au moment où Bugeaud gagnait la bataille de l'lsly, il bombarda Tanger le 6 août et occupa Mogador le 15 août, accentuant ainsi la pression sur le sultan du Maroc qui fut amené à signer la paix le 10 sept. à Tanger. Vice-amiral le 18 sept. 1844, Joinville commanda en chef l'escadre de Méditerranée et se trouvait à Alger au moment du déclenchement de la révolution de 1848 ou à la suite d'une banale affaire de banquets refusés à des libéraux persuadés que le régime était trop bien ancré pour tomber. Louis-Philippe perdra le pouvoir le 24 février et prendra le chemin de l'exil, à destination de cette Angleterre qu'il affectionne, et ce pour la quatrième et dernière fois . François d’Orléans se démit alors de son commandement et y rejoignit son père où, atteint d'une surdité presque complète il vécut en retraite plusieurs années.
Un exil prolixe
François, prince de Joinville hérite du domaine d’Arc en Barrois en 1848 , à la mort de sa tante et marraine Adélaïde qui avait entrepris la construction de l’actuel château. Il connaissait cette propriété depuis 1845 quand sa tante l’y avait emmené et lui avait fait part de son intention de la lui laisser après son décès. A la fin de la seconde république, craignant que le domaine ne soit confisqué par Napoléon III, il le vend à la société Passy qui s’engage à restituer le tout lorsque la situation politique sera redevenue favorable au roi...
Le populaire prince de Joinville est même pressenti par les orléanistes pour se présenter à la présidentielle de 1852 contre Louis Napoléon Bonaparte. François d’Orléans affirme avoir toujours détesté la politique, mais lui était il vraiment possible de s’en désintéresser ?
Aquarelliste, le prince de Joinville qui fut le témoin privilégié de la guerre de Sécession, à laquelle il prit part avec ses neveux dans le camp nordiste, réalisa aux Etats-Unis une cinquantaine de dessins, paysages et scènes de guerre qui retracent le parcours de l'armée du Potomac entre 1861 et 1862. Mais l’affaire du Mexique où Napoléon III s’oppose aux États-Unis, le contraint à mettre fin à son aventure américaine, pour ne pas nuire à la France. .
Ecrivain, Joinville a publié sous des pseudonymes dans la Revue des Deux Mondes plusieurs études sur la marine française, dont l'une, « Notes sur l'état des forces navales de la France », connut à l'époque un grand retentissement. « pour avoir une marine, comme disait Joinville, il faut la vouloir beaucoup et la vouloir très longtemps ! ».
Il a écrit par ailleurs : « L'Angleterre, étude sur le self-government » en 1860; « Guerre d'Amérique. Campagne du Potomac, mars juillet 1862 » en 1863 ; « Les flottes des Etats- Unis et de la France » en 1865; « Campagne de Sadowa et réorganisation militaire de la France » en 1868; et ses « Vieux souvenirs, 1818-1848 » en 1894.
Un retour au service de la France
Napoléon III ayant conduit son pays au désastre en déclarant la guerre à la Prusse, le Second Empire est balayé en quelques jours. Après le 4 septembre 1870, François d’Orléans estima que la loi d'exil se trouvait annulée et gagna Paris en compagnie de ses frères, les ducs d'Aumale et de Chartres. Mais le gouvernement, considérant les risques de guerre civile qui résultaient de leur présence, leur demanda de repartir pour l'Angleterre. A la formation de l'armée de la Loire, il essaya une seconde fois de s'engager sous le pseudonyme de «colonel Lutherod ». Il prit part aux combats devant Orléans et servit dans une batterie de marine. Appuyé par les généraux Jaurès et Chanzy, il demanda à suivre les opérations sous promesse de ne pas révéler sa véritable identité. Gambetta s'y opposa, le fit arrêter et reconduire à St-Malo où il s'embarqua de nouveau pour l'Angleterre en janvier 1871.
Joinville sera de retour en France quelques mois plus tard ayant fait connaître sa candidature pour un fauteuil de député, voulant se « dévouer à la défense de mon pays et contribuer avec tous les français à lui assurer sous n’importe quelle forme de gouvernement, l’ordre et la liberté. » . Le 8 février suivant, on procède à l’élection d’une Assemblée nationale. Le pays, grâce aux ruraux, donne une réponse qui dépasse les pires craintes des républicains en envoyant siéger une énorme majorité de conservateurs, pacifistes et monarchistes pour plus des deux tiers des 650 élus. Le prince de Joinville est de ceux là. Il se retrouve élu comme représentant à l'Assemblée nationale en Haute-Marne et dans la Manche . Il opta pour la Haute-Marne, en souvenir du nom qu’il portait, et la validation de son élection fut ajournée jusqu'à l'abrogation de la loi d'exil le 8 juin. S’ouvre alors une période d’incertitude politique. Selon Marx, « L’antithèse directe de l’Empire, c’était la Commune.» Bien que les possibilités de restaurer la monarchie soient réelles avec une Assemblée nationale largement monarchiste, les obstacles ne cessent de surgir. Thiers, qui fut ministre de son père, ne pense qu’à la république. Les députés monarchistes sont partagés entre orléanistes et légitimistes…. Finalement François d’Orléans siégera au centre droit de l'Assemblée.
Une restauration avortée
La répression de la Commune à valu à Thiers un prestige considérable d’autant plus assis qu’il est consolidé par la division de la monarchie. Le prince de Joinville accompagne son neveu le comte de Paris lorsqu’il se rend à Froshdorf en août 1873. L’entrevue est cordiale, et les orléanistes parlent déjà de fusion. Si le comte de Chambord semble pardonner à ses cousins, en aucune manière il n’aborde concrètement l’avenir politique, la stratégie à adopter, comme l’union des forces politiques nécessaire à la préparation de la restauration. Naïf et confiant en l’avenir, le comte de Paris repart finalement, les mains vides et sans aucune promesse. Moins de trois mois plus tard, le comte de Chambord, dans son manifeste du 27 octobre 1873, met fin aux espoirs de restauration en refusant d’abandonner un symbole auquel il tient par-dessus tout: le drapeau blanc. Manquant d’assurance politique, le comte de Paris refuse de forcer le destin, en acceptant une régence qui permettrait d’attendre la mort d’Henri V, comme le suggèrent les orléanistes. La solution de rechange réside en l’élection pour sept ans du maréchal de Mac-Mahon, comme président de la République. L’élection d’un monarchiste légitimiste doit permettre d’attendre la disparition d’Henri V. Mais le temps passe et favorise le régime républicain que les lois constitutionnelles de 1875 officialisent. Après la dissolution de l’Assemblée, et constatant l’échec de la restauration, François d’Orléans annonça qu'il n'accepterait aucune candidature nouvelle et se retire définitivement de la vie publique en 1876.

Entre temps, en 1873, le prince de Joinville récupèrera le domaine d’Arc-Chateauvillain et y organisera des chasses importantes jusqu’à la fin du siècle tout en continuant son aménagement, notamment par la construction de la glacière. Réintégré dans les cadres comme vice-amiral en 1872, il fut classé dans la section de réserve le 14 août 1883 mais en fut radié après le vote de la loi d'expulsion des princes en juin 1888. Il allait désormais consacrer le restant de sa vie à la chasse, puis surtout après le décès de son épouse, à la lecture et à des promenades solitaires muré dans le silence de sa surdité et ne recevant que quelques vieux amis dans sa propriété parisienne.




Sources :
Ordine Nobilitatis tome 7
Dictionnaire de biographie française Roman d’Amat.
Mémoire haut-marnaise N°8 La région d’arc en Barrois. Bernard Sanrey. 1993.
Histoire de la France de 1852 à nos jours. Georges Duby. Larousse 1991.
La véritable histoire de la commune. Faucher. Editions du Gerfaut 1969.
François d’Orléans prince de Joinville. Amiral Jacques Guillon. France Empire 1990.

lundi 22 juin 2009

Thibault: Une histoire de famille

UN NOM, UNE CHAPELLE, UN BENEFICE

ou la bourgeoisie provinciale

Sous l’Ancien Régime, le bénéfice est un bien patrimonial à part entière que les familles s’efforcent de conserver en raison des revenus qui y sont attachés. Celles ci poussent leurs enfants très tôt vers les stalles. La tonsure pouvant être reçue dès la septième année, et l’accession au canonicat étant possible à partir de l’âge de quatorze ans, il était dès lors fréquent qu’avançant dans l’âge, un chanoine ou un chapelain renonce à ses fonctions au profit d’un neveu afin de lui transmettre sa prébende, ou tout autre bénéfice lui appartenant Si la résignation concerne près de 90% des chanoines de Langres au XVIIème siècle. Le patronage n’en demeure pas moins une bonne méthode de transmission des bénéfices mineurs, mais il engendre parfois des conflits dans les familles concernées, où avec l’autorité religieuse. C’est ce que nous allons voir à travers l’étude généalogique d’une famille Langroise, qui a pu bénéficier d’un droit de patronage alors qu’elle n’était pas fondatrice de la chapelle à laquelle le revenu était attaché, mais parce que le souci de faire demeurer le bien dans la famille avait prévalu, et la résignation non prévue à l’origine.

LA FAMILLE THIBAUT

     

  1. Geoffroy THIBAUT, seigneur du Fail en partie, épouse en 1402 Charlotte du Fail, dont:

     

  1. Philippe THIBAUT, avocat, lieutenant général ducal à Langres, harangua au nom de la ville l’évêque Jean d’Amboise à son entrée à Langres le 18 novembre 1481; il épouse Guyette de Giey (Remariée à Nicolas Thomassin) fille de Jean de Giey, bailli de Langres, écuyer de Charles VII et de Louis XI, et de Guillemette (Alias Nicole) Penillot; dont:

     

  1. Gilles qui suit.

     

  1. Jean, dit Le Jeune, né à Mussy l’Evêque, bachelier en droit canon, secrétaire du Chapitre de Langres en 1524, 1528, chanoine de Langres, 1527,1530, mort le 15 septembre 1530.

     

  1. Louise, morte le 03 novembre 1529, épouse Jean Genevois, échevin de Langres en 1502, fils de Mongin Genevois, homme d’armes du sire d’Orval, et de Marie Charpy. Dont postérité.

     

  1. Bernarde, morte en 1552, dite en 1539 veuve de Guyot Genevois, procureur des habitants de Langres, et frère du précédent.

     

  1. Anne ou Jeanne, morte le 04 juin 1520, inhumée à Langres, Saint Pierre, Saint Paul chapelle Saint Honoré, avec son mari Nicolas de Daillancourt, mort le 30 avril 1513, fils de Jacquinot de Daillancourt, écuyer, seigneur de Buxerolles en partie, et de Marguerite de Zurle de Laharmand; dont postérité.

     

  1. 1 Gilles THIBAUT, bourgeois de Langres en 1514 et 1518, y demeurait rue de l’Homme Sauvage, possédait près de Longe Porte, un jardin acquit de Pierre Myot, notaire, et des vignes à Aubigny; il épouse 1° Jeanne de Récourt, fille de Anceau de Récourt et de Bonne Antoine dite de Brouille, et qui possédait à Langres une maison sise grande rue, et une autre auprès de Saint Martin occupée en 1518 par Jean Matheret, boulanger, des propriétés près la porte "Ruebolière" et des biens à Cohons. 2° avant 1518 Colette Genevois. Du premier lit:

     

  1. 11 Philippe, qui suit.

     

  1. 12 Jean, dit l’Ancien, langrois, licencié en droit canonique, curé de Charmes les Langres (1519-1529) archidiacre du Langrois en 1529, puis curé du Bassigny (1530-1541), trésorier de 1530 à 1541.

     

  1. 13 Jean Thibaut-Daillancourt, qui eut la maison paternelle rue de l’Homme Sauvage et des biens à Aubigny, épouse Catherine Bourgoing, fille d’Etienne
  2. Bourgoing, prévôt d’Isomes et de Claudine de Vergy de Richecourt, sa première femme, dont:

     

  1. 131 Nicolas, bourgeois de Langres et prévôt héréditaire d’Esnoms, épouse Philiberte (alias Eglantine) Villot, dite veuve en 1598 et 1624, fille de Pierre Villot, avocat à Chaumont, et de Françoise Martin. Seigneur de Juvanzé (Aube) avec ses soeurs Bernarde et Marguerite. Dont:

     

  1. 1311 Georges, baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 10 mars 1561

     

  1. 1312 Gabriel, baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 11 novembre 1572

     

  1. 1313 Nicolas, baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 17 février 1579

     

  1. 1314 Eglantine, baptisée à Langres Saint Pierre Saint Paul le 13 avril 1582

     

  1. 1315 Peut être Bernarde, dite en 1647 veuve de François Gousselin, conseiller du roi, magistrat au bureau et présidial de Langres, commissaire enquêteur et examinateur au dit bailliage. Dont postérité.

     

  1. 132 Bernarde, morte le 2 novembre 1612, dite en 1597 veuve de Pierre Sauvage, seigneur d’Angoulevant en 1573, fils de Nicolas Sauvage, seigneur d’Angoulevant et de Louise Genevois ; dont postérité.

     

  1. 133 Marguerite, épouse en 1546 Nicolas Sauvage, seigneur d’Angoulevant, maire de Langres en 1591, mort à Langres Saint Martin le 9 janvier 1622, frère du précédent; dont postérité.

     

  1. 14 Marguerite, qui eut à Langres la maison de sa mère sise grande rue, et une autre à Noidant le Chatenoy, était en 1518 mariée à Nicolas Bouchu, avocat lieutenant à la garde des clefs de Langres, fils de Pierre Bouchu, avocat à Dijon, et de Claire Fyot, dont postérité.

     

     

  1. 11 Philippe THIBAUT, marchand en 1540 eut une maison à Langres rue Saint Martin et des biens à Cohons; il épouse en 1507 Jacquette Genevois, fille de Jean Genevois, grenetier à Semur, et de Nicole Guillaume, sa seconde femme. Dont:

     

  1. 111 Denis, qui suit.

     

  1. 112 Nicolas, clerc tonsuré,

     

  1. 113 Prudent, avocat docteur en droit en 1571. Sans hoirs.

     

  1. 114 Bonaventure, épouse Claude Delecey procureur à Langres, fils de Jean Delecey, officier au grenier à sel de Langres et de Claire de Mauléon, sa seconde femme. Sans hoirs.

     

  1. 115 Christophe alias Claude, chanoine de Langres de 1533 à 1549, mort le 11 juin 1549

     

  1. 116 Guillemette, première femme en 1539 de Mathieu Roussat, bourgeois de Langres, fils de Jean Roussat et de Antoinette Martin; dont postérité.

     

  1. 111 Denis THIBAUT, procureur à Langres, épouse Bonne Petitjean , fille de Mongin Petitjean et de Guyette Petit. Dont:

     

  1. 1111 Guillemette, née en 1553, épouse en 1570 Pierre Fourel, procureur à Langres, échevin de Langres, né vers 1545, mort le 20 mars 1604, fils de Laurent Fourel, bourgeois de Langres et de Didière Milleton; dont postérité.

     

  1. 1112 Nicolas, baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 22 janvier 1556.

     

  1. 1113 Mathieu, baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 7 avril 1557

     

  1. 1114 Philippe, qui suit

     

  1. 1115 Jacquette, baptisée à Langres Saint Pierre Saint Paul le 22 mars 1564, épouse Michel Gassot huissier au Chatelet de Paris.

     

  1. 1116 Denis, auteur de la branche A

     

  1. 1117 Nicolas, baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 17 mars 1576

     

  1. 1114 Philippe THIBAUT, docteur en droit, avocat au siège royal en 1592, échevin de Langres en 1599, juge en la mairie de Langres en 1586-1621, juge des obédiences en 1621-1630, né en 1561, mort le 12 janvier 1630 et inhumé en la chapelle Saint Jérôme de l’église Saint Pierre Saint Paul de Langres, épouse Sébastienne Milleton, fille de Nicolas Milleton, procureur et de Jeanne Humblot, dont :

     

  1. 11141 Nicolas, baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 3 novembre 1588

     

  1. 11142 Jeanne , baptisée à Langres Saint Pierre Saint Paul le 1 octobre 1590, épouse Richard Legoux, receveur du chapitre, bourgeois de Langres, fils d’Isidore Legoux, avocat, juge des traites foraines, et d’Edmée Ormancey; dont postérité.

     

  1. 11143 Barbe, baptisée à Langres Saint Pierre Saint Paul le 29 décembre 1592, pensionnaire aux Ursulines de Langres. Y meurt le 26 mars 1616.

     

  1. 11144 Philippe,baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 5 mai 1596.

     

  1. 11145 Rémonde,baptisée à Langres Saint Pierre Saint Paul le 30 décembre 1596, épouse en 1615 ou 1616 Didier Profillet, mort en 1637 ou 1638, avocat, receveur des épices au siège royal de Langres, fils de Simon Profillet, marchand et de Jacquette Prodhon; dont postérité.

     

  1. 11146 Philippe, qui suit.

     

  1. 11147 Valérian, baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 3 septembre 1599

     

  1. 11148 Antoine, baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 9 octobre 1600, mort le 6 décembre 1677, prêtre vers 1630, curé de Dommarien en 1634, chapelain de la chapelle Saint Jérôme à Saint Pierre Saint Paul de Langres, curé de Saint Pierre Saint Paul en 1643, gardien des reliques en 1651, chanoine de Langres (1639-1676), résigne à Richard profillet, son neveu, fonde en 1677 la fête de Saint Thibaut à la Cathédrale de Langres et lègue sa bibliothèque au chapitre de Langres; auteur de recherches aujourd’hui perdues sur l’histoire du diocèse. Fervent amateur du passé, il avait fait de sa maison canoniale un véritable musée riche en médailles, monuments historiques et livres d’art.

     

  1. 11149 Didier, baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 22 octobre 1602 (Parrain: Didier Thibaut, marchand)

     

  1. 1114a Etienne, baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 13 juillet 1605.

     

  1. 1114b Elisabeth, baptisée à Langres Saint Pierre Saint Paul le 8 mars 1607, entrée aux Ursulines le 2 février 1624.

     

  1. 11146 "Noble" Philippe THIBAUT, bailli de Grancey en 1647, juge des chambres et obédiences de l’église de Langres en 1661, conseiller et secrétaire des finances du duc d’Anjou frère du roi, baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 9 janvier 1598, épouse Guillemette Mareschal dite sa femme en 1667, baptisée à Langres Saint Pierre Saint Paul le 16 avril 1603, y meurt le 5 novembre 1673, fille de Pierre Mareschal avocat au parlement et au siège royal de Langres et de Quentine Roussat. Dont:

     

  1. 111461 Didière, baptisée à Langres Saint Pierre Saint Paul le 29 janvier 1630

     

  1. 111462 Guillemette, baptisée à Langres Saint Pierre Saint Paul le 6 septembre 1631, y est inhumée le 4 février 1698, épouse par contrat du 13 décembre 1651 Gilles Petit, écuyer, seigneur de Frettes, Piépape, etc... lieutenant général au bailliage de Langres, né vers 1628, inhumé à Langres Saint Pierre Saint Paul , chapelle Saint Louis, le 22 mars 1694, fils d’Anselme Petit, seigneur de Frettes lieutenant général au bailliage de Langres, et de Jeanne Millet sa seconde femme. Elle était veuve quand elle se fait inscrire à l’armorial général de 1696 avec les armes suivantes: D’or à un lion passant de gueules. Dont postérité.

     

  1. 111463 Philippe Etienne, baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 12 février 1634.

     

  1. 111464 Marie, baptisée à Langres Saint Pierre Saint Paul le 6 septembre 1635

     

  1. 111465 Nicolas baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 24 août 1638

     

  1. 111466 Valère, baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 3 décembre 1639

     

  1. 111467 Rémonde, baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 18 juillet 1641

     

  1. 111468 Philippe, qui suit:

     

  1. 111468 "Noble" Philippe Thibaut, échevin de Langres, écuyer de la grande écurie du roi, convoqué au ban et arrière ban du bailliage de Langres en 1690, conseiller secrétaire du roi Maison Couronne de France en la chancellerie du Parlement de Besançon, seigneur de Percey le Pautel en partie en 1692, inscrit à l’Armorial Général de 1696 avec les armes suivantes: De sable semé de trefles d’argent à un lion de même. Son office de secrétaire du roi fut vendu par sa veuve à François Gaucher le 27 décembre 1710. Le 24 février 1685, il présente comme aîné à la chapelle Saint Jérôme fondée en 1510 à Saint Pierre Saint Paul par Bonne de Brouille, sa 5ème aïeule, veuve d’Anceau de Récourt; il eut contestation à ce sujet avec Nicolas Thibaut, son parent de la branche A, qui prétendait au même droit de présentation. Baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 1 novembre 1643, y meurt le 3 septembre 1708. Marié le 22 juin 1671 à Barbe Gautherot , baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 29 juillet 1651, y décède la 3 avril 1720, fille de Thomas Gautherot, avocat, procureur à Langres et de Jeanne Logerot, sa seconde femme. Dont:

     

  1. 1114681 Guillemette Thérèse, dame de Mouilleron, née à Langres Saint Pierre Saint Paul le 16 avril 1672, y est inhumée à Saint Amatre le 12 mai 1709, se marie à Saint Pierre Saint Paul le 23 avril 1691 à Jean Andrieu, seigneur de Chatenay Vaudin etc.. conseiller secrétaire du roi Maison Couronne de France , président du bailliage et présidial de Langres, veuf de Marie Anne Sauvage, né vers 1659, mort à Langres Saint Pierre Saint Paul le 9 janvier 1735, fils de Jean Andrieu seigneur de Chatenay Vaudin, conseiller juge magistrat au bailliage et présidial de Langres et de Jeanne Blondel; dont postérité.

     

  1. 1114682 Jeanne, née à Langres Saint Pierre Saint Paul le 9 janvier 1674, visitandine à Langres

     

  1. 1114683 Thomas, qui suit

     

  1. 1114684 Claire, née à Langres Saint Pierre Saint Paul le 10 mars 1676, y est inhumée le 28 avril 1678

     

  1. 1114685 Nicole, née à Langres Saint Pierre Saint Paul le 12 février 1679, y meurt le 20 février 1679.

     

  1. 1114686 Marguerite, née à Langres Saint Pierre Saint Paul le 15 janvier 1681, y est inhumée le 21 novembre 1681.

     

  1. 1114687 Marguerite, née à Langres Saint Pierre Saint Paul le 4 janvier 1683. Il s’agit probablement de Marguerite Thérèse, visitandine à Langres élue supérieure en 1745 et morte le 26 janvier 1759.

     

  1. 1114688 Rémonde, née à Langres Saint Pierre Saint Paul le 24 mars 1684, y est inhumée le 27 juillet à la chapelle Saint Jérôme.

     

  1. 1114689 Louis, né à Langres Saint Pierre Saint Paul le 11 février 1687 et mort le 13 mars suivant.

     

  1. 1114683 "Noble" Thomas THIBAUT, seigneur de Maillefeu et de Mouilleron, écuyer, conseiller du roi, lieutenant particulier, commissaire enquêteur et examinateur au bailliage et présidial de langres (4 avril 1701). Echevin de 1692 à 1698 et de 1711 à 1715, lieutenant particulier au présidial. Réside à Langres à l’actuel n° 2 de la rue de la Tournelle. Né à Langres Saint Pierre Saint Paul le 17 janvier 1675, y meurt le 16 avril 1722. S’y marie le 25 avril 1702 à Marguerite Profillet , née vers 1677, morte à Langres Saint Pierre Saint Paul le 21 octobre 1744, fille de Denis Profillet, seigneur de Saulles et Grenant en partie, Choilley Dardenay, Cusey, juge du domaine de l’Evéché, receveur des épices au bailliage et présidial de Langres et de Marguerite Favrel, dont:

     

  1. 11146831 une fille visitandine.

Branche A

     

  1. 1116 Denis THIBAUT, baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 18 mars 1576, marchand de draps, épouse Barbe Milleton, fille de Nicolas Milleton, procureur et de Jeanne Humblot. Dont:

     

  1. 11161 Jeanne, baptisée à Langres Saint Pierre Saint Paul le 23 décembre 1597, épouse en premières noces Didier Gautherot, avocat fils de Jean Gautherot et de Françoise Viochot, sans hoirs; puis Philippe Regnauldot, marchand à Langres, dont postérité.

     

  1. 11162 Nicolas, qui suit.

     

  1. 11163 Denis, marchand, puis bourgeois de Langres , baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 4 octobre 1601, y est inhumé le 4 janvier 1683, mari en 1664 d’Agnès Lelièvre, morte à Coiffy le Haut le 8 janvier 1681, dont:

     

  1. 111631 Nicolas , baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 11 novembre 1637, curé de Rançonnières en 1668, y est inhumé le 18 juin 1689.

     

  1. 111632 Jeanne , baptisée à Langres Saint Pierre Saint Paul le 4 août 1640

     

  1. 111633 Didier , baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 25 septembre 1646

     

  1. 111634 Barbe, épouse avant 1665 Jacques Constant huissier, bourgeois de Langres, fils de Pierre Constant et d’Edmée Petit de Lavaux.

     

  1. 11164 Prudent , baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 29 mars 1603, marié à Auxonne.

     

  1. 11165 Bonne , baptisée à Langres Saint Pierre Saint Paul le 23 novembre 1604

     

  1. 11166 Claude baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 18 avril 1607

     

  1. 11167 Claude , baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 21 mai 1610

     

  1. 11168 Marc Antoine , baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 15 juin 1612

     

  1. 11169 Marguerite , baptisée à Langres Saint Pierre Saint Paul le 15 juillet 1615

     

  1. 1116a Rémonde , baptisée à Langres Saint Pierre Saint Paul le 8 décembre 1616

     

  1. 11162 "Noble" Nicolas THIBAUT, docteur en médecine, auteur d’un traité sur les eaux de Bourbonne (Langres 1658), conseiller de l’hôtel de ville de Langres, né vers 1599, inhumé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 18 décembre 1693 dans la chapelle Saint Jérôme. Epouse en premières noces Antoinette Marivetz , baptisée à Langres Saint Pierre Saint Paul le 6 novembre 1613, fille de René Marivetz, avocat et de Sébastienne Le Tondeur, puis en secondes noces par contrat du 6 août 1643 Claire Bocquin , baptisée à Langres Saint Pierre Saint Paul le 27 février 1622, y décède le 18 juillet 1688 d’une chute sur les remparts et est inhumée dans la chapelle Saint Jérôme, fille de Prudent Bocquin procureur, et d’Anne Delecey.

Du premier lit:

     

  1. 111621 Barbe , baptisée à Langres Saint Pierre Saint Paul le 31 janvier 1634

     

  1. 111622 Sébastienne , baptisée à Langres Saint Pierre Saint Paul le 12 février 1635

     

  1. 111623 Denis , baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 26 septembre 1636

     

  1. 111624 Jeanne , baptisée à Langres Saint Pierre Saint Paul le 4 novembre 1638

     

  1. 111625 Rémonde , baptisée à Langres Saint Pierre Saint Paul le 20 janvier 1640, religieuse

Du second lit:

     

  1. 111626 Anne , baptisée à Langres Saint Pierre Saint Paul le 16 septembre 1644, y est inhumée le 9 février 1714, épouse à Langres Saint Pierre Saint Paul le 8 juillet 1684 Nicolas Lambert (veuf d’Anne Charlot), procureur fiscal de la duché pairie et du bailliage de Langres, maire de Langres, seigneur de Rivières le Bois, fils de Jacques Lambert, premier huissier du chapitre et de Colombe Petitjean; dont postérité.

     

  1. 111627 Jérôme , baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 26 mars 1647

     

  1. 111628 Jean Baptiste , baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 25 septembre 1648, jésuite

     

  1. 111629 Sébastien Nicolas, qui suit.

     

  1. 11162a Marie , baptisée à Langres Saint Pierre Saint Paul le 29 octobre 1652

     

  1. 11162b Claire , baptisée à Langres Saint Pierre Saint Paul le 3 avril 1655

     

  1. 11162c Gabriel , baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 4 septembre 1658, mort à Grenoble

     

  1. 11162d Nicolas , baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 19 novembre 1659, mort à Paris; conseiller du roi, intendant du bailli d’Hautefeuille (Ambassadeur de Malte en France), secrétaire de la Compagnie des Cent gentilshommes de la maison du roi. Sans hoirs.

     

  1. 11162e Hubert , baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 14 décembre 1662, y meurt le 4 novembre 1711, prêtre vers 1693 et chapelain de la chapelle Saint Jérôme en l’église Saint Pierre Saint Paul de Langres.

     

  1. 111629 "Noble" Sébastien Nicolas THIBAULT, docteur en médecine, échevin de Langres receveur du chapitre , baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 29 mai 1651 (Parrain Mgr Zamet), y est inhumé le 3 juin 1715, épouse en premières noces par contrat passé devant Jean Myon, notaire à Langres en la rue du château et en l’église Saint Pierre Saint Paul de Langres le 7 février 1679, Catherine Myon , baptisée à Langres Saint Pierre Saint Paul le 5 décembre 1658 qui y décède le 24 mai 1701, fille de Jean Baptiste Myon, marchand de draps et d’Elisabeth Faullot, sa première femme. Puis en seconde noces , à Langres Saint Pierre Saint Paul le 21 septembre 1704 Catherine André, née vers 1659, veuve de Nicolas Le Poivre avocat, et fille de Christophe André, drapier et d’Anne Dhostel. Dont, du premier lit seulement:

     

  1. 1116291 Claire , née à Langres Saint Pierre Saint Paul le 20 août 1680, ursuline à Langres

     

  1. 1116292 Elisabeth , née à Langres Saint Pierre Saint Paul le 17 avril 1682, inhumée le 14 août 1687 dans la chapelle saint Jérôme.

     

  1. 1116293 Gabriel , né à Langres Saint Pierre Saint Paul le 9 septembre 1683, prêtre en 1707, curé de Grenant et de Saulles de 1705 à 1749 où il meurt à Grenant le 6 mars 1749. Il fit construire en 1741 le pont de Grenant tel qu’il subsiste dans sa partie ouest (la partie est ayant été rétablie en 1820) et les deux fontaines avec lavoirs de la rue des ormes et de la rue de Saulles. Il fit relever le mur du cimetière, restaurer le presbytère. Ses armes étaient: Un lion couronné de sept étoiles. Il fit également décorer l’église, entretenir les ornements sacrés, acheter en 1726 deux statues (La Vierge et Saint Martin)

     

  1. 1116294 Anne , née à Langres Saint Pierre Saint Paul le 1 février 1685, y décède le 4 juin 1724, épouse à Langres Saint Pierre Saint Paul le 20 août 1709 Claude Charles, docteur en médecine, avocat en parlement, conseiller du roi contrôleur des tailles en l’élection de Langres( veuf de Louise Varney), né vers 1674, mort à Langres Saint Pierre Saint Paul le 5 novembre 1746, inhumé à Saint Martin, fils de Claude Charles , marchand bourgeois de langres et de Sébastienne Parisot, dont postérité.

     

  1. 1116295 Colombe , née à Langres Saint Pierre Saint Paul le 18 novembre 1686

     

  1. 1116296 Elisabeth , née à Langres Saint Pierre Saint Paul le 13 mai 1688, ursuline.

     

  1. 1116297 Catherine , née à Langres Saint Pierre Saint Paul le 20 novembre 1689, y décède le 21 février 1764; épouse à Grenant le 22 juillet 1715 Jean François Milleton, conseiller au bailliage de langres, né vers 1667, mort à Langres Saint Pierre Saint Paul le 21 novembre 1738, fils de Pierre Milleton, avocat à Dijon et de marie Christine d’Angely. Dont postérité.

     

  1. 1116298 Nicolas qui suit.

     

  1. 1116299 Jean Hubert dit le chevalier Thibaut, né à Langres Saint Pierre Saint Paul le 19 février 1693, chevalier de Saint Lazare et du Mont Carmel, demeurant à Maatz, chapelain de la chapelle saint Jérôme en 1746, sur présentation de Philippe Thibaut, et mort à Chassigny le 21 novembre 1761. bailli d’épée de l’Evêque de Langres en 1724, docteur en médecine à Langres, vend sa charge de bailli à Christophe Profillet de Grenant pour 3000 livres le 31 mai 1728.

     

  1. 111629a Jean Baptiste, né vers 1694 , inhumé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 19 janvier 1700.

     

  1. 111629b Jean Baptiste , né à Langres Saint Pierre Saint Paul le 13 octobre 1696, inhumé à Corgirnon en novembre 1696

     

  1. 111629c Jeanne , née à Langres Saint Pierre Saint Paul le 20 avril 1698.

     

  1. 111629d Jean Baptiste , né à Langres Saint Pierre Saint Paul le 6 décembre 1699

     

  1. 1116298 "Noble" Nicolas THIBAUT, conseiller, juge magistrat au bailliage et présidial de Langres, intendant du duc de Lauzun en 1715, maire lieutenant à la garde des clefs de Langres (1740-1744). Echevin de 1725 à 1729, conseiller et lieutenant particulier au présidial. Porte pour armes de sable semé de trèfles d’argent et un lion de même brochant sur le tout. Né à Langres Saint Pierre Saint Paul le 14 mai 1691, y meurt le 1 avril 1768, inhumé dans la chapelle saint Jérôme, épouse par contrat à Langres du 1er et à Grenant le 2 décembre 1720 Sébastienne Catherine Plivard , née à Langres Saint Pierre Saint Paul le 17 janvier 1701, fille de Jean Plivard et de Marie Rathier; dont:

     

  1. 11162981 Un fils né et mort à Langres Saint Pierre Saint Paul le 24 octobre 1721

     

  1. 11162982 Catherine , née à Langres Saint Pierre Saint Paul le 8 octobre 1722, morte à Langres Rue Boivin le 29 septembre 1811.

     

  1. 11162983 Jérôme Gabriel qui suit.

     

  1. 11162984 Sébastien, auteur de la branche B.

     

  1. 11162985 Hubert , né à Langres Saint Pierre Saint Paul le 10 juin 1726.

     

  1. 11162986 Une fille , née et morte à Langres Saint Pierre Saint Paul le 11 septembre 1727.

     

  1. 11162987 Une fille , née et morte à Langres Saint Pierre Saint Paul le 26 avril 1729

     

  1. 11162988 Une fille née et morte à Langres Saint Pierre Saint Paul le 30 avril 1730

     

  1. 11162989 Jean Baptiste, né à Langres Saint Pierre Saint Paul le 15 et mort le 16 mai 1731

     

  1. 1116298a Nicolas Thibaut de la Jonchère, né à Langres Saint Pierre Saint Paul le 10 juin 1732, avocat, conseiller du roi au bailliage et présidial de Langres (13 janvier 1758), y demeure rue Boivin, puis vice président du conseil de la régence de l’Evéché de Strasbourg, meurt à Langres 1175 rue Boivin le 22 fructidor an III (8 septembre 1795). Sans hoirs.

     

  1. 1116298b Un fils né et mort à Langres Saint Pierre Saint Paul le 31 août 1733

     

  1. 1116298c Un fils né et mort à Langres Saint Pierre Saint Paul le 7 décembre 1734

     

  1. 1116298d Jean Baptiste, né à Langres Saint Pierre Saint Paul le 12 avril 1736, mort le 15 janvier 1739

     

  1. 1116298e Marie, née à Langres Saint Pierre Saint Paul le 26 mars 1738, y décède le 25 août 1753

     

  1. 1116298f Un fils né et mort à Langres Saint Pierre Saint Paul le 19 novembre 1739

     

  1. 1116298g Un fils né et mort à Langres Saint Pierre Saint Paul le 17 septembre 1741.

     

  1. 11162983 Jérôme Gabriel THIBAUT né à Langres Saint Pierre Saint Paul le 1 octobre 1723, y meurt veuf au 1175 rue de Bruges (Rue Boivin) le 13 pluviose an V (2 février 1797), contrôleur des actes (Directeur des domaines) à Saint Quentin, épouse Jeanne Louise Quentelot, de Rethel; dont:

     

  1. 111629831 Nicolas , directeur des contributions à Lyon, mort en 1819, épouse ???

     

  1. 111629832 Nicolas Michel, né vers 1752, mort à Langres Saint Pierre Saint Paul le 27 juin 1769.

     

  • Branche B

     

  1. 11162984 Messire Sébastien THIBAULT de PLAISANCE, officier au régiment royal du Barrois en 1749, capitaine au régiment de Talaru infanterie , né à Langres Saint Pierre Saint Paul le 6 janvier 1725, mort à Saint Paul de Léon en 1787, épouse à Saint Paul de Miniy (Evéché de Lèon) fin 1760 Marguerite Françoise de Krouartz, comtesse de Coalles, demeurant au dit Saint Paul, princesse de Miniy, fille de feu messire François René de Krouartz, chevalier, seigneur et comte de Penoit, Lezerasiens, etc... et de Jacquemine de Bonnemez, et veuve de messire Joseph Guillaume de Poulpiquet, chevalier, seigneur et comte de Coalles, Lavilleneuve, Klivery, dont postérité.

 

 

LA CHAPELLE SAINT JEROME

Antoine THIBAUT( N°11148), chanoine de Langres nous apprend que l’évêque de Langres "assista à un concile général de Lyon l’an 1245 où le Pape Innocent IV lui acquitta le reste d’un emprunt de 350 It., monnoie de Langres, que son prédécesseur avait fait à un gentilhomme nommé Simon de Beaupères, seigneur de Sucoy ou de Sucy, et dédia l’église paroissiale de Saint-Pierre de Langres en l’honneur des apôtres Saint Pierre et Saint Paul" . Cette date de 1245 correspond en fait à celle couramment admise de l’érection en église paroissiale de l’église Saint-Pierre. Si l’historique de celle-ci est mal connue, son origine remonte toutefois à la fin du IXème siècle et on estime qu’elle fut bâtie sur les ruines d’une ancienne abbaye de religieuses.

Elle était située sur l’actuelle place Henryot et son portail s’ouvrait en haut de la rue Lescornel. L’édifice a connu de profondes modifications au cours des siècles, et même son plan reste un peu vague. Tout juste connaissons nous les raisons de la démolition de l’église qui sont dues à la ruine de la tour qui servait au guet. Celle-ci avait été construite par Joachim de Dinteville en 1588, en remplacement de la précédente détruite par un incendie à cette même date. Bâtie au temps du roi Saint Louis, l’église sera agrandie à partir de 1494 avec cinq nefs et quatorze chapelles, mais toujours en avant du maître autel, ce qui laisse à penser que dans son origine elle n’avait qu’un collatéral de chaque côté du coeur de la nef ;et que par la suite elle a été augmentée d’un second collatéral, du coté du septentrion, pris sur la rue commune qui par ce fait a été rendue fort étroite. Malgré cette élargissement, l’église ne pouvait contenir qu’une partie de ses paroissiens mais pas autant de chapelles. En effet, Saint Pierre Saint Paul comptait environ les deux tiers de la population de la ville. Cependant il était impossible de par son emplacement de l’agrandir, à moins de prendre du terrain dans le jardin d’une maison canoniale du chapitre située au sud de l’église. Comme le chapitre était curé de cette paroisse qu’il fallait desservir par un de ses membres, les marguilliers et paroissiens de Saint Pierre présentèrent leur supplique afin d’avoir l’autorisation d’agrandir leur église qui ne pouvait l'être qu’aux dépens du terrain de cette maison. Ils offrirent de le payer ou de constituer un cens selon les desiderata du chapitre.

Celui-ci, touché du besoin de cette paroisse, accorda "libéralement et gratuitement dix huit pieds de largeur à un bout et vingt pieds de l’autre sur toute la longueur de l’église à prendre dans ledit jardin pour que le mur de l’église put être tiré à droite ligne, et le chapitre prit sur lui d’indemniser le chanoine usufruitier de ladite maison du dommage que cette concession lui causait". Les seules conditions que le chapitre opposa à la libéralité furent que les marguilliers et paroissiens seraient tenus "de faire et parfaire ladite accrue et ampliation de l’église dans quatre ans à compter du jour de la concession qui est du 29 avril 1496, et après les fondations faites de monter le mur le plus haut que faire se pourra, et de ne point laisser endommager le jardin ou en cas de dommage de le réparer et à condition de ne pouvoir faire aucune ogive du long de la muraille qui sera pleine, droite, et sans ogives, et si aucunes se font elles seront faites en dedans de l’église"; et en effet les ogives ont été faites à l'intérieur de l’église tout le long de ce gros mur qui la ferme. Il n’est pas possible d’affirmer que cet agrandissement de l’église ait été fait dans les quatre années qui suivirent ni si la dépense de l’édifice fut faite aux dépens de la fabrique ou si des offrandes de personnes charitables y ont contribué. Toujours est-il qu’"au bout de ce terrain du côté d’orient se trouve placée la sacristie ensuite une chapelle sous l’invocation de Saint Jérôme qui tient toute la longueur de la sacristie et ou on peut mettre des bancs pour placer 40 à 45 paroissiens, et de suite est le grillage séparant le choeur de la nef"; et qu’une pièce sans signature d’une écriture ancienne datée du 25 août 1510 par laquelle il parait que Bonne de Brouille veuve d’Anceau de Récourt s’étant retirée chez un notaire à déclaré que "par piété et pour le salut de son âme elle désirait fonder la chapelle Saint Jérôme nouvellement construite et érigée à ses frais et dudit sieur de Récourt son mari en la paroisse Saint Pierre pour en ladite chapelle être dite un certain nombre de messes aux jours indiqués par l’acte, pourquoi elle donnerait une maison située à Langres et 300 livres en argent qui devaient être employés en achats de fonds et d’ornements au profit de la chapelle et pour le service d’icelle à condition que tant qu’elle vivrait elle aurait la présentation du chapelain et qu’après sa mort cette présentation appartiendrait à ses enfants mâles et à défaut de mâle aux femelles, le tout pour le bon plaisir des vénérables du chapitre auxquels elle donne l’institution des présentes pour elle et pour ses descendants, et que où la ligne manquerait, la nomination et institution appartiendrait aux sieurs du chapitre". Il apparaît également dans cette pièce que Bonne de Brouille nommait pour premier chapelain Prudent de Récourt son fils. Des délibérations capitulaires indiquent que cet acte a été présenté au chapitre le 25 août 1510 et sur lequel il est écrit ce qui suit: " qui visis litteris cappellae de novo erectae, et fundatae ad honorem sancti Hyeronimini eclesia parochiali sanctorum Petri et Pauli lingonensis per honestam mulierem Bonam de Brouïlle relictam defuncti Ancelmi de Récourt quondam mercatoris fundationem ipsam admiserunt ". La pièce mentionne que Prudent de Récourt, chanoine chantre de Saint Mammès et official est désigné comme premier chapelain. A cet effet, il lui fut remis les 300 livres d’argent qu’il a promis et juré d’employer au profit de la chapelle.

Au bas de la copie de l’acte du 25 août 1510 il y est fait mention qu’il a été homologué au chapitre en 1573. Bien qu’il ne se trouve aucun acte de spiritualisation de cette chapelle Saint Jérôme, il y a toujours eu un chapelain présenté par les descendants de Bonne de Brouille et institués par le chapitre.

En 1745, et depuis quelques années déjà, les paroissiens de Saint Pierre avaient honte de voir le lustre de leur paroisse obscurci par celui des deux autres moins étendues, et composées de paroissiens bien moins distingués. Tout le monde étant tombé d’accord qu’il fallait orner et réparer l’intérieur de cette église qui était désuet. Pour y travailler, on transféra les vases sacrés et ornements de la paroisse en l’église Saint Didier où ont été célébrés pendant huit ou neuf mois les services et instructions de la communauté durant lesquels il a été procédé aux réparations. Avant de les commencer, on avertit au prône que tous ceux qui prétendraient à quelques droits de places ou à certaines prérogatives en vertu de concessions ou autres se justifient aux curés intendant ou marguilliers afin de les leur conserver dans la mesure du possible . Le patron de la chapelle Saint Jérôme et les autres descendants de Bonne de Brouïlle, fondatrice, ne pensèrent point que cela pût les concerner et se contentèrent de dire verbalement qu’ils s’opposaient à ce que l’on touchât au terrain de la chapelle Saint Jérôme qui leur appartenait et sur lequel l’église et la paroisse n’avaient aucun droit.

Les curés, intendant et marguilliers ont voulu révoquer ce droit exclusif des descendants de Bonne de Brouille et ont tenté d’en soumettre la décision à la juridiction de l’évêque de Langres. Pour cela lors de la visite de l’archidiacre qui a précédé les réparations, il lui a été présenté les différents changements devant être faits pour réparer et orner l’église. Afin d’avoir son approbation concernant la chapelle Saint Jérôme, on lui demanda la permission de détruire le grillage et les vitraux qui étaient très obscurs, d’y placer un confessionnal nécessaire au besoin de la paroisse, et des bancs qui seraient concédés au profit de la fabrique, avec la réserve toutefois qu’un siège serait conservé pour le patron "dans la place la plus honorable et la plus commode". Ainsi, les curés intendant et marguilliers ont commencé les travaux, détruit le grillage, fait construire un mur avec entablement et une entrée devant être munie d’une porte, ont fait faire des vitraux en verre blanc, réparé le pavé et ont blanchi la chapelle comme le reste de l’église. Il ne restait comme condition à remplir que d’y placer une porte pour fermer l’entrée laissée dans le mur. Mais surtout ils ont fait placer dans la chapelle un confessionnal occupant l’équivalent de huit à dix places de bancs bien qu’il n’y en eut jamais eu, et qu’il était possible d’en placer suffisamment ailleurs. Dès que le confessionnal fut en place, Andrieu de Tornay a fait sommer Gravier menuisier qui l’y avait mis "d’ôter et enlever ledit confessionnal de la chapelle Saint Jérôme à peine de répondre du trouble à lui fait dans la possession immémoriale ou il est par lui et ses ancêtres de la propriété du fond de ladite chapelle construite et dotée par ses ancêtres sur leur propre fond et non sur celui de l’église".

Le lendemain 25 novembre 1745, le sieur Thibault titulaire de la chapelle fit assigner tant ledit Gravier que M.Regnault coadjuteur du marguillier décédé pour être condamné à ôter le confessionnal.

Le 24 décembre suivant, le sieur Thibault abandonnant la première assignation qu’ils ont faite comme une simple sommation assigne à nouveau lesdits Gravier et Regnaut aux mêmes fins.

Cette seconde assignation à encore été abandonnée parce que plusieurs descendants de Bonne de Brouïlle voulaient se contester la qualité de patron. Mais tombant d’accord qu’elle ne pouvait être incertaine qu’entre ledit sieur de Tornay et le curé de Grenant (1116293) il y eut une nouvelle assignation à la requête des sieur de Tornay et Thibault, curé de Grenant, en prenant l’un et l’autre la qualité de seul patron sans qu’elle puisse nuire ni préjudicier, là encore à la requête du sieur Thibault titulaire, de Nicolas Thibault (1116298) conseiller au bailliage et présidial de Langres , de dame Catherine Thibault (1116297) veuve du sieur Milleton, conseiller audit siège tant pour elle que pour ses enfants, de Claude Charles docteur en médecine veuf d’Anne Thibault (1116294) tant en son nom que pour ses enfants et Richard et Denis Profillet, tous en qualité de parents des patron titulaire et descendants de la fondatrice de la chapelle.

Ils ont conclu à ce qu’il soit reconnu auxdits protecteurs la possession immémoriale du droit de patronage de la chapelle, et donnent acte aux autres demandeurs de leur droit d’avoir chacun un banc dans ladite chapelle. Et par ailleurs qu’ils sont en droit d’avoir une grille de porte de fer fermant à clef (à ladite chapelle) qu’ils sont libres de fermer quand ils le veulent, "ce faisant qu’il leur soit pareillement donné acte de ce qu’ils prennent pour trouble en leur possession les entreprises des défendeurs en conséquence que les dits défendeurs soient condamnés à rapporter ou faire rapporter aux demandeurs vingt quatre heures après la sentence à intervenir tous les bancs qui étaient dans ladite chapelle et qui ont été par eux enlevés, d’ôter le confessionnal qu’ils ont mis ou fait mettre de leur autorité sans qu’il sera permis de le faire ôter à leur frais aux défenses de faire à l’avenir de pareilles entreprises , et attendu que lesdits patron, le titulaire n’ont consenti par leurs significations des 21 mai et 9 juin 1745 à l’enlèvement des grilles et porte de fer de ladite chapelle pour la décoration de l’église qu’à certaines conditions notamment qu’à la charge expresse d’élever un mur en parpinot avec entablement à l’endroit et alignement de ladite grille et d’y construire une porte de fer , lesquelles conditions ont été acceptées et exécutées en partie, de voir les défenseurs condamnés à faire construire ladite porte de fer fermant à clef si mieux ils n’arrivent remettre les choses au même état qu’elles étaient avant les dits actes des 21 et 29 juin et en outre aux dépens".

Sur cette demande Gravier (le menuisier) et Regnault (le coadjuteur) dirent qu’ils ne sont "pas parties capables d’y défendre que lui Gravier ne faisait qu'exécuter les ordres des paroissiens représentés par les sieurs curés intendants et marguilliers et que c’était avec eux qu’il fallait faire régler et juger la contestation". Les demandeurs répliquèrent en plaidant qu’il s’agissait d’un délit dont les défendeurs doivent personnellement répondre, et que comme ils ont travaillé sous les ordres de quelqu’un ils peuvent exercer un recours contre lui. Ce que firent les défendeurs (Gravier et Regnault) qui ont assigné les curé et intendant de la paroisse le 25 janvier 1746.

Ces derniers ont fourni comme éléments de défense :

"1° Que mal à propos on voulait leur faire un crime de leur zèle et des soins qu’ils ont pour réparer et orner l’église à fin de répondre à la confiance et aux voeux des paroissiens,

2° que l’incertitude des demandeurs à connaître le patron fait présumer que le patronage est éteint d’autant que jamais aucun d’eux n’a eu l’exercice du patronage,

3° qu’il n’est point véritable que les demandeurs fussent en possession d’avoir leur banc en ladite chapelle puisque les mauvais bancs qui y étaient placés étaient plus souvent occupés par d’autres que par eux., et qu’au contraire ils occupent dans d’autres places de l’église en vertu de concessions de la fabrique jusqu’à 24 places, en sorte que la possession est imaginaire.

4° Que la possession d’ailleurs serait insuffisante sans titre, que ce titre ne peut pas être perpétuel , et que tant qu’on ne représentera pas un titre, au moins coloré, ils doivent être déclarés non recevables en leur demande.

5° Que quand on représenterait le titre de patronage qui établirait que le droit subsiste encore dans l’un des demandeurs il serait contre les règles et le droit des gens de prétendre qu’on ne pourrait se servir de cette chapelle pour le besoin de l’église lorsqu’on ne gênera point l’usage de cette chapelle pour la desserte que la fondation exige, ni le banc que la fabrique a coutume d’y placer dans l’endroit le plus convenable pour le patron et sa famille comme à un bienfaiteur de l’église.

6° Que s’il était question d’une chapelle adjacente qui ne fit point partie de l’église qu’on y put entrer et sortir sans passer par l’église dont elle serait indépendante et à laquelle le défendeur eut donné l’être matériel, c’est à dire fourni le fond, bâti et doté, en ce cas le fondateur pourrait considérer le terrain comme bien mais que la chapelle en question est renfermée dans les gros murs qui ferment l’église, qu’il n’y a aucune entrée que par l’église où il faut même perdre la place en banc pour y former l’entrée.

7° Que le terrain de la chapelle Saint Jérôme a appartenu à l’église qu’il a toujours été entretenu aux frais de la fabrique comme le surplus de l’église que les réparations faites à la couverture de cette chapelle à la charpente qui la soutient et dans l’intérieur à compter depuis 7 à 8 ans jusqu’à 366 livres qu’il est inouï qu’on puisse dépouiller une paroisse de l’usage d’une partie de son église, et lui laisser la charge de l’entretenir sans lui rien donner ni pour le fond ni pour l’entretien.

8° Que le terrain de cette chapelle qui a 13 pieds de longueur sur 22 pieds cinq pouces de profondeur fait partie d’une plus grande contenance donnée pour servir à l’église et aux paroissiens.

9° qu’inutilement les demandeurs réclament en droit en une possession exclusive puisque de temps immémorial l’entrée et l’usage y ont été laissés libres à un chacun n’ayant jamais été tenue fermée et ne le pouvant être puisque les curé, chapelains, intendant et marguilliers sont chargés d’y acquitter et y acquittent quatre différentes fondations fondées pour la plupart depuis plus d’un siècle et ce pendant environ quatre vingt jours de chaque année ce qui n’aurait pu être accepté si les patron et titulaire avaient eu seuls l’usage de la chapelle et le droit de la tenir fermée."

Etant donné que les descendants de la famille de Brouïlle prétendent que la chapelle Saint Jérôme leur appartient en propriété pour avoir été dotée et construite par leurs ancêtres sur leur propre fond, les curé, intendant et marguilliers déposent à leur tour une requête, le 17 février 1746, dont la teneur suit: "Au moyen de ce qu’on a recouvré le titre par lequel il est au contraire justifié que le terrain de tout le collatéral tant du choeur que de la nef où il a été érigé différents autels et différentes chapelles et entre autre celle sous l’invocation de Saint Jérôme tenante à la sacristie a été concédée par le service du chapitre le 29 avril 1496. A la présente supplique des marguilliers et paroissiens de Saint Pierre pour l’agrandissement de leur église très insuffisante pour tous ceux qui par piété et par devoir voulaient assister au service que cette concession a été faite à charge de faire et parfaire l’accru et ampliation de l’édifice dans quatre ans; attendu encore le fait certain que cette ampliation a été exécutée, ce qui est visible, que le gros mur servant de clôture à la sacristie et à l’endroit de ladite chapelle a été construit en même temps ainsi qu’il résulte des liaisons et qu’il est marqué qu’au temps de l’érection de ladite chapelle un titre qu’on date du mois d’août 1510 le terrain ..... était incorporé à l’église. Au moyen de ce que la paroisse a toujours supporté les charges de propriétaire par l’entretien de la couverture et du corps du bâtiment ..... de la chapelle dans toutes les occupations qui se sont présentées soit pour y placer les livres et ornements de l’église dans les coffres et armoires qui y étaient avant que la sacristie ait été agrandie soit en y acceptent et acquittant sans l’aveu du titulaire ou présentateur les fondations qui doivent s’exécuter et s’exécutent en ladite chapelle depuis plus de cent ans , soit enfin de l’occupation par les paroissiens sans avoir égard aux qualités prétentions et demandes non justifiées au désir des ordonnances maintenu et garder les dits sieurs curé intendants et marguilliers dans la possession d’user du terrain de la chapelle pour l’acquit des messes et prières dont le titulaire est chargé, ni le banc ou deux bancs jusqu’à la concurrence de six places pour celui qui se justifiera présentateur et pour sa famille en cas que le droit subsiste et attendu que depuis environ six semaines les demandeurs ont fait mettre dans ladite chapelle dis sièges contenant environ 40 places et qui empêchent qu’on ne puisse approcher l’autel y célébrer la messe et acquitter les fondations suivant l’usage et qui ferment l’entrée au confessionnal , de les condamner à les faire enlever à l’exception de deux pour le présentateur et sa famille sinon permettre de les faire enlever de condamner les demandeurs au dépens".

La famille Thibault répond à cette requête en mars suivant en tentant de prouver son bon droit en ce sens:

" 1° parce que la chapelle en question est à patronage laïque suivant le titre de fondation du 25 août 1510 dont ils offraient de montrer aux gens du roi une copie sans déroger à leur action possessoire de même que quantité d’actes des présentations faites par leurs ancêtres",

"2° que suivant l’énonciation portée audit acte de fondation la chapelle en question a été bâtie érigée et édifiée aux frais d’Ancelme de Récourt et de Bonne de Brouïlle que si on n’est pas en état de représenter une expédition en forme de titre de fondation c’est pourquoi le registre du chapitre dans lequel il a été transmis lors de l’homologation donnée par les sieurs du chapitre se trouve perdu ou supprimé à leur préjudice.

3° que cette fondation aux frais d’Ancelme de Récourt et Bonne de Brouïlle doit être d’autant présumée que la chapelle se trouve érigée en un terrain donné à la paroisse pour l’ampliation de l’église lequel est à présumer que la paroisse ne se trouvant pas en état de faire toute la dépense a rétrocédé parties du terrain pour y construire la chapelle qu’on entendait fonder et doter.

4° que ce qui fortifie et soutient ces présomptions ce sont les signes et les mouvements visibles qui sont les armes d’Ancelme de Récourt et de Bonne de Brouïlle aux deux clefs de la voûte, les mêmes armoiries à la sculpture qui est au dessus de l’autel, les armoiries aux vitraux avec cette inscription , anceau de Récourt et Bonne de Brouïlle fondateurs de cette chapelle ont fait cette verrière 1514. Le grillage de fer qui entourait cette chapelle avec les mêmes armoiries au grillage , la porte pratiquée dans ce grillage , le droit de sépulture dans cette chapelle sans aucune rétribution à la fabrique". A cela les sieurs Thibault et de Tornay ajoutent que le fait que la fabrique n’a jamais concédé de banc ni de siège dans la chapelle alors qu’elle les concède dans tout le reste de l’église, et que le fait que ce soit son principal revenu, prouve qu’il s’agit bien là d’une possession immémoriale particulière et exclusive. De même Ils reprennent les demandes figurant dans le procès verbal de l’archidiacre où les religieux demandent le droit "de placer un confessionnal dans ladite chapelle d’y concéder des bancs au profit de la fabrique de détruire le grillage" qui cause une disgrâce. Tous ces travaux auraient pu se faire si cette chapelle avait appartenu à l’église et si les défendeurs (Curé, intendant et marguilliers) avaient été en possession d’en user comme d’un terrain de l’édifice. Ils ont par ailleurs fait savoir que le consentement donné les 21 mai et 9 juin 1745 l’avait été par pur respect et considération ainsi que pour la décoration de l’église; et qu’ils consentaient à la destruction du grillage par la fabrique "à condition de lever un mur en parpinot avec entablement et d’y placer une porte de fer fermant à clef mettre les vitraux et verre blanc rétablir les armoiries et blanchir la chapelle". Et à ces conditions seulement.

A leur tour, les curé intendants et marguilliers présentent leurs arguments qui consistent en ce que:

- les droits et places dans les églises sont comparés aux bénéfices où la possession est inutile sans titre et qu’on ne doit pas considérer l’action comme purement possessoire

- et que suivant l’analyse que les héritiers de Brouïlle font de l’acte de fondation du 25 août 1510 "auquel on n’ose faire voir le jour" , il n’est rien prouvé, sinon que Bonne de Brouïlle a donné une maison et 300 livres d’argent pour les rétributions des services à faire en la chapelle Saint Jérôme, et dont l’ecclésiastique qui sera choisi par elle ou ses descendants aura la charge. Ceci ne représentant "qu’un patronage imparfait", et que toutes les prérogatives réservées par des actes se limitent au droit de présentation à l’exclusion de tout autre, parce que si on y eut apposé la condition que Bonne de Brouïlle et ses descendants pouvaient jouir du terrain de cette chapelle, il n’est pas certain que cela eut été accepté puisque la paroisse et l’église ne tirent aucun avantage de cette fondation.

- que cette copie de l’acte de fondation ne forme aucune preuve puisqu’il est seulement mentionné que cette chapelle a été construite aux frais d’Ancelme de Récourt et de Bonne de Brouïlle. Et ceci dans un acte non contradictoire "parce qu’il en existe un contraire en ce que cette chapelle est renfermée dans le gros mur de l’église dont les liaisons annoncent que tout ce gros mur a été fait en même temps et par le même ouvrier , que les conditions du don fait à la paroisse par le chapitre en 1496 sont censées avoir été exécutées et par conséquence que le gros mur qui devait réunir le terrain donné était élevé depuis plus de dix ans , que cela se prouve encore par l’uniformité des cintres de la voûte et des arc doubleaux qui se soutiennent mutuellement et sont comme enchâssés. Encore que si cette énonciation présentait quelque chose de sérieux ce serait en plus qu’Ancelme de Récourt et Bonne de Brouïlle ont orné l’intérieur de ce terrain pour y faire une chapelle que l’inscription aux vitraux qui porte Noble homme Anceau de Récourt et Bonne de Brouïlle sa femme fondateurs de cette chapelle ont fait cette verrière 1514, en une preuve négative parce que si ils annoncent au public qu’ils ont fait faire le vitrail qui est le dernier ouvrage d’un bâtiment, ils n’auraient pas négligé d’annoncer d’autres dépenses s’ils en eussent faites." Ils pensent que Bonne de Brouïlle devenue veuve n’a pas voulu être aussi généreuse car elle s’est réservé le droit de choisir par elle ou ses descendants l’ecclésiastique qui en profiterait, et aucun autre droit. Donc que "c’est surabondamment que l’église qui ne tire aucun avantage de cette libéralité offre six places en cette chapelle pour le présentateur et sa famille qui est la même prérogative qu’au patron d’une église qui a donné le fond bâti et doté cette église; que si Bonne de Brouïlle eut apposé des charges et conditions plus onéreuses à cette libéralité il n’est pas à présumer que le chapitre qui lors était curé de cette paroisse les eut acceptées. Et en ce cas Bonne de Brouïlle aurait gardé sa maison et ses 300 livres".

- concernant les signes et monuments visibles les curé intendant et marguilliers ont dit qu’à la vérité s’il y a des armoiries gravées sur du bois et attachées aux clefs des voûtes. Elles ne leur semblent pas être celles d’Anselme de Récourt, "qui était un marchand ainsi que l’annonce la conclusion du chapitre du 25 août 1510, que n’étant que plaquées et non gravées sur la pierre servant de clef, cela prouve qu’elles n’ont été mises que postérieurement à la construction du lieu que dans le mur collatéral il y a deux autres voûtes ou il y a des armoiries gravée sur la pierre servant de clef, ce qu’on présume avoir été fait en reconnaissance des libéralités exercées hors dudit bâtiment par ceux qui portaient lesdites armes mais qui n’en tirent aucune charge sur l’église , qu’il y a aussi des armoiries dans une sculpture champêtre au dessus de l’autel qui ne sont pas plus connues et qu’on présume être celles de celui qui a fait faire ce léger ornement".

- Pour le grillage ils ont convenu qu’il y en avait un entourant cette chapelle, mais que cela ne prouvait rien parce que toutes les autres chapelles de l’église étaient aussi autrefois fermées de grillages et que c’était considéré comme ornement alors qu’à présent c’est une difformité. "Que si on a laissé subsister celui de Saint Jérôme plus longtemps que les autres , c’est que cette chapelle voisine de la sacristie servait à resserrer les livres , ornements et papiers de l’église dans les coffres et armoires qui y étaient placées mais que la sacristie ayant été agrandie , ce secours était devenu inutile, que y ayant un grillage il fallait qu’il y eut une porte pour y entrer mais que jamais le présentateur ni le patron ne l’ont tenue fermée et que si quelquefois elle a été fermée ça a été par les soins du sacristain pour la sureté des ornements de l’église qui y étaient renfermés".

- Les religieux ont par ailleurs convenu que la plupart des ancêtres des demandeurs y sont inhumés, mais avancent pour leur défense qu’aucun caveau n’indique que cette sépulture est particulière à cette famille; qu’il n’y sont inhumés "qu’en payant reconnaissance à la fabrique", et arguent pour preuve que le sieur Thibault (116298) conseiller, l’un des demandeurs, étant marguillier en 1737 "avait reçu le droit de reconnaissance de sépulture de M.Milleton, conseiller, mari de dame Catherine Thibault aussi demanderesse et que ce droit de reconnaissance était compris dans le compte rendu par M.Thibault de sa recette". Il a encore été avancé que selon l’inscription d’une tombe, un étranger y est inhumé.

- Par ailleurs les religieux et civils chargés de l’administration de l’église ont dit que les demandeurs ne se sont pas rendus à l'invitation faite en public, aux paroissiens, de présenter les titres des droits et prérogatives qu’ils détenaient dans l’église afin de les conserver, et ainsi pouvoir dire que le terrain de Saint Jérôme leur appartenait, et qu’eux seuls pouvaient en disposer. Brillant par leur absence, ils furent donc invités à justifier de ce droit, ce qu’ils refusèrent de faire; M.Thibault se contentant "d’exhiber au sieur curé un papier informe sans signature qui était copie d’un traité prétendu fait l’an 1680 par lequel sur les plaintes faites par un patron de cette chapelle de ce que la fabrique y avait concédé quelques places les curé intendant marguilliers et paroissiens assemblés reconnurent que ces concessions avaient été mal à propos faites et qu’au seul patron appartenait le droit d’en disposer que cette exhibition faite de la part du sieur Thibault conseiller ancien marguillier et intendant actuel de la paroisse qui annonçait que l’original était entre les mains du sieur de Tornay les intrigua qu’ils firent inutilement chercher le double dans les papiers de l’église et qu’on refusa de représenter l’original de cette copie imaginaire que par la qualité de la personne qui représentait cette copie on ne ferait qu’en penser que ce fut dans ces circonstances qu’ils saisirent l’occasion de la visite du sieur archidiacre pour lui faire leurs représentations sur l’usage qu’on voulait faire du terrain de la chapelle et des contrariétés qui s’y rencontraient" et que sur le procès verbal de l’archidiacre, il ressort que l’évêque reconnait que l’usage qui devait être fait de cette partie de l’église était "très décente et très convenable au bien de l’église et de la paroisse, mais qu’il ne voulait pas l’autoriser au préjudice du droit d’autrui, pourquoi il ordonna que les représentations seraient communiquées aux patron et titulaire pour y répondre dans la quinzaine". Mais aussi que cette démarche n’était pas faite pour obliger les patrons et titulaire de soumettre leurs droits à la juridiction de Mgr l’Evêque qui n’est pas compétent à cet effet, mais que le recours au prélat l’était par voie de conciliation en espérant "que par respect et par déférence pour son ordonnance on communiquerait les titres qui justifient l’étendue du droit et qu’on prendrait de l’arrangement qui sans blesser les droits acquis satisferaient aux besoins de l’église qu’ils n’ignoraient pas qu’ils pouvaient faire d’eux même ce qu’ils demandaient être ordonné, mais que leur intention était de mettre de notables paroissiens dans leurs torts ou de ne pas s’exposer à leur en faire". Et, pensant que le droit des demandeurs était peu fondé, ils ont fait effectuer les travaux en respectant ce qui était prévu pour la décoration de l’église.

- Concernant l’indivisibilité des conditions demandées les 21 mai et 9 juin, les religieux ont répondu qu’ils n’avaient pas détruit le grillage pour respecter les dites conditions, mais prétendent avoir eu le droit de changer "ce qui conviendrait pour l’ornement et l’utilité de l’église" et que si les héritiers de Brouïlle n’avaient pas le droit d'empêcher ces changements ils n’avaient pas plus celui de poser "des conditions au consentement qu’ils donnaient à ce changement".

- Les curé, intendant et marguillier se sont contentés de démentir la possession particulière et exclusive de la chapelle sans toutefois pouvoir prouver que la fabrique n’ait jamais concédé de places. Ils ont cependant dit que le terrain faisait partie de l’église; et donc appartient de droit commun à la fabrique et aux paroissiens suite au don de ces derniers dudit terrain, au chapitre en 1496. Que la paroisse a toujours utilisé librement le terrain comme étant partie intégrante de l’église puisque l’entrée en a toujours été libre aussi bien pour y dire la messe que pour les paroissiens qui pouvaient s’y placer pendant les offices alors que les demandeurs étaient assis ailleurs. La fabrique ayant toujours entretenu le terrain comme faisant corps avec l’église, et le curé et la fabrique ayant accepté librement et sans l’autorisation des patron et titulaire différentes fondations, et ce depuis plus d’un siècle, les fabriciens estiment que ceci "n’aurait pu être fait si la chapelle eut été particulière, que cette chapelle pouvait contenir des bancs pour 45 personnes si les demandeurs avaient seuls les droits de les occuper ils n’auraient pas eu besoin d'acquérir plus de 20 autres places ailleurs; qu’on ne sait pas si la fabrique n’a jamais concédé de places en ce terrain parce qu’on n’a pas gardé de registre des concessions, mais que cela a pu arriver parce qu’elle servait de secours à la sacristie trop peu étendue et parce que cet endroit était très humide et très obscur avant la réparation, mais que c’était un terrain commun ou les premiers venus se plaçaient comme autrefois dans toutes les églises et que les demandeurs se plaçaient ailleurs".

Sur ces affirmations et contestations, une sentence a été rendue le 30 mars 1746 dans laquelle les demandeurs sont confirmés dans leur droit de "jouir seuls et à l’exclusion de tous autres de tous les bancs et sièges de la dite chapelle" et en conséquence ordonne que dans les vingt quatre heures les curé intendant et marguilliers enlèvent ou fassent enlever le confessionnal qu’ils ont placé dans la chapelle. A défaut, permet aux demandeurs de le faire enlever aux frais des sieurs curé qui sont en outre condamnés "de faire incessamment construire une porte de fer fermant à clef à l’endroit où il y en avait une ci devant à remettre ou à faire remettre dans les nouvelles vitres les inscriptions qui étaient dans les anciennes", les condamne aux dépens et ordonne que la sentence soit exécutée nonobstant opposition ou appel. L’affaire était extrêmement intéressante et pour la famille et pour l’église, où il devenait difficile d’avoir des places. C’est la raison pour laquelle les curé et fabriciens ont interrogé le Conseil afin de savoir s’il était possible d’obtenir un jugement favorable en appel.

Dans l’état actuel des recherches il est impossible de savoir si appel il y eut, ni même si les décisions du jugement ont été appliquées. On peut d’ailleurs avoir un doute. En effet, l’inventaire des différentes chapelles effectué peu avant la destruction de l’église ne mentionne pas d’inscriptions sur les vitraux. Ni même l’acte du 16 mars 1764, dressé par Maîtres Dubois et Royer notaires royaux à Langres: "Nicolas Thibault, Conseiller du Roy juge magistrat vétéran au bailliage et siège présidial de Langres et ancien maire, lieutenant à la garde des clefs de ladite ville y demeurant rue Boivin paroisse St Pierre St Paul" leur a fait constater "en la chapelle Saint Jérôme fondée par ses ancêtres érigée et desservie en ladite église St Pierre St Paul. Et là il nous a représenté la copie des épitaphes inscription armoiries et noms de familles, contenus dans le dessein d’autrefois à l’effet par nous d’en vérifier la conformité avec l’original dont l’architecture se trouve en relief de pierre blanche le milieu en marbre noir avec les lettres d’or, le tout appliqué au mur de ladite chapelle en face de l’autel d’Icelle et au dessus du banc patronal". Conformité qu’on reconnu les notaires par acte signé par toutes les parties, contresigné le 17 mars 1764 par Sébastien Marc Plivard lieutenant particulier au bailliage et présidial de Langres qui a certifié la profession des notaires impliqués.

 

 

LE COLLATEUR ET LES BENEFICIAIRES

En 1510, Bonne de Brouïlle désigne comme premier bénéficiaire de la chapelle Saint Jérôme son fils, Prudent de Récourt né en 1473, chanoine de Langres et trésorier. Lorsque celui ci décède, le patronage passa dans la lignée féminine à travers Jeanne de Récourt épouse de Gilles Thibault (1), aînée des filles d’Anceau de Récourt et de Bonne de Brouïlle. C’est ainsi que le bénéfice quitta définitivement la famille de Récourt pour appartenir désormais aux Thibault. Le premier chapelain de ce nom que l’on trouve est Antoine Thibault (11148), baptisé à Langres Saint Pierre Saint Paul le 9 octobre 1600, prêtre vers 1630, curé de Saint Pierre Saint Paul en 1643, gardien des reliques en 1651. Chanoine de Langres (1639-1676), il résigne à Richard Profillet son neveu et fonde en 1677 la fête de Saint Thibaut à la Cathédrale de Langres. Antoine Thibault décède le 6 décembre 1677 et lègue sa bibliothèque au chapitre de Langres pour fonder son anniversaire. Le bénéfice de la chapelle Saint Jérôme devenant vacant. Il convient donc de pourvoir rapidement à la nomination d’un nouveau chapelain.

Le 7 décembre 1677, Philippe Thibault (111468), avocat âgé de 30 ans, présente Richard Profillet, chanoine.

Le 16 décembre 1677, Nicolas Thibault (11162), docteur en médecine âgé de 80 ans, présente Gabriel Thibault (11162c) comme chapelain; mais ce dernier décède le 17 septembre 1678.

En février 1678, Denis Profillet, fils de Rémonde Thibault (11145), âgé de 50 ans, a présenté Nicolas Profillet son fils.

En janvier 1678, Guillemette Thibault (111462), 45 ans mariée à Gilles Petit, présente Claude Pousset, chanoine en l’église royale du Mans. Mais le 23 février 1678, son époux Gilles Petit lui envoie une lettre depuis Paris la priant de nommer le fils de M. de Montauban, avocat. Ce qui fut fait.

Le 15 octobre 1678, Nicolas Thibault(11162), présente Nicolas Thibault (11162d), son fils.

Les différentes branches de la famille Thibault ayant présenté un candidat et la situation familiale devenant conflictuelle, en mai 1679, Richard Profillet et Nicolas Thibault intentent une action devant le bailli de Langres. Philippe Thibault, avocat, qui a présenté Richard Profillet, à requis le renvoi de ladite instance aux requêtes du palais. Guillemette Thibault et Denis Profillet ne paraissent pas.

S’ensuit l’extrait du titre de fondation du 25 août 1510 "CUJUS QUIDEM CAPELLAE PRESENTATIS AD CANDEM , BONAM DE BROUILLE QUSAD VIXERII ET POST EJUS DEUXUM AD ANTIQUIOREM EX SUIS LIBERI MASCULIS , ET LIBERORUM CORUMDEM FILIUM MASCULUM ANTIQUIOREM ET FIC CONSEQUENTER QUANDIS MASCULI EX SUO PROGINIE EXTETERINE, IPSIRO DEFICIENTIBUS AD FEMELLAM ANTIQUIOREM IPSARUM".

Nicolas Thibault (11162), docteur en médecine, prétend que le droit de présenter lui appartient à l’exclusion de tous les autres qui ont présenté par la considération "d’autres prérogatives qui se rencontrent en sa personne, l’une du degré comme plus proche d’un degré de la fondatrice que tous les autres qui ont présenté depuis le décès d’Antoine Thibault, l’autre de l’âge parce qu’il épousa la plus ancienne de toutes les descendantes de la fondatrice.

Philippe Thibault (111468), avocat, prétend que ce droit lui appartient parce qu’il est petit fils de Philippe Thibault (1114) juge en la mairie et dernier présentateur.

Guillemette Thibault (111462) le prétend à l’exclusion dudit Philippe Thibault (111468) comme "plus ancienne, sans avoir égard à la masculinité qui n’a du être considérée qu’à la famille des Récourt portant le nom".

Denis Profillet entend supplanter Philippe Thibault (111468) et Guillemette Thibault (111462) parce qu’il est fils de l’aînée (11145) du dernier présentateur (1114), et plus âgé (50 ans) que ledit Philippe Thibault avocat (30 ans), et que ladite Guillemette Thibault (45 ans) et il prétend l’emporter sur Messire Nicolas Thibault (11162) docteur en médecine, parce qu’il est descendu de Philippe Thibault (1114) juge à la mairie dernier présentateur.

S’ensuit la consultation des sieurs Monette et Pachot avocats de Paris. Ayant vu la clause du titre de la fondation du 15 août 1510, ceux-ci estiment "que la ligne des enfants mâles ayant manqué et le patronage étant tombé à la ligne de la fille de la fondatrice, l’exercice en appartient à celui des descendants de la fille qui est le plus âgé parce que la fondatrice n’a pas désiré ce patronage selon l’ordre de succession mais elle l’a expressément offert ad antiquiorem qui signifie le plus âgé". Délibéré à Paris le 11 mai 1678. signé Monnet et Pachot.

Si l’on s’en tient à cette conclusion, Nicolas Thibault (11162) âgé d’environ 80 ans est en droit de désigner le chapelain de Saint Jérôme. Pour étayer cette thèse, ce dernier fait appel à son beau frère Gabriel Bocquin, avocat, qui donne les conclusions suivantes le 10 mai 1679: "Le soussigné estime que les deux prérogatives du degré et de l’âge qui se rencontrent en la personne de Messire Nicolas Thibault docteur en médecine font que le droit de présenter à la chapelle Saint Jérôme ne lui peut être contesté par les autres présentateurs qui sont plus éloignés d’un degré de la fondatrice et moins âgés que ledit sieur Thibault docteur en médecine quoiqu’ils soient descendants de messire Philippe Thibault juge à la mairie dernier présentateur et que le sieur Thibault docteur en médecine n’en soit pas descendu, la raison est que ce droit de présenter est un droit que les descendants de ladite Bonne de Brouïlle fondatrice tiennent du bénéfice de ladite fondation et non du bénéfice dudit présentateur, et comme par le titre de la fondation il parait que la fondatrice a primitivement considéré la proximité du degré en préférant ses enfants aux enfants de ses enfants , il parait aussi que dans ses enfants et les enfants de ses enfants descendants de sa personne, elle a toujours préféré le plus âgé au plus jeune, et l’une et l’autre de ces prérogatives se rencontrant en la personne du sieur Thibault docteur en médecine le droit de présenter lui appartient incontestablement".

Il est vrai que suivant les dispositions du droit canon le droit de patronage doit revenir à tous les héritiers du fondateur, que ce droit est indivisible et appartient à chacun desdits héritiers pour le tout et qu’ils doivent s’entendre pour nommer tous ensemble ou alternativement et, en cas de partage, celui qui a le plus de voix et de mérite doit l’emporter. Si bien que l’opinion la plus répandue veut que les voix doivent se compter par souches et non par têtes.

C’est pour éviter cet inconvénient que plusieurs fondateurs ont par les titres de leurs fondations affecté ce droit de patronage à quelques uns de leurs héritiers à l’exclusion des autres. Ceci est conforme à la disposition du droit civil, qui permettait aux patrons de donner par dévolution leurs biens à l’un de leurs enfants à l’exclusion des autres. Certains fondateurs ont voulu attacher ce droit à leurs fiefs et seigneuries, d’autres ont voulu donner la préférence aux hommes sur les femmes; d’autres, aux aînés sur les cadets. D’autres enfin ont voulu considérer l’âge le plus avancé parmi leurs héritiers et leurs descendants. Bonne de Brouïlle, fondatrice, a retenu la proximité du degré, puis l’âge, et enfin la masculinité dans les enfants et dans leurs descendants, et à défaut de lignée mâle elle a voulu considérer la prérogative du degré et de l’âge dans la lignée des filles et de leurs descendants et ipsis deficientibus masculis ad femellas et antiquiorem ipsarum.

A priori, Bonne de Brouïlle n’a pas voulu retenir uniquement la prérogative de l’âge, sans prendre en considération celle du droit d’aînesse de leur père, en attribuant ce droit au plus ancien des enfants de tous ses enfants et non au plus ancien de son aîné. Et pour faire voir qu’elle n’a pas voulu attribuer ce droit incommutablement à la famille de son aîné, elle a aussi voulu faire passer ce droit de la lignée du plus ancien aux enfants mâles des autres lignes, à l’exclusion des filles, et a voulu aussi faire passer ce même droit d’une lignée à une autre par préférence du fils le plus âgé parmi les enfants de tous les enfants. De sorte que la masculinité et l’ancienneté sont les deux qualités nécessaires auxquelles la fondatrice a affecté le droit de patronage de la chapelle. Si l’une ou l’autre qualités ne se retrouvent pas dans la progéniture de l’aîné, ce droit doit passer à celui du puisné ou à un autre jusqu’à la personne dans laquelle l’une ou l’autre de ces conditions se rencontrent.

La fondatrice a-t-elle voulu faire quelque justice à tous ses enfants en leur faisant espérer une possible participation à ce bénéfice ? Il est vrai que selon les dispositions du droit canon il devait appartenir à tous in solidum. Cette clause n’en était pas moins judicieuse puisque conforme à l’équité, étant donné que d’un côté elle a anticipé toutes les difficultés qui pouvaient naître de la multitude de ses descendants en attribuant ce droit à l’un d’eux à l’exclusion des autres. Et que d’un autre côté elle a voulu que ce même droit puisse passer de l’un de ses héritiers à l’autre par la considération de la masculinité et du plus grand âge. Cette préférence qu’elle a donné à l’âge n’est pas moins importante que celle de la masculinité, puisque la plupart des lois de l’époque apportent des prérogatives d’honneur aux personnes qui ont celle de l’âge. Les personnes âgées ont toujours été considérées au cours des siècles et dans toutes les nations. Qui plus est en matière d’élection et de présentation de personnes capables de servir l’Eglise, parce que la prudence qui est nécessaire pour faire le bon choix est l’apanage des personnes avancées dans l’âge. L’usage du diocèse est tel que le plus ancien l’emporte sur celui qui est le plus jeune quoi qu’il soit descendu de celui qui a le dernier présenté.

Il est impossible de dire combien de temps durèrent les " hostilités " entre les différents membres de la famille Thibault, ni quelles furent les suites judiciaires. Toujours est-il que le 24 février 1685, Philippe (111468) et Nicolas (11162) Thibault se mirent d’accord pour nommer conjointement le chapelain de Saint Jérôme. Ni Richard Profillet, ni Nicolas Thibault (11162d) n’eurent ce bénéfice. Le premier avait résigné dès 1682 à son neveu et était décédé depuis trois mois, et le second qui était à Paris n’était pas en religion. Il semble que ce soit Hubert Thibault (11162e) qui occupa cette fonction jusqu’à sa mort en 1711 avant d’être remplacé par Jean Hubert Thibault (1116299) qui en est chapelain en 1746, et ce jusqu’à son décès en 1761. D’Hozier dans son certificat d’anoblissement nous donne la réponse quant au droit de présentation: "Nous Louis Pierre d’Hozier Chevallier, Conseiller du Roy en ses conseils, Juge d’Armes de la Noblesse de France. Certifions que noble Nicolas Thibault (1116298) Conseiller honoraire, Juge Magistrat au Bailliage & siège Présidial de Langres est fils de noble Sébastien Thibault (111629) & Delle Catherine Myon, et petit fils de noble Nicolas Thibault (11162) et de Damelle Claire Bocquin mariés par contrat du six Août mil six cent quarante trois; et que cette branche de Thibault établie à Langres depuis plus de trois siècles, est incontestablement de la même famille que Philippes Thibault (111468) Ecuyer, Ecuyer de la Grande Ecurie du Roy, ainsi que le prouvent différens actes qui nous ont été représentés en originaux, passés tant entre ledit Philippes Thibault Ecuyer et noble Nicolas Thibault ayeul dudit Nicolas Thibault Conseiller, qu’entre Thomas Thibault (1114683) Ecuyer Lieutenant particulier audit Bailliage & Présidial de Langres, fils du dit Philippes (111468) et noble Sébastien Thibault (111629) et Hubert Thibault (1116299) Chevalier de St Lazare, père et frère dudit Nicolas Thibault (1116298) Conseiller, au sujet du patronage de la Chapelle St Jérome fondée en l’Eglise St Pierre & St Paul de Langres le vingt cinq Août mil cinq cent dix par Anne de Brouïlle , veuve d’Anceau de Récourt, par lesquels actes il est unanimement reconnu que ledit Nicolas Thibault 1er du nom ayeul du dit noble Nicolas Thibault Conseiller étant de même famille que ledit Philippes Thibault Ecuyer , Ecuyer de la Grande Ecurie du Roy, il descendoit ainsi que lui de la Fondatrice; mais que le droit de présentation de ladite chapelle appartenoit comme aîné de la famille, audit Philippes Thibault (111468), qui en conséquence y nomma et présenta sa nomination au Chapitre le vingt quatre Février mil six cent quatre vingt cinq , comme fils aîné de Philippes Thibault (11146) IIIème du nom Ecuyer, fils aîné d’autre noble Philippes Thibault (1114) IIème du nom, qui étoit fils aîné de noble Denis Thibault (111), et ledit Denis fils aîné de Philippes Thibault (11) Ecuyer 1er du nom, ce dernier fils aîné de Gilles Thibault (1) Ecuyer & de damoiselle Jeanne de Récourt, fille dudit Anceau de Récourt et de laditte Bonne de Brouïlle fondatrice; Et ce qui prouve encore invinciblement que noble Nicolas Thibault IIème du nom Conseiller est de la même famille que Philippes Thibault Ecuyer, c’est que le dit noble Nicolas Thibault (1116298) Conseiller a nommé et présenté à ladite Chapelle St Jérome , vacante par le décès de noble Hubert Thibault son frère, M.Jean François Charles son Neveu, Prêtre Chanoine de l’Eglise de Langres par acte reçu du Bois Notaire Apostolique du vingt deux Novembre mil sept cent soixante et un, sur laquelle présentation il a obtenu des provisions du Chapitre le vingt trois du dit mois : cette présentation prouve aussi que la branche dudit Philippes Thibault qui étoit l’aînée n’existe plus, et que ledit Nicolas Thibault descend comme ledit Philippes de Gilles Thibault & de Jeannne de Récourt, fille de la dite de Brouïlle fondatrice.

Certifions de plus que Philippes Thibault sixième Ayeul dudit Nicolas Thibault Conseiller honoraire, étoit Lieutenant général à Langres en l’année mil quatre cent quatre vingt un et que ce fut lui qui harangua au nom de la ville Jean d’Amboise Evêque de Langres, lorsqu’il y fit son entrée, ainsi que le porte un certificat donnée le dix huit janvier mil sept cent soixante et un par les Maire, Echevins & Magistrats de cette ville, d’après la généalogie qui leur fut présentée par le dit Nicolas Thibault et qu’ils trouvèrent conforme aux annales conservés aux Archives de l’ hotel commun de la dite ville. En foi de quoi nous avons délivré le présent Certificat , auquel nous avons fait mettre l’empreinte du sceau de nos Armes, à Paris le Mardi douzième jour du mois d’Avril , de l’an mil sept cent soixante trois".

Le 22 novembre 1761 Jean François Charles est nommé chapelain de Saint Jérôme et sera le dernier titulaire de ce bénéfice qui disparaîtra avec l’Ancien Régime, tout comme la chapelle Saint Jérôme et l’église Saint Pierre Saint Paul qui seront détruites peu après la Révolution.

Le fait que le patronage de la chapelle Saint Jérôme fasse désormais partie du patrimoine de la famille Thibault leur donnait-il le droit de se l’approprier ? C’est en tout cas ce qu’ils en ont pensé en s’en servant, à la fois pour prouver leur noblesse, mais aussi en rappelant le souvenir de leur famille et de leurs alliées. C’est ainsi qu’on y trouvait l’"Epitaphe selon sa dernière volonté du seigneur Philippe THIBAULT, éminent juriste, haut et très impartial administrateur de la capitale des Lingons, remarquable par ses moeurs rigoureuses, son esprit agréable et sa piété, protecteur de la chapelle familiale. Son épouse affligée la lui a consacrée. Chaque jour du Carême elle veilla à faire allumer la lampe de cette chapelle où elle voulut que l'urne du seigneur Philippe THIBAULT qui vécut sans verser le sang fût bénie par des mains pieuses et qu'un prêtre récitât les prières pour les défunts; dotation faite à la paroisse et aux gardiennes des lieux pour l'agrément des tables votives de la donation que C.M. DU CERF, notaire royal fit graver la veille des ides de janvier l'an 1635. Le seigneur Philippe THIBAULT a été déposé dans ce tombeau du monument de ses ancêtres érigé dans ce lieu consacré, en attendant sa résurrection. Il décéda le 13 des calendes de janvier l'an l630 ayant vécu sept lustres avec bonheur". L’inscription gravée en 1635 immortalisait ainsi Philippe Thibault (1114) dans le marbre au même rang que ses ancêtres dont les blasons étaient représentés sous le sien et celui des du Fayl:

MOISSON: De sinople à trois bandes ondées d’argent au chef cousu d’azur chargé de trois étoiles d’or.

DE RECOURT: De gueules à un chevron, sommé d’une fasce haussée et accompagné de six étoiles posées 3-2 et 1.

DE BROUILLE: D’azur à trois étoiles d’argent 2 et 1 soutenues chacune d’un croissant de même.

PETIT A L’EGLAND: Ecartelé aux 1 et 4 d’azur à trois glands d’or; aux 2 et 3 d’or semé de trèfles de sable, à un lion du même lampassé et armé de gueules; et un chef de gueules chargé de trois croissants d’or.

DE GIEY: D’argent semé de trèfles de sable, à un lion de même armé et lampassé de gueules; et un chef de gueules chargé de trois croissants d’or.

PENILLOT: D’argent semé de croisettes de sable à une fasce de gueules chargé de trois croissants doubles, l’intérieur d’argent, l’extérieur d’or.

GENEVOIS: D’or à trois genévriers de sinople.

GUILLAUME: Ecartelé d’argent au lion de sable et de gueules au chevron d’or.

Il est impossible de savoir qui a fait graver ces blasons dans le marbre, mais toujours est-il qu’ils représentent la quasi totalité des quartiers de Denis Thibaut (111) sans aucun du côté de son épouse. Il faut bien dire qu’elle n’avait aucune origine noble, tout juste de petite bourgeoisie; Denis Thibaut, étant par ailleurs procureur rêvait d’accéder à la noblesse de robe. Or certaines charges de gouvernement, de justice et de finance procurent immédiatement la noblesse héréditaire à leur titulaire (grands officiers de la couronne, conseillers d'Etat, maîtres des requêtes). D'autres doivent être exercées par deux générations au moins avant d'anoblir définitivement (conseillers des cours souveraines, trésoriers de France). L'office de secrétaire du roi, dont le prix ne cesse de monter et qui confère la noblesse héréditaire au premier degré, reste la plus importante des " savonnettes à vilains ". Il est donc tout à fait logique d’en trouver un titulaire: Philippe Thibaut (111468), secrétaire du roi, au moins depuis 1692 et ce jusqu’à 1710. Tous les petits-enfants de Denis Thibaut (111), issus des différentes branches qui en descendirent prirent le qualificatif de "noble", et affirmèrent ainsi leur statut ne manquant pas de faire d’heureuses alliances dans le milieu de la magistrature. Le temps "décrassant les vilains" en effaçant les médiocrités roturières leur permettait, grâce à cette chapelle, de confirmer une noblesse à laquelle ils avaient plus ou moins dérogé de par leurs fonctions. Il faut donc fort logiquement attendre Philippe Thibaut (111468), l’année 1690, et l’acquisition d’une charge de secrétaire du roi, pour voir cette famille porter à nouveau le titre d’écuyer, premier grade de la noblesse. Elle permet enfin d'accéder plus facilement à des charges qui lui sont presque exclusivement réservées, à l'armée, à la cour, ou dans l'Église. En effet, Jean Hubert dit le chevalier Thibaut (1116299), est chevalier de Saint Lazare et du Mont Carmel. Or dans cet ordre, pour être chevalier, il fallait être catholique et noble. Il lui a donc fallu le prouver mais comme les exigences en la matière variaient, il n’est pas à exclure qu’être chapelain de la chapelle saint Jérôme (1746), sur présentation de Philippe Thibaut secrétaire du roi, et bailli d’épée de l’Evêque de Langres en 1724 suffirent à le démontrer.

En réalité, la famille Thibaut est l’exemple même de nombreuses familles de la France d’Ancien Régime, où la difficulté d'appréciation est due au caractère incomplet des sources et à la complexité de déterminer exactement la place de certains anoblis et des bourgeois en voie d'anoblissement. L’aristocratie provinciale est plus ou moins diversifiée, plus ou moins ruinée avec des périodes sombres. Le XVIIème siècle permet de revaloriser la noblesse, mais au XVIIIème il faut de plus en plus d’argent pour y entrer et accéder aux hautes charges de l'administration, de l'Église et de l'armée. Conserver l’acquis et le montrer, tel était souvent le quotidien des nobles provinciaux, dont la fortune ne permettait rien de plus. Ainsi on comprend mieux les conflits, familiaux ou avec l’Eglise, destinés à conserver des bénéfices qui leur permettait souvent de vivre chichement. Si la noblesse est héréditaire on naît plus souvent roturier, et à Langres comme ailleurs il est bien difficile de prouver avec certitude une ascendance noble, sans imperfection, et assez aisée pour être généreuse.

Didier DESNOUVAUX



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